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Retour au restaurant du début. Gros plan sur les musiciens qui jouent de façon animée. Les jeunes femmes sont désormais assises à la table des deux hommes. Les quatre personnages quittent le restaurant ensemble. Ici, la prostitution est présentée sous un aspect "glamour" : une rencontre joyeuse dans un restaurant animé entre des jeunes femmes élégamment vêtues et des hommes qui semblent avoir les moyens. Mais au lieu de montrer la réalité de la transaction commerciale entre ces personnes, c'est le retour sur Varvara et Vassily qui va donner au spectateur la clé d'une situation qui ne lui apparaît peut-être pas encore très clairement. <br /> | Retour au restaurant du début. Gros plan sur les musiciens qui jouent de façon animée. Les jeunes femmes sont désormais assises à la table des deux hommes. Les quatre personnages quittent le restaurant ensemble. Ici, la prostitution est présentée sous un aspect "glamour" : une rencontre joyeuse dans un restaurant animé entre des jeunes femmes élégamment vêtues et des hommes qui semblent avoir les moyens. Mais au lieu de montrer la réalité de la transaction commerciale entre ces personnes, c'est le retour sur Varvara et Vassily qui va donner au spectateur la clé d'une situation qui ne lui apparaît peut-être pas encore très clairement. <br /> | ||
Varvara retourne chez elle car les deux compères ont entendu du bruit : c'est la nièce de Varvara, Lyuba, qui rentre à la maison. Vassily vient à sa rencontre et l'accompagne jusqu'à la porte de son appartement. Il lui adresse un sourire qui se veut aimable tandis qu'elle le regarde d'un air surpris et apeuré. <br /> | Varvara retourne chez elle car les deux compères ont entendu du bruit : c'est la nièce de Varvara, Lyuba, qui rentre à la maison. Vassily vient à sa rencontre et l'accompagne jusqu'à la porte de son appartement. Il lui adresse un sourire qui se veut aimable tandis qu'elle le regarde d'un air surpris et apeuré. <br /> | ||
Varvara met en œuvre le stratagème convenu avec Vassily : elle reproche à Lyuba d'avoir été | Varvara met en œuvre le stratagème convenu avec Vassily : elle reproche à Lyuba d'avoir été traîner dehors et la met à la porte. Vassily, qui a écouté toute la dispute, attire Lyuba chez lui avec la promesse d'un thé bien sucré. Le plan où il l'emmène chez lui est particulièrement marquant et significatif puisqu'on le voit littéralement pousser Lyuba dans le dos pour la faire entrer chez lui. Lyuba garde un air réservé et les yeux baissés jusqu'à ce que Vassily lui fasse boire une tasse de thé coupée d'alcool. Il lui offre à manger. (00ː07ː44)<br /> | ||
'''La vie heureuse de Nadejda/Le piège se referme sur Lyuba'''<br /> | '''La vie heureuse de Nadejda/Le piège se referme sur Lyuba'''<br /> | ||
Dans l'appartement voisin, Nadejda vit heureuse avec son fils de 8 ans environ et sa fille de 2-3 ans | Dans l'appartement voisin, Nadejda vit heureuse avec son fils de 8 ans environ, et sa fille de 2-3 ans ; les deux enfants sont joyeux et en bonne santé. Son mari, Piotr, travaille pour le boucher Kondratieff au marché. (00ː08ː43)<br /> | ||
Vassily semble tout à coup pris de folie.Lyuba est terrifiée. Il se jette sur elle. Leur position évoque un peu le loup se jetant sur le Petit Chaperon rouge. Elle résiste à peine, probablement engourdie par l'alcool, dans une attitude qui rappelle celle de Thymian séduite par Henning et quasiment inconsciente dans ''Le Journal d'une fille perdue'' (1929), à (00ː15ː40).<br /> | Vassily semble tout à coup pris de folie. Lyuba est terrifiée. Il se jette sur elle. Leur position évoque un peu le loup se jetant sur le Petit Chaperon rouge. Elle résiste à peine, probablement engourdie par l'alcool, dans une attitude qui rappelle celle de Thymian séduite par Henning et quasiment inconsciente dans ''Le Journal d'une fille perdue'' (1929), à (00ː15ː40).<br /> | ||
Pendant ce temps, Piotr Stupin joue avec ses enfants. Tante Varvara vient vérifier par le trou de la serrure de la porte de Vassily que leur plan a fonctionné. La famille Stupin se prépare à aller se coucher. Piotr se plaint d'avoir trop bu. Lyuba se réveille au milieu de la nuit et prend la mesure de ce qui vient de se passer. Varvara de dos prie et fait un signe de croix. Un intertitre passe de façon très fugace (il ne dure que 5 images). Il porte l'un des versets du Notre Père (''Ne nous | Pendant ce temps, Piotr Stupin joue avec ses enfants. Tante Varvara vient vérifier par le trou de la serrure de la porte de Vassily que leur plan a fonctionné. La famille Stupin se prépare à aller se coucher. Piotr se plaint d'avoir trop bu. Lyuba se réveille au milieu de la nuit et prend la mesure de ce qui vient de se passer. Varvara de dos prie et fait un signe de croix. Un intertitre passe de façon très fugace (il ne dure que 5 images). Il porte l'un des versets du Notre Père (''Ne nous soumets pas à la tentation''). Cette séquence est une attaque contre l'hypocrisie et la fausseté d'une personne qui se dit chrétienne mais vient d'infliger les plus grandes souffrances à son prochain.<br /> | ||
Au matin, Nadejda trouve Lyuba dans le couloir où elle a fini la nuit. Elle la fait rentrer chez sa tante. Varvara réserve un très mauvais accueil à Lyuba et finit par la chasser de chez elle. Nadejda et Vassily entendent la querelle mais aucun d'eux n'intervient. Voici Lyuba à la rue, affamée et sans le sou. (00ː13ː26)<br /> | Au matin, Nadejda trouve Lyuba dans le couloir où elle a fini la nuit. Elle la fait rentrer chez sa tante. Varvara réserve un très mauvais accueil à Lyuba et finit par la chasser de chez elle. Nadejda et Vassily entendent la querelle mais aucun d'eux n'intervient. Voici Lyuba à la rue, affamée et sans le sou. (00ː13ː26)<br /> | ||
'''Une mauvaise rencontre pour Lyuba'''<br /> | '''Une mauvaise rencontre pour Lyuba'''<br /> | ||
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'''Lyuba apprend son métier et l'exclusion qui en découle'''<br /> | '''Lyuba apprend son métier et l'exclusion qui en découle'''<br /> | ||
Les premières tentatives de racolage de Lyuba sont infructueuses. Un homme qu'elle poursuit la repousse, un autre choisit sa compagne plus souriante. Cependant, au bout de trois mois, elle est devenue plus subtile et manie mieux la séduction, même si les gros plans sur son visage résigné au début de cette séquence montrent combien cela lui coûte. <br /> | Les premières tentatives de racolage de Lyuba sont infructueuses. Un homme qu'elle poursuit la repousse, un autre choisit sa compagne plus souriante. Cependant, au bout de trois mois, elle est devenue plus subtile et manie mieux la séduction, même si les gros plans sur son visage résigné au début de cette séquence montrent combien cela lui coûte. <br /> | ||
Nadejda est en train de laver du linge avec d'autres femmes dans un trou de la rivière gelée. Scène de vie quotidienne ː des hommes découpent la glace, des | Nadejda est en train de laver du linge avec d'autres femmes dans un trou de la rivière gelée. Scène de vie quotidienne ː des hommes découpent la glace, des traîneaux tirés par des chevaux passent au loin. Lyuba passe à proximité et fait signe au fils de Nadejda qui est également présent. Elle lui offre des friandises mais Nadejda rappelle son fils et lui interdit de reparler à Lyuba car c'est "une femme perdue". La souffrance se lit sur le visage de Lyuba. (00ː24ː25)<br /> | ||
'''La descente aux enfers de Nadejda'''<br /> | '''La descente aux enfers de Nadejda'''<br /> | ||
Lyuba découvre sur une feuille de papier journal avec laquelle elle voulait tenir son fer à boucler brûlant l'annonce du décès de Piotr Stupin qui a été renversé par un camion alors qu'il était en état d'ébriété. Elle supplie la mère maquerelle de lui prêter de l'argent et lui promet de travailler davantage. La mère maquerelle accepte bien que Lyuba lui doive déjà beaucoup d'argent et la regarde partir d'un air sournois. <br /> | Lyuba découvre sur une feuille de papier journal avec laquelle elle voulait tenir son fer à boucler brûlant l'annonce du décès de Piotr Stupin qui a été renversé par un camion alors qu'il était en état d'ébriété. Elle supplie la mère maquerelle de lui prêter de l'argent et lui promet de travailler davantage. La mère maquerelle accepte bien que Lyuba lui doive déjà beaucoup d'argent et la regarde partir d'un air sournois. <br /> | ||
Nadejda ayant laissé ses enfants à la maison se rend au marché (un carton précédent indiquait qu'ils étaient désormais sans le sou). Nadejda passe devant plusieurs stands de vente de nourriture fumante qu'elle regarde avec tristesse. Elle essaie de vendre des vêtements à deux femmes (ceux de son mari ?) mais ne parvient pas à se mettre d'accord avec elles. Elle s'adresse ensuite au boucher Kondratieff, l'ancien patron de son mari, mais ce dernier refuse de lui prêter de l'argent car elle lui en doit déjà beaucoup. Il lui propose de venir le rejoindre chez lui dans la soirée et l'enlace mais elle lui résiste et s'enfuit. <br /> | Nadejda ayant laissé ses enfants à la maison se rend au marché (un carton précédent indiquait qu'ils étaient désormais sans le sou). Nadejda passe devant plusieurs stands de vente de nourriture fumante qu'elle regarde avec tristesse. Elle essaie de vendre des vêtements à deux femmes (ceux de son mari ?), mais ne parvient pas à se mettre d'accord avec elles. Elle s'adresse ensuite au boucher Kondratieff, l'ancien patron de son mari, mais ce dernier refuse de lui prêter de l'argent car elle lui en doit déjà beaucoup. Il lui propose de venir le rejoindre chez lui dans la soirée et l'enlace mais elle lui résiste et s'enfuit. <br /> | ||
En rentrant chez elle les mains vides, elle trouve Lyuba qui a apporté à manger aux enfants. Le fils de Nadejda se régale de bon cœur mais sa petite fille est amorphe dans les bras de Lyuba. Lyuba s'attend à ce que Nadejda la chasse mais celle-ci lui présente des excuses. Elle comprend à présent comment elle en est venue à se prostituer. Les deux femmes tombent dans les bras l'une de l'autre.<br />Gros plan sur le visage soucieux de Nadejda. Sa fillette est malade mais elle n'a pas de quoi la faire soigner. (00ː30ː00)<br /> | En rentrant chez elle les mains vides, elle trouve Lyuba qui a apporté à manger aux enfants. Le fils de Nadejda se régale de bon cœur mais sa petite fille est amorphe dans les bras de Lyuba. Lyuba s'attend à ce que Nadejda la chasse mais celle-ci lui présente des excuses. Elle comprend à présent comment elle en est venue à se prostituer. Les deux femmes tombent dans les bras l'une de l'autre.<br />Gros plan sur le visage soucieux de Nadejda. Sa fillette est malade mais elle n'a pas de quoi la faire soigner. (00ː30ː00)<br /> | ||
'''Une lueur d'espoir pour Lyuba/La situation empire pour Nadejda'''<br /> | '''Une lueur d'espoir pour Lyuba / La situation empire pour Nadejda'''<br /> | ||
Lyuba a peur de retourner chez la mère maquerelle les mains vides. Manka la trouve appuyée contre un arbre, ne sachant que faire. Elle l'informe qu'il y a des postes à pourvoir au dispensaire de l'hôpital. Lyuba s'empresse de lui dire que cela l'intéresse beaucoup. <br /> | Lyuba a peur de retourner chez la mère maquerelle les mains vides. Manka la trouve appuyée contre un arbre, ne sachant que faire. Elle l'informe qu'il y a des postes à pourvoir au dispensaire de l'hôpital. Lyuba s'empresse de lui dire que cela l'intéresse beaucoup. <br /> | ||
L'état de santé de la fille de Nadejda ne s'est pas amélioré.<br /> | L'état de santé de la fille de Nadejda ne s'est pas amélioré.<br /> | ||
À l'hôpital, des malades pressés les uns contre les autres (dans une salle d'attente ?) accueillent Manka avec des démonstrations de joie. Un médecin ou un infirmier désinfecte le bras d'une femme à qui il s’apprête à faire une injection. Un panneau au mur annonce que la prostitution propage les maladies vénériennes. <br /> | À l'hôpital, des malades pressés les uns contre les autres (dans une salle d'attente ?) accueillent Manka avec des démonstrations de joie. Un médecin ou un infirmier désinfecte le bras d'une femme à qui il s’apprête à faire une injection. Un panneau au mur annonce que la prostitution propage les maladies vénériennes. <br /> | ||
En parallèle, plan sur Nadejda qui fait les 100 pas en portant sa fille malade et en se mordant les lèvres d'angoisse. <br /> | En parallèle, plan sur Nadejda qui fait les 100 pas en portant sa fille malade et en se mordant les lèvres d'angoisse. <br /> | ||
C'est au tour de Manka d'être reçue dans le bureau du médecin et de recevoir une injection (probablement un traitement contre une maladie vénérienne étant donné le panneau qui | C'est au tour de Manka d'être reçue dans le bureau du médecin et de recevoir une injection (probablement un traitement contre une maladie vénérienne étant donné le panneau qui est au mur). Avant de partir, elle demande au médecin, Dr Birman, de l'aide pour Lyuba. Le médecin accepte et lui remet un billet (on peut s'étonner que Manka demande de l'aide pour son amie mais pas pour elle-même ; elle croit manifestement que la prostitution est "son destin"). <br /> | ||
À l'hôpital pour enfants, un médecin explique à Nadejda que sa fille a besoin de bons repas et de médicaments | À l'hôpital pour enfants, un médecin explique à Nadejda que sa fille a besoin de bons repas et de médicaments (surprenante séquence qui énonce des évidences ǃ). Chez elle, son fils a tellement faim qu'il lèche une assiette restée sur la table. <br /> | ||
Dans la maison close, la mère maquerelle réprimande vertement Lyuba qui n'est pas allée travailler ce jour-là parce qu'elle ne se sentait pas bien. La méchante femme sort de la pièce. Manka, qui est arrivée entre temps, montre à Lyuba la recommandation que lui a donnée le Dr Birman et qui va lui permettre de se faire embaucher à l'atelier de couture du dispensaire. <br /> | Dans la maison close, la mère maquerelle réprimande vertement Lyuba qui n'est pas allée travailler ce jour-là parce qu'elle ne se sentait pas bien. La méchante femme sort de la pièce. Manka, qui est arrivée entre temps, montre à Lyuba la recommandation que lui a donnée le Dr Birman et qui va lui permettre de se faire embaucher à l'atelier de couture du dispensaire. <br /> | ||
Nadejda est accablée par sa situation. Son fils lui réclame à manger mais elle n'a rien à lui donner. (00ː37ː12)<br /> | Nadejda est accablée par sa situation. Son fils lui réclame à manger mais elle n'a rien à lui donner. (00ː37ː12)<br /> | ||
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Le travail de couture de Lyuba n'est pas tout à fait adéquat ː elle a cousu son ouvrage à sa tunique ǃ La responsable de l'atelier l'aide gentiment à réparer son erreur. Seule ombre au tableau ː la mère maquerelle l'a retrouvée. Elle repart en se frottant les mains avec l'air de manigancer un mauvais coup. (00ː40ː59)<br /> | Le travail de couture de Lyuba n'est pas tout à fait adéquat ː elle a cousu son ouvrage à sa tunique ǃ La responsable de l'atelier l'aide gentiment à réparer son erreur. Seule ombre au tableau ː la mère maquerelle l'a retrouvée. Elle repart en se frottant les mains avec l'air de manigancer un mauvais coup. (00ː40ː59)<br /> | ||
'''La conférence'''<br /> | '''La conférence'''<br /> | ||
La journée de travail est finie mais il faut que les couturières restent à l'atelier pour écouter une conférence donnée par le Dr Birman, véritable objet de ce film "emballé" dans une fiction dramatique. Des ouvrières qui n'avaient pas été vues jusque-là s'approchent. Cependant, ce n'est pas véritablement à elles que le médecin s'adresse. Elle regarde droit vers la caméra et s'adresse donc directement au spectateur. Sa conférence s'emploie à établir un lien entre prostitution et maladies vénériennes à grand renfort de comparaisons géographiques (Paris, Berlin, Saint Pétersbourg) et de statistiques diverses (issues de la | La journée de travail est finie mais il faut que les couturières restent à l'atelier pour écouter une conférence donnée par le Dr Birman, véritable objet de ce film "emballé" dans une fiction dramatique. Des ouvrières qui n'avaient pas été vues jusque-là s'approchent. Cependant, ce n'est pas véritablement à elles que le médecin s'adresse. Elle regarde droit vers la caméra et s'adresse donc directement au spectateur. Sa conférence s'emploie à établir un lien entre prostitution et maladies vénériennes à grand renfort de comparaisons géographiques (Paris, Berlin, Saint-Pétersbourg) et de statistiques diverses (issues de la Clinique n°2 des maladies vénériennes de Moscou) présentées par des schémas animés. On revient régulièrement au Dr Birman en plan poitrine. Son regard se pose parfois au loin comme si elle était transfigurée par sa mission d'information et de prévention. Les couturières l'écoutent avec attention et acquiescent parfois. Les données qu'elle présente font apparaître l'origine sociale modeste (paysannes, ouvrières), l'absence de formation, les difficultés de logement, l'isolement social (orphelines) et l'alcoolisme comme ayant un lien très étroit avec la prostitution. Les solutions sont ː les ateliers de couture, les orphelinats, l'éducation et la formation. Lyuba semble particulièrement frappée par la phrase ː "Les autorités ne doivent pas lutter contre les prostituées mais contre les conditions qui les amènent à cette situation." (00ː49ː28) À la fin de la conférence, les couturières se dispersent en discutant. Lyuba reste debout près de la table et dit d'une voix haletante (on voit combien sa respiration est entrecoupée) ː "Il faut punir les hommes qui achètent le corps des femmes". (00ː50ː37) Venue de quelqu'un qui a tant souffert et avec une charge émotionnelle aussi visible, cette déclaration a probablement plus de poids qui si elle avait été énoncée un peu froidement par le médecin à la fin de sa conférence. Le Dr Birman la réconforte d'un geste et fait quelques pas avec elle. (00ː51ː00)<br /> | ||
'''L'histoire de Manka'''<br /> | '''L'histoire de Manka'''<br /> | ||
Désormais, Nadejda se prostitue régulièrement. Elle rejoint Manka sur un banc où toutes deux attendent le client. Avec un regard mélancolique, Manka raconte son histoire à Nadejda ː elle était employée de maison mais sa patronne l'a chassée parce que le fils de la famille l'avait séduite. Le film dénonce ainsi une nouvelle hypocrisie ː le jeune homme en question n'a pas été inquiété (scène tragicomique montrant la mère du jeune homme tirant affectueusement les oreilles à son fils.). En revanche, Manka qui a été accusée de "débauche" a été jetée à la rue. Par la suite, elle a travaillé dans une maison close représentée comme un endroit sinistre où même le pianiste s'endormait sur son instrument, qui ne s'animait que lorsque des clients arrivaient et dans laquelle les clients pouvaient choisir une jeune femme sur photo dans un album que leur montrait la mère maquerelle. Comme souvent dans les films où il est question de maladies vénériennes, on y retrouve une séquence de danse très animée, préliminaire à un rapport sexuel avec une prostituée ou hors mariage qui mènera à une contamination (00ː54ː50). Cf | Désormais, Nadejda se prostitue régulièrement. Elle rejoint Manka sur un banc où toutes deux attendent le client. Avec un regard mélancolique, Manka raconte son histoire à Nadejda ː elle était employée de maison mais sa patronne l'a chassée parce que le fils de la famille l'avait séduite. Le film dénonce ainsi une nouvelle hypocrisie ː le jeune homme en question n'a pas été inquiété (scène tragicomique montrant la mère du jeune homme tirant affectueusement les oreilles à son fils.). En revanche, Manka qui a été accusée de "débauche" a été jetée à la rue. Par la suite, elle a travaillé dans une maison close représentée comme un endroit sinistre où même le pianiste s'endormait sur son instrument, qui ne s'animait que lorsque des clients arrivaient et dans laquelle les clients pouvaient choisir une jeune femme sur photo dans un album que leur montrait la mère maquerelle. Comme souvent dans les films où il est question de maladies vénériennes, on y retrouve une séquence de danse très animée, préliminaire à un rapport sexuel avec une prostituée ou hors mariage qui mènera à une contamination (00ː54ː50). Cf [[Un mot d'homme à homme]] (00ː02ː03), [[Easy_to_get|Easy to get]] (00ː08ː25) et [[Dance,_little_children|Dance, little children]] (00ː04ː47). <br /> | ||
Retour sur le visage pensif et triste de Manka. Elle raconte l'examen médical obligatoire du samedi soir (précédemment désigné comme "humiliant" par le Dr Birman dans son exposé) et les arrestations par la police qui fichait les prostituées.<br /> | Retour sur le visage pensif et triste de Manka. Elle raconte l'examen médical obligatoire du samedi soir (précédemment désigné comme "humiliant" par le Dr Birman dans son exposé) et les arrestations par la police qui fichait les prostituées.<br /> | ||
Manka s'en va. Nadejda essaie d'aborder un homme qui passe mais il ne lui prête pas attention.<br /> | Manka s'en va. Nadejda essaie d'aborder un homme qui passe mais il ne lui prête pas attention.<br /> | ||
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L'ancienne mère maquerelle de Lyuba découvre qu'elle vit avec Shura. De son côté, Nadejda, le visage un peu plus serein, quitte l'hôpital. La mère maquerelle vient voir Lyuba chez elle et menace de révéler son passé de prostituée à Shura si elle ne rembourse pas immédiatement l'argent qu'elle lui doit. Lyuba est accablée. <br /> | L'ancienne mère maquerelle de Lyuba découvre qu'elle vit avec Shura. De son côté, Nadejda, le visage un peu plus serein, quitte l'hôpital. La mère maquerelle vient voir Lyuba chez elle et menace de révéler son passé de prostituée à Shura si elle ne rembourse pas immédiatement l'argent qu'elle lui doit. Lyuba est accablée. <br /> | ||
Shura aide Nadejda à trouver un poste d'aiguilleuse de tramway. <br /> | Shura aide Nadejda à trouver un poste d'aiguilleuse de tramway. <br /> | ||
Lyuba avoue son passé à Shura en commençant par les mauvais traitements qu'elle a subis de la part de sa tante ( | Lyuba avoue son passé à Shura en commençant par les mauvais traitements qu'elle a subis de la part de sa tante (flash-back) puis elle mentionne son premier client dans la maison close (flash-back). Honteuse, elle se détourne de Shura. Celui-ci se mord les lèvres pendant quelques instants de suspense. Va-t-il la rejeter ? Non, car il retrouve un sourire qu'il communique à Lyuba.<br /> | ||
Courte séquence sur Nadejda qui manœuvre les aiguillages d'un tramway avant d'être relayée par un collègue.<br /> | Courte séquence sur Nadejda qui manœuvre les aiguillages d'un tramway avant d'être relayée par un collègue.<br /> | ||
Shura dicte à Lyuba une lettre adressée au procureur général pour dénoncer la mère maquerelle ou porter plainte contre elle. Comme lorsque Lyuba a signé la reconnaissance de dettes de sa mère maquerelle précédemment, on voit qu'elle écrit lentement, avec effort, en se redisant les mots au fur et à mesure, ce qui dénote son faible niveau d'éducation. (01ː10ː58)<br />'''Tout est bien qui finit bien (mais pas pour tout le monde)'''<br />Dans un jardin d'enfants, la petite fille de Nadejda dessine. Son dessin représente sa mère en train de travailler à proximité d'un tramway. La fillette paraît éveillée et de nouveau en bonne santé. <br /> | Shura dicte à Lyuba une lettre adressée au procureur général pour dénoncer la mère maquerelle ou porter plainte contre elle. Comme lorsque Lyuba a signé la reconnaissance de dettes de sa mère maquerelle précédemment, on voit qu'elle écrit lentement, avec effort, en se redisant les mots au fur et à mesure, ce qui dénote son faible niveau d'éducation. (01ː10ː58)<br />'''Tout est bien qui finit bien (mais pas pour tout le monde)'''<br />Dans un jardin d'enfants, la petite fille de Nadejda dessine. Son dessin représente sa mère en train de travailler à proximité d'un tramway. La fillette paraît éveillée et de nouveau en bonne santé. <br /> | ||
Nadejda vient chercher sa fille à la fin de son service. Elle admire son dessin et la serre dans ses bras. Elle a retrouvé le bonheur.<br /> | Nadejda vient chercher sa fille à la fin de son service. Elle admire son dessin et la serre dans ses bras. Elle a retrouvé le bonheur.<br /> | ||
La milice fait une descente dans la maison close où travaillait Lyuba. Une jeune fille à moitié dévêtue surgit du lit qui appartenait jadis à Lyuba et se jette dans les bras d'une autre prostituée qui tente de la réconforter. On devine une forme masculine derrière les rideaux du lit. Un milicien s'approche. Le client apparaît, proteste et essaie de | La milice fait une descente dans la maison close où travaillait Lyuba. Une jeune fille à moitié dévêtue surgit du lit qui appartenait jadis à Lyuba et se jette dans les bras d'une autre prostituée qui tente de la réconforter. On devine une forme masculine derrière les rideaux du lit. Un milicien s'approche. Le client apparaît, proteste et essaie de se cacher derrière sa veste. La mère maquerelle, interrogée par les miliciens, affirme que ses "invités" sont des membres de sa famille, ce qui déclenche l’hilarité des jeunes femmes et des miliciens eux-mêmes. Le reste de la maison est inspecté.<br /> | ||
Manka a repris son traitement au dispensaire. Le Dr Birman vient la voir. Gros plan sur le visage consterné du médecin qui vient d'examiner la gorge de Manka | Manka a repris son traitement au dispensaire. Le Dr Birman vient la voir. Gros plan sur le visage consterné du médecin qui vient d'examiner la gorge de Manka. De même, elle détourne le regard d'un air très triste après avoir constaté des lésions syphilitiques étendues sur le bras de Manka. Cette dernière, qui était détendue et souriante jusque-là, comprend (et le spectateur avec elle) que son destin est scellé et qu'elle ne guérira pas. Elle n'aurait manifestement jamais dû interrompre son traitement. Peut-être faut-il aussi comprendre qu'elle n'aurait pas dû se résigner à son sort. Manka s'effondre sur elle-même tandis que le Dr Birman, debout à côté d'elle, regarde au loin d'un air triste.<br /> | ||
Manka, Shura et d'autres personnes de leur âge s'amusent dans la neige. Ils font du ski de fond et des batailles de neige. Enfin, on les retrouve tous les deux bras dessus, bras dessous, image d'une jeunesse insouciante et heureuse. | Manka, Shura et d'autres personnes de leur âge s'amusent dans la neige. Ils font du ski de fond et des batailles de neige. Enfin, on les retrouve tous les deux bras dessus, bras dessous, image d'une jeunesse insouciante et heureuse. | ||
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Панин, Станислав: "Продажная любовь" в Советской России (1920-е годы) // Вестник Евразии. - 2005. - N 1. - С. . 78-108. | Панин, Станислав: "Продажная любовь" в Советской России (1920-е годы) // Вестник Евразии. - 2005. - N 1. - С. . 78-108. | ||
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Titre :
La Prostituée
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
77 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :
Générique principal
Contenus
Thèmes médicaux
- Prévention et contrôle des maladies infectieuses et contagieuses. Prévention des épidémies
- Pathologie du système uro-génital. Affections urinaires et génitales
- Maladies infectieuses et contagieuses, fièvres
Sujet
Genre dominant
Résumé
Contexte
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Oui.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Non.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Communications et événements associés au film
Public
Audience
Descriptif libre
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Aleksandra Mouillie-Bannikova, Alexandre Sumpf, Daryna Illenko, Élisabeth Fuchs
- Sous-titres Français : Aleksandra Mouillie-Bannikova, Julie Manuel

