Le Cameroun, terre coloniale
La colonisation allemande commence en 1884 avec la signature en juillet d'un traité entre les rois Bell et King Akwa et les représentants de firmes hambourgeoises, Johanness Vogt, représentant de la firme Jantsen and Thormälen et Edward S., représentant de la firme Woermann (cf Saïd Sélassié, mémoire de master en histoire). Le protectorat s'étend du lac Tchad au nord aux rives de la Sangha au sud-est. La ville de Buéa au pied du mont Cameroun en devient la capitale avant d'être destituée au profit de Douala en 1908. En 1911, un accord franco-allemand étend les possessions allemandes à certains territoires de l'Afrique Équatoriale française. De grandes compagnies commerciales allemandes (Woermann, Jantzen und Thoermalen) et compagnies concessionnaires (Sudkamerun Gesellschaft, Nord-West Kamerun Gesellschaft) se sont implantées dans la colonie.
Après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle le Cameroun est conquis par les forces franco-britanniques, la colonie allemande est partagée en deux territoires confiés à la France (pour les quatre-cinquièmes), et le restant au Royaume-Uni par des mandats de la Société des Nations (SDN) en 1922. L'administration française, réticente à rétrocéder aux compagnies allemandes leurs possessions d'avant guerre, en réattribue certaines à des compagnies françaises. C'est notamment le cas pour la Société financière des caoutchoucs, qui obtient des plantations mises en exploitation pendant la période allemande et devient la plus grande entreprise du Cameroun sous mandat français. Des routes sont construites pour relier les principales villes entre elles, ainsi que diverses infrastructures telles que ponts et aéroports. La ligne de chemin de fer Douala-Yaoundé, commencée sous le régime allemand, est achevée. Des milliers d'ouvriers sont déportés de force vers ce chantier pour y travailler cinquante-quatre heures par semaine. Les ouvriers souffrent également du manque de nourriture et de la présence massive de moustiques. En 1925, le taux de mortalité sur le chantier s'élève à 61,7 %.
Le film, s’inscrit dans la controverse qui opposait depuis plusieurs années Français et Allemands quant aux méthodes prophylactiques adoptées par la France depuis l’instauration de son mandat au Cameroun (l’Allemagne ayant perdu le Cameroun à la suite de sa défaite lors de la Première Guerre Mondiale).
Alfred Chaumel et le cinéma colonial
Alfred Chaumel a tourné des images sur le continent africain qui lui ont permis d'aboutir à plusieurs documentaires. En 1930, sur l’Algérie, à l’occasion du centenaire de l’Algérie française, puis, au moins deux documentaires sur la maladie du sommeil qui sévit au Cameroun. L’un muet, plutôt destiné aux spécialistes et le second, le réveil d’une race, sonore, destiné au grand public et aux écoles. Difficile de savoir si le film étudié est l’un ou l’autre ou si c’est un mélange des deux. Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que ce film centré sur la mission Jamot fut diffusé ultérieurement. On sait toutefois qu’il a été diffusé dans une version muette à Paris en 1930. Les deux films cités plus haut ont, quant à eux, été diffusés en 1931 à l’exposition coloniale de Vincennes. Le second étant rediffusé en 1933 à Paris et dans différentes écoles. Les diffusions étaient assurées par des camions de visionnage ou alors dans les cinémas dont le développement était en plein essor à l’époque. Le but étant de familiariser la population et la jeunesse à l’idée d’un Empire colonial français. Qu’il travaille sur l’esthétique de l’ailleurs ou sur l’appel à la sensibilité, voire à la pitié, le documentaire colonial exaltait le sentiment d’appartenance à l’Empire. La mission Jamot débute en 1926, le pic de son action se situe en 1927-1928. Lors de la diffusion de ces films documentaires, le docteur Jamot était dans la tourmente. Alors qu’il paraissait être en route pour le prix Nobel, une enquête est ouverte à l’encontre du docteur Jamot, suite à un surdosage prescrit par un de ses médecins au Cameroun. La réputation du docteur Jamot n’y survivra pas et ce dernier mourut en 1937 d’une attaque cérébrale. Alfred Chaumel, colonialiste convaincu et admirateur de ces personnages pionniers du monde colonial comme le docteur Jamot, tente à travers ses documentaires, de rétablir la figure de Jamot.