Introduction artistique
Générique de début : Cinémathèque MEDICIA, Série SRILANE, présentation du titre.
Deux séquences se succèdent avec une présentation formelle des contributeurs, réalisateur, monteur, etc, avec en fond musical Stravinsky (Danses concertantes) et en fond visuel différents plans sur des statues de danseurs en bronze dont les muscles sont particulièrement saillants (01’06)
La voix off introduit le sujet de film : le corps et la danse. Trois danseurs exécutent plusieurs mouvements captés en plan large. La musique de Stravinsky continue d’être jouée. (01’32)
Les exigences de la danse rendent le corps du danseur vulnérable
Le plan précédent se termine par la présentation des zones les plus exposées aux traumatismes chez les danseurs : pieds, genoux et hanches. Gros plan sur les chevilles d’une danseuse classique en train de faire des pointes. Cette zone de jonction est bien plus sollicitée que dans d’autres sports et les sauts à répétition sont facteurs de tendinites. Celles qui touchent le tendon d’Achille ou la rotule vont souvent entraîner des interruptions d’activités - parfois longues - chez le danseur professionnel. (01’57)
Le plan s’élargit, un danseur vêtu d’une tenue anthracite exécute plusieurs sauts. Cette séquence met en évidence le fait que c’est l’articulation du genou qui est la plus sollicitée. Une rotation au-delà des limites physiologiques peut être à l’origine de lésions méniscales ou ligamentaires. (02’16)
Une danseuse vêtue de blanc est assise sur un sol noir, elle plie les jambes, allonge le dos. Une comparaison est faite entre la fragilité de l’articulation du genou et la stabilité de la hanche qui sera plus exposée à des lésions dégénératives douloureuses, difficiles d’accès au traitement. (02’44)
Ces trois séquences servent de transition entre la présentation purement artistique du début du film et l’information sur les aspects médicaux de la traumatologie de la danse.
Examens médicaux
Nous quittons les salles de danse, la caméra s’invite dans un cabinet médical où une danseuse en sous-vêtements réalise un grand écart devant un appareil de radiologie.
Très gros plan sur une radiographie de face du bassin, présentée en biais. Le rôle de la tête fémorale dans la réalisation du mouvement précédent est expliqué. Arrêt de la musique. La voix change, un doigt indique la localisation de l’usure prématurée de la hanche chez le danseur sur une radiographie exposée sur un négatoscope. Le plan s’élargit, on aperçoit de biais le visage du radiologue qui fournit cette explication. (03’08)
Le spectateur entre dans l’intimité d’une salle de consultation. Une patiente, supposément danseuse, vêtue d’une robe colorée est invitée par un médecin à s’allonger. Elle consulte après une chute. En arrière plan, on distingue un négatoscope éteint et une armoire faisant l’angle de la pièce.
L’examen médical fait suite aux descriptions des plaintes par la patiente. Il se rapproche de la discipline rhumatologique. Se succèdent des examens du plan interne (ligament interne et ligament externe), du ligament croisé (absence de tiroir), qui démontrent l’absence de ressort en rotation interne ou externe. Absence de signe de Lachman (révélateur d’une pathologie du ligament croisé antérieur). Le médecin insiste plusieurs fois sur la nécessité pour la patiente d’être bien relâchée. Il cite très rapidement une grande quantité de termes techniques sans vraiment se soucier de savoir si la patiente le suit. Cette séquence paraît peu naturelle. Elle ne correspond probablement pas à un examen authentique mais semble davantage destinée à la formation des spectateurs du film (médecins, kinésithérapeutes, etc.) (04’12)
Très gros plan sur un genou pathologique manipulé par des mains gantées. Les différents signes cliniques visibles sont exposés : tiroir antérieur, ressaut en rotation interne, un signe de Lachman positif. (04’43)
Retour dans la salle de consultation, gros plan sur le genou gauche douloureux de la patiente qui subit des torsions par le médecin. (04’50)
Projection du résultat d’un examen complémentaire : l’arthrographie liquide. Un médecin hors champ en explique l’utilité : la visualisation des ruptures méniscales. (04’57)
Traumatologie du genou
Résection arthroscopique d’une rupture méniscale. Le spectateur est invité dans une salle de bloc. Seules 4 mains gantées sont visibles, un instrument est introduit dans un genou qui présente une rupture méniscale.
Arthroscopie ligamentaire (05’08)
Le plan s’élargit, le chirurgien introduit un instrument visant à réaliser une arthroscopie qui permet - sous contrôle vidéo - d’explorer tout le genou.
Gros plan sur le vidéoscope. Un crochet mousse est introduit et permet de palper une rupture du ligament croisé antérieur. Le plan s’élargit, on voit des mains gantées manipuler les instruments en se repérant sur le vidéoscope, dans le silence. Gros plan sur le vidéoscope. La palpation du ménisque interne découvre une lésion inférieure de la corne postérieure. Le crochet est introduit dans la fente méniscale dans le but de délimiter la zone pathologique à réséquer Le plan s’élargit, on voit des mains gantées sectionner la corne postérieure du ménisque interne, sous contrôle vidéoscopique. Extraction méniscale à l’aide de la pince à ménisque. Gros plan sur un artefact du ménisque qui est déposé sur la table d’instruments du chirurgien. Retour sur la vue vidéoscopique où le chirurgien nivèle les restes du mur méniscal pour éviter la persistance de fragments mobiles. Élargissement du plan. Vérification des autres compartiments du genou et retrait de l’arthroscope. (07’00)
Suivi postopératoire
La musique classique reprend. Dézoom progressif sur une danseuse assise, un homme se tient à sa droite (on ne voit la tête ni de l’un ni de l’autre) et manipule son genou recouvert d’un pansement qui - une fois retiré - laisse apparaître la cicatrice d’une opération chirurgicale récente (une arthroscopie datant de quatre jours). La rééducation va pouvoir commencer pour cette patiente.
Avec l’aide de l’homme - qui semble être médecin - elle se lève, exécute quelques mouvements avec son pied. On voit son genou tourner ; il est décrit comme sec mais très mobile. (07’27)
Chirurgie d’une rupture du ligament croisé antérieur
Le recours à la plastie extra articulaire selon la technique de Lemaire est bien souvent nécessaire chez les danseurs, lors d’une rupture du ligament croisé antérieur notamment. Elle ne nécessite pas de plâtre et permet une rééducation rapide. Le spectateur voit apparaître un scialytique en contre-plongée, ce qui lui signale que la scène suivante aura lieu au sein d’un bloc opératoire. Le genou du patient est filmé sur sa face externe, là où est réalisée l’incision. L’objectif de cette plastie est de freiner la rotation interne exagérée du tibia sous le fémur à l’aide d’une bandelette du fascia atteint. Cette dernière permet la disparition du ressaut à l’origine de l’instabilité. Différents plans du bloc opératoire sont réalisés. On y voit successivement deux personnes en tenues stériles puis la plaie filmée en gros plan. Celle-ci, maintenue ouverte par un écarteur, laisse entrevoir le passage de la bandelette sous le ligament latéral externe puis sous le périoste. Un plan légèrement plus éloigné filme la solidarisation de la bandelette au périoste à l’aide de quelques points de suture. Un second gros plan est réalisé lors du passage du fascia atteint dans le canal osseux permettant ainsi un solide ancrage. Pour finir, la bandelette est suturée à elle-même, sous bonne tension. D’autres méthodes de stabilisation peuvent être utilisées en particulier celles qui comportent un geste intra articulaire.
Sur toute cette séquence, on remarque que les quelques plans montrant la tête ou le visage du ou des chirurgiens sont extrêmement courts, voire fugaces. On ne voit la plupart du temps que leurs mains. (09’35)
Analyse d’une radiographie d’instabilité rotulienne par un médecin
Nous quittons le bloc opératoire pour rejoindre une salle d’auscultation où une jeune danseuse met en rotation externe son squelette jambier. Le radiologue déjà vu précédemment (03’08) détaille la radiographie d’un genou en constatant que l’instabilité de cette articulation n’est pas toujours d’origine ménisco-ligamentaire. Il s’agit ici d’une instabilité rotulienne à trente degrés de flexion en rotation externe avec une rotule basculée et subluxée. Lorsque la radiographie axiale est insuffisante, la réalisation d’un scanner est indispensable. Ce dernier permet une étude de l’enroulement fémoro-patellaire de zéro à quinze degrés. (10’13)
Traumatologie du pied
Pieds nus d’une femme réalisant des pointes filmés au ralenti sur fond de musique classique (Stravinsky, cité ci-dessus). Ce plan met en évidence l’importance de l’alignement du pied et de la jambe sur pointe.
Toujours sur fond de musique classique, reprise de la même position mais devant un appareil de radiographie cette fois. L’alternance de prise de vue réelle et de radiographie filmée permet de montrer que dans la position de demi-pointe, les cinq orteils de la danseuse supportent le poids de tout le corps. Les traumatismes de l’avant pied peuvent donc entrainer des fractures et des luxations des orteils. (10’45)
Diagnostic clinique d’une pathologie musculaire
En salle d’auscultation, une patiente danseuse est assise sur la table d’examen. Le médecin lui demande si elle a eu des accidents musculaires tels que des élongations auparavant. Elle lui répond que dans le cadre de son métier, les élongations aux adducteurs ainsi que les contractions du dos ne sont pas rares. Il la questionne ensuite sur le déroulement de l’accident au mollet pour lequel elle est venue le consulter. D’après elle, elle réalisait un saut quand, au moment de poser le pied au sol, elle a ressenti une forte douleur dans le mollet, comme un coup de fouet. Elle avait pourtant bien réalisé tous ses exercices mais signale qu’avant même de commencer son saut, elle avait les mollets « fatigués ».
La voix off explique que les accidents musculaires sont moins graves mais n’en sont pas moins préoccupants pour les danseurs. De plus, ils sont extrêmement fréquents. La plupart du temps, ils relèvent de la médecine générale, l’acte chirurgical reste exceptionnel.
Cette séquence filmée en plan large et montrant en même temps la patiente assise et le médecin debout est interrompue à deux reprises par un plan poitrine rapide sur la patiente où cette dernière a un visage soucieux. C’est le seul endroit du film qui fait allusion (très rapidement et uniquement visuellement) à une possible inquiétude des patients par rapport à ce qui leur arrive. (10’09)
Chirurgie d’une rupture du muscle droit antérieur
Cette nouvelle séquence impressionnante d’opération chirurgicale emploie les mêmes procédés que précédemment. Elle est filmée en gros plan, commentée avec force détails et seules les mains gantées du chirurgien apparaissent. Un seul gros plan rapide sur le visage du médecin montrant essentiellement ses yeux et donnant une impression de forte concentration interrompt momentanément la séquence.
Transition vers la présentation de la rééducation (les suites postopératoires immédiates sont passées sous silence) : « Dans tous les accidents, qu’ils soient musculaires ou ostéo-articulaires, la rééducation tiendra une place de choix. » (13’12)
La rééducation fonctionnelle
Face à plusieurs radiographies, un médecin rappelle qu’avant toute rééducation fonctionnelle, il y a 3 contre-indications :
- les arthroses évoluées tant fémoro-patellaire que fémoro-tibiale
- ̈les différents types de chondropathie
- les poussées inflammatoires aigues.
Le plan suivant montre le genou pourvu d’une cicatrice importante d’une patiente qui se prépare à une carrière de danseuse. Elle a subi une plastie externe du ligament croisé antérieur et une méniscectomie interne partielle. Tout en faisant la démonstration des manipulations correspondantes, le médecin explique qu’il libèrera d’abord les adhérences et dermalgies péri-cicatricielles au niveau des téguments. La rotule fera l’objet d’une mobilisation passive tant latérale que verticale. Quant aux médicaments et à la physiothérapie, ils seront utilisés afin de traiter l’arthrose post-opératoire. Ensuite sera envisagé un travail de gain d’amplitude ainsi qu’un renforcement musculaire du membre inférieur. Ce n’est qu’à ce dernier stade que le corps de la patiente apparaît en entier (elle est allongée sur un lit d’examen).
Sur les exercices qui suivent (travail de flexion/extension de la jambe, appuis à la marche, rotations en flexions, verrouillage et déverrouillage du genou), le cadrage coupe la tête de la patiente. En revanche, on voit celle du médecin qui a un genou en terre pour mieux observer les mouvements de la patiente. De nouveau, les explications et commentaires donnés par le médecin arrivent en rafales et semblent davantage destinés aux spectateurs du film qu’à la patiente elle-même.
Annonce de la rééducation en terrain naturel (pré-footing) avec un plan sur la patiente et le médecin au même niveau (elle est assise sur le lit d’examen, il est penché sur son genou). (15’20)
Discrète allusion au sponsor/commanditaire du film
Massage du genou d’une patiente avec une pommade aux propriétés myorelaxantes et anti inflammatoires (on rappelle que ce film fait partie de la série SRILANE. Cf. Notes complémentaires). Outre son effet analgésique, le massage permet d’établir un contact privilégié entre le patient et le thérapeute. Cette confiance est nécessaire au bon déroulement des protocoles de soin. On peut s’étonner que cette nécessité n’apparaisse qu’à ce stade de la prise en charge. Dans les examens cliniques et les opérations chirurgicales qui ont précédé, le corps du danseur n’était-il envisagé que sous son aspect mécanique ? Les plans très centrés sur les organes pathologiques et l’absence d’espace laissé à la parole des patients permettent de le supposer. (15’55)
Techniques de rééducation
Le déroulement et les bienfaits des séances d’hydrothérapie, de mécanothérapie, de gymnastique face au miroir et de piscine sont détaillés avec la même précision que dans tout ce qui précède. On note néanmoins un tournant à ce stade du film (déjà partiellement amorcé avec la séquence sur le massage avec la pommade). D’une part, le corps des patients (désormais parfois appelés « sujets ») est montré en entier beaucoup plus souvent et d’autre part, la prise en charge a désormais un objectif beaucoup plus large que précédemment. Exemples : « Des techniques sédatives permettront au sujet de se réconcilier avec son membre traumatisé. » (16’18) ; « La gymnastique devant le miroir donne au danseur la possibilité de bien réintégrer l’image du membre blessé au sein de son schéma corporel » (16’40).
À partir de la séance de travail en piscine, on remarque qu’il y a nettement plus d’hommes que de femmes dans le groupe en rééducation alors que dans toutes les séquences précédentes, il y avait une majorité de femmes. (17’45)
La rééducation en extérieur, un travail global
La gymnastique en extérieur s’effectue de la même manière que la gymnastique en intérieur, en appui sur le membre blessé, à l’aide des mains et du membre inférieur sain. Cet exercice est réalisé au bord de la mer, en groupe. La séquence alterne entre des plans sur les danseurs en exercice et sur le visage d’un homme qui regarde les danseurs, avec au loin une planche à voile sur la mer comme pour « authentifier » le décor (la station de cure marine de Tréboul Douarnenez annoncée au générique). Le thérapeute apporte au danseur en exercice un contact physique pour l’aider à réaliser le mouvement, en plus d’explications orales. Les exercices sont semblables aux mouvements de danse à la barre, afin de proposer une rééducation adaptée au métier du danseur.
L’environnement naturel permet des exercices qui s’adaptent à la progression du danseur. Les exercices pieds nus en immersion partielle au bord de l’eau assurent un bon amortissement et une bonne prise de conscience des appuis plantaires. Les différents plans montrent les pieds et les chevilles des danseurs qui courent dans l’eau, puis leur corps tout entier.
Le plan suivant est un ralenti, qui montre de nouveau des jambes qui courent au bord de l’eau. L’empreinte du pied dans le sable est comparée à un "podoscope dynamique" qui représente les appuis du danseur pendant son mouvement. Le mouvement et les muscles et os qu’il mobilise sont décrits plus en détail, pendant que l’on voit à l’image le pied lors de la course, une première fois de face puis de dos.
Le plan suivant montre le même type d’exercice, cette fois-ci en chaussures, la course s’effectuant entre les rochers, ce qui conduit à un retour des réflexes de correction des ceintures pelviennes, scapulaires et rachidiennes et une automatisation du geste. La proprioception globale qui est travaillée permet une préparation au retour du danseur dans sa pratique professionnelle.
Le footing est pratiqué en troisième semaine et permet la synthèse de tous les progrès, avec en plus un travail de l’endurance, des efforts cardio-vasculaires et de l’utilisation automatique des réflexes posturaux. Le plan montre de nouveau des danseurs courant en groupe au bord de la mer, avec quelques obstacles, comme le fait de devoir monter sur un banc, descendre des escaliers. Les roches instables permettent la fixation du membre inférieur et l’adaptation des appuis plantaires. L’effet de groupe et l’environnement marin constituent une stimulation permettant des progrès plus rapides et moins difficiles. Lorsqu’on peut les apercevoir, les visages sont concentrés mais détendus, parfois souriants.
Les danseurs auront accès par la suite à une rééducation adaptée en ville, avec le contrôle du praticien et un entrainement en salle. Ces différents éléments concourent à la rémission globale du danseur. Le plan est ralenti, les danseurs courent de nouveau entre les rochers, la musique est vive, en contraste avec l’image lente et légère. Le corps est libéré de toute contrainte, et les danseurs semblent voler entre les rochers. (21’32)
Retour à l’art de la danse, la boucle est bouclée
Cette partie annonce la fin du film et fait écho à ses toutes premières séquences. Le premier plan montre deux danseurs, une femme et un homme, qui réalisent un mouvement de danse complexe et dangereux. Il n’y a pas de voix off, juste de la musique (Stravinsky encore).
Le plan suivant annonce le mot FIN et montre une statue de bronze représentant deux individus en mouvement, semblables à des danseurs. Enfin l’image devient noire de haut en bas comme un baisser de rideau. Toute l’information médicale de ce film est désormais contenue entre deux présentations artistiques de son thème.
Fonds Eric Duvivier code 576.