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|Texte=Découverte du parcours d’une personne atteinte de surdité totale dans le processus de prise en charge pour un implant cochléaire.
|Texte=Le parcours d'une adulte devenue sourde totale à qui on pose un implant cochléaire.
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|Texte=Journaliste, Monchicourt, Marie Odile ; Journaliste, Nahon, Paul ; Directeur de la photo, Flamand, Thierry ; Monteur, Lustgarten, Elisabeth ; Opérateur de prise de vue, Monsigny, Bernard ; Opérateur de prise de son, Blais, Christophe ; Participant, Monchicourt, Marie Odile
|Texte=Journaliste, Monchicourt, Marie Odile ; Journaliste, Nahon, Paul ; Directeur de la photo, Flamand, Thierry ; Monteur, Lustgarten, Elisabeth ; Opérateur de prise de vue, Monsigny, Bernard ; Opérateur de prise de son, Blais, Christophe ; Participant, Monchicourt, Marie Odile
Ce reportage pourra être comparé à une émission réalisée 11 ans plus tard sur le même sujet : https://medfilm.unistra.fr/wiki/Vers_un_monde_sans_sourds_%3F
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|Texte="SORTIR DU SILENCE. L'on suit JOELLE, 34 ans, sourde de l'oreille droite, elle a peu a peu perdu le peu d'audition qui lui restait à l'oreille gauche en février 1993. Or le professeur CHOUARD a mis au point un implant cochléaire miniaturisé qui envoie des electrodes dans le conduit auditif. On propose à JOELLE la greffe de cet émetteur. Elle accepte l'expérience et nous découvrons avec elle son retour à l'OUIE."
|Texte="L'on suit Joëlle, 34 ans, sourde de l'oreille droite, elle a peu a peu perdu le peu d'audition qui lui restait à l'oreille gauche en février 1993. Or le professeur Chouard a mis au point un implant cochléaire miniaturisé qui envoie des électrodes dans le conduit auditif. On propose à Joëlle la greffe de cet émetteur. Elle accepte l'expérience et nous découvrons avec elle son retour à l'ouïe."
Source : InaMediaPro
Source : InaMediaPro
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|Texte=Bien que les premières tentatives de stimulation électrique du nerf auditif aient été faites par André Djourno et Charles Eyriès en 1957, il a fallu plusieurs années avant que les prémices de l’implant cochléaire moderne soient introduites par Graeme Clark en 1987. L’objectif de cet implant est de restaurer l’audition chez les personnes atteintes de surdité profonde. Dès les années 1990, cette innovation suscite un intérêt croissant, bien que son acceptation ne soit pas unanime; notamment au sein de la communauté des personnes sourdes. Un sujet de débat qui demeure toujours aujourd'hui.
|Texte=''Origine et histoire de l’implant cochléaire'''
 
Le premier implant cochléaire est conçu par André Djourno, professeur de physique médicale et mis en place en 1957 par Charles Eyriès, otologiste et anatomiste parisien. Mais l’appareil tombe rapidement en panne quelques semaines après et Djourno, qui s’intéresse peu à la stimulation sensorielle, ne poursuit pas ses recherches. W. House à San Francisco reprend ces travaux et teste de nombreux implants mono-électrodes au début des années 1970. Cependant, ces derniers ne permettent de reconnaître que les rythmes de la parole, ce qui améliore la lecture labiale mais ne permet aucune discrimination des sons de la parole. En parallèle, l'otologiste américain Blair Simmons commence à développer un implant à 6 électrodes. En 1973, Robin Michelson à San Francisco pose un implant à 4 électrodes avec quatre paires d'antennes différentes chez l'homme.<br>
Le professeur Claude-Henri Chouard et le docteur Bernard Meyer posent le premier implant cochléaire multi-électrodes le 22 septembre 1976. Depuis cette opération, l’implant cochléaire multi-électrodes est le seul implant cochléaire toujours utilisé pour les personnes dont la surdité est trop profonde pour être améliorée par un appareil auditif traditionnel. <br>
De nos jours, les implants cochléaires sont numériques et miniaturisés. En France, l’une des premières bénéficiaires de cette avancée est Joëlle Fournil. Son témoignage, relaté dans ce documentaire de 1993, illustre son parcours : l’opération suivie d’une période de rééducation. Cela lui a permis de retrouver l’audition.<br>
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''Le débat au sein de la communauté sourde''<br>
 
Dès les années 1990, cette innovation suscite un intérêt croissant, bien que son acceptation ne soit pas unanime, notamment au sein de la communauté sourde. En effet, on peut souligner que cette avancée médicale suscite des débats d'ordre éthique et culturel. Certains membres de la communauté sourde voient les implants cochléaires comme une menace pour leur identité, leur culture et la langue des signes française (LSF). L’approche médicale, qui parle de "handicap", est mal perçue car il s'agit avant tout d'une question d’identité pour eux. Ils voient l’implantation cochléaire comme une tentative de "corriger" ou modifier cette identité, ce qu'ils ressentent comme un rejet de leur différence. Le documentaire mentionne ces controverses sans les approfondir. Pourtant, ce débat atteint son point culminant en France au début des années 1990, lorsque l’implant cochléaire devient plus accessible (malgré son coût élevé). En 1993 (année de la sortie du documentaire), l’association Sourds en Colère est créée pour dénoncer le manque de consultation des personnes sourdes et le manque de reconnaissance de la LSF. Elle s’oppose notamment au Professeur Chouard, figure clé du développement des implants cochléaires, et critique certaines de ses déclarations. La comédienne Emmanuelle Laborit soutient cette cause.<br>


En effet, il est approprié de souligner que cette avancée médicale suscite des débats d'ordre éthique et culturel. Certains membres de la communauté sourde voient les implants cochléaires comme une menace pour leur identité, leur culture et la langue des signes française (LSF). L’approche médicale, qui parle d’"handicap", est mal perçue, car il s'agit avant tout d'une question d’identité pour eux. L’implantation cochléaire est donc vue comme une tentative de "corriger" cette identité, ce qui est ressenti comme un rejet de la différence.
''Riposte dans l'institution médicale''<br>


Le documentaire mentionne ces controverses sans les approfondir. Pourtant, ce débat a atteint son point culminant en France au début des années 1990, lorsque l’implant cochléaire est devenu plus accessible (malgré son coût élevé). En 1993 (année de la sortie du documentaire), l’association Sourds en Colère est créée pour dénoncer le manque de consultation des personnes sourdes et le manque de reconnaissance de la LSF. Elle s’oppose notamment au Professeur Chouard, figure clé du développement des implants cochléaires, et critique certaines de ses déclarations. La comédienne Emmanuelle Laborit soutient cette cause.
Dans un article du Monde intitulé "Querelle de langage chez les sourds", le Pr Chouard affirme : “La culture sourde est une foutaise. La LSF est utile sur le plan thérapeutique, elle transforme chez certains la notion de handicap en un complexe de supériorité. (...) Une phrase de dix secondes nécessite trente à quarante secondes pour être traduite en langue des signes.” Il estime que la LSF est “un substitut incapable de véhiculer autant de pensées que le langage parlé”. La Dr Fugain, collaboratrice du Professeur Chouard, décrit dans l’un de ses livres la forte opposition à leur travail : “L'hôpital Saint-Antoine [où elle exerce avec le Professeur Chouard] est devenu l'ennemi juré de la puissante association Le Monde des Sourds, et comme les médecins pratiquant des avortements dans les années 60, nous devons parfois être escortés de policiers pour accéder aux conférences où l'on nous convie.


Dans un article du Monde intitulé Querelle de langage chez les sourds, le professeur Chouard affirme : “La culture sourde est une foutaise. La LSF est utile sur le plan thérapeutique, elle transforme chez certains la notion de handicap en un complexe de supériorité. (...) Une phrase de dix secondes nécessite trente à quarante secondes pour être traduite en langue des signes.Il estime que la LSF est “un substitut incapable de véhiculer autant de pensées que le langage parlé”. Le Dr Fugain, collaboratrice du Professeur Chouard, décrit dans l’un de ses livres la forte opposition à leur travail : “L'hôpital Saint-Antoine [où elle exerce avec le Professeur Chouard] est devenu l'ennemi juré de la puissante association Le Monde des Sourds, et comme les médecins pratiquant des avortements dans les années 60, nous devons parfois être escortés de policiers pour accéder aux conférences où l'on nous convie.”
En 1994, le Comité Consultatif National d'Éthique (CCNE) est saisi pour évaluer ces questions. Il reconnait l’efficacité des implants chez les adultes mais recommande, à une époque où la loi française ne reconnait pas encore la LSF comme une langue à part entière (celle loi n'est votée qu'en 2005), que les enfants implantés apprennent aussi la LSF pour assurer leur développement psychique et social. Il donne ainsi un juste milieu. Si Le documentaire ''Sortir du silence'' aborde très peu ces controverses, d'autres émissions le font comme [[https://medfilm.unistra.fr/wiki/Vers_un_monde_sans_sourds_%3|Vers un monde sans sourds]], issu de la série ''L’Œil et la main.''<br>


En 1994, le Comité Consultatif National d'Éthique (CCNE) a été saisi pour évaluer ces questions. Il a reconnu l’efficacité des implants chez les adultes, mais a recommandé que les enfants implantés apprennent aussi la LSF pour assurer leur développement psychique et social. Il a ainsi donné un juste milieu.
''Évolution de l’implant cochléaire: de 1993 à nos jours''


Si Le documentaire Sortir du silence aborde très peu ces controverses, certaines le font comme Vers un monde sans sourds ?, issu de la série L’Œil et la main.
Le documentaire présente l’implantation cochléaire de 1993. Mais depuis, les avancées technologiques et médicales ont considérablement modifié le processus de cette opération, le matériel utilisé, et la rééducation qui en découle. En 1993, ce parcours de prise en soin était relativement nouveau. De nos jours, les implants cochléaires sont nettement plus petits et conçus pour une implantation plus précise et moins intrusive. La technologie a connu des avancées considérables, proposant une qualité sonore améliorée et une diminution des effets indésirables (cf. Zeng et al., 2008). L'approche de la rééducation a aussi progressé : loin de se focaliser uniquement sur l'accoutumance à des bruits élémentaires, les patients actuels profitent de traitements plus individualisés et d'équipements plus élaborés, facilitant une meilleure compréhension et identification des sons dans des contextes plus complexes (cf. Gifford et al., 2014). Des appareils sans fil et miniaturisés font aussi partie des dispositifs contemporains, facilitant ainsi une écoute plus aisée dans des situations comme les conversations téléphoniques ou dans des lieux bruyants (cf. Bergh et Liagre-Callies, 2012).


En France, l’une des premières bénéficiaires de cette avancée est Joëlle Fournil. Son témoignage, relaté dans ce documentaire de 1993, illustre son parcours: l’opération suivie d’une période de réhabilitation. Cela lui permettra de retrouver l’audition.
''Le Minitel : Aide à la communication pour les personnes sourdes et malentendantes''<br>
 
À partir des années 1980 en France, le Minitel est utilisé par les personnes sourdes pour communiquer. Il permet d’échanger par écrit en temps réel, offrant ainsi une alternative au téléphone. Ce reportage montre Joëlle Fournil communiquer avec sa mère avant son opération grâce au Minitel. Selon Yann Cantin (2012), le Minitel a représenté une véritable révolution culturelle chez les personnes sourdes, leur permettant de dialoguer à distance sans dépendre des entendants. Des services comme le 3618 ou "Minitel dialogue" facilitaient les échanges entre utilisateurs sourds (Sourds.net, 2009). Cependant, son usage n’était pas sans limites. La maîtrise du français écrit était indispensable, ce qui excluait certaines personnes sourdes peu à l’aise avec l’écrit ou le français de manière globale. Le Minitel étant limité à la France, il ne permettait pas de communiquer avec des personnes à l’étranger. De plus, Il s’agissait également d’un dispositif avec un certain coût (tarification à la minute).<br>
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|Direction regard spectateur={{HTDirige
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|Langue=fr
|Texte=Le reportage cherche principalement à diriger le regard du spectateur de manière émotionnelle et immersive. Le spectateur s’identifie à Joël.
|Texte=''Le bruit qui paraît étrange : un symbole de la surdité ''<br>


Le rôle de mère de Joël est particulièrement mis en avant ce qui crée une proximité émotionnelle avec le spectateur qui peut facilement se projeter dans la situation, que ce soit en tant que parent ou en tant qu’enfant.  
La bande son du reportage fait entendre un bruit qui suggère le souffle de l'acouphène (peut-être celle que Joëlle décrivait comme le seul son qu’elle entendait dans son état de surdité totale). Ce dernier persiste tout au long du film, pour mettre le spectateur dans le point de vue de Joëlle: une personne confrontée à la surdité. Ce bruit symbolise la déconnexion de Joëlle avec le monde sonore, essayant d'illustrer de manière sensorielle ce qu’elle ressent au quotidien. Ce bruit prend tout son sens à 23’42, où il est utilisé pour souligner le contraste entre la perception du monde de Joëlle avant et après le branchement de l’implant cochléaire. Ce son, presque dérangeant, devient un outil puissant pour exprimer le ressenti de Joëlle, renforçant la tension et l’isolement auxquels elle doit faire face. Il soutient la mise en scène d’une expérience intime, et participe à la construction du documentaire qui place le spectateur dans la perspective de Joëlle: lui faisant voir le monde à travers ses yeux plutôt que comme un simple observateur.


Contrairement à un documentaire purement médical, ici l’histoire est humanisée. le spectateur ne regarde pas une avancée médcale en tant que telle, mais le combat d’une femme pour retrouver son autonomie et sa place dans la famille. Cela dirige son regard vers une réaction plus émotionnelle qu’intellectuelle.
''Traitement immersif et factuel de ''Envoyé spécial''''
 
''Envoyé spécial'' adopte une approche immersive, privilégiant l'expérience de Joëlle sans prendre position. Le documentaire adopte une structure séquentielle, mêlant témoignages et descriptions médicales. L'absence de commentaires éditoriaux et la neutralité du ton donnent la possibilité au spectateur de se faire sa propre opinion. L'émission met en évidence les défis et les espoirs associés à l'implantation cochléaire.
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|Présentation médecine={{HTPrés
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|Texte=Dans ce reportage, la santé et la médecine sont présentées sous un double prisme: d’un côté une solution technologique et scientifique qui redonne de l’espoir, et de l’autre, un parcours médical long et éprouvant pour le patient.  
|Texte=Dans ce reportage, la santé et la médecine sont présentées sous un double prisme: d’un côté, la science médicale apporte une solution technologique et scientifique qui redonne de l’espoir ; de l’autre, la prise en charge impose un parcours long et éprouvant pour le patient. <br>
 
L’implant cochléaire est mis en avant comme une avancée qui transforme la vie des personnes atteintes de surdité profonde.  
L’implant cochléaire est mis en avant comme une avancée qui transforme la vie des personnes atteintes de surdité profonde. L’accent est mis sur le fait que la médecine ouvre ses perspectives, permettant à Joël de retrouver une partie de son audition. La consultation avec le chirurgien ORL et les explications sur l'intervention montrent que la médecine est un domaine de progrès, qui tente d’améliorer la qualité de vie des patients.  
Il n’est pas non plus présenté comme une solution miracle. Le reportage montre les étapes complexes du processus: l’opération chirurgicale qui implique une intervention délicate sous anesthésie, la rééducation auditive, qui demande du temps, de la patience, et un apprentissage progressif. L’implant ne rend pas l’audition immédiatement fonctionnelle, il faut une adaptation cognitive et sensorielle. Ce processus implique un accompagnement à long terme.
 
Cependant, l’implant cochléaire n’est pas non plus présenté comme une solution miracle. Il montre les étapes complexes du processus: l’opération chirurgicale qui implique une intervention délicate sous anesthésie, la rééducation auditive, qui demande du temps, de la patience, et un apprentissage progressif. L’implant ne rend pas l’audition immédiatement fonctionnelle, il faut une adaptation cognitive et sensorielle. Tout cela soulignant l'accompagnement à long terme nécessaire.
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|Texte=Le reportage semble viser un public large, mais avec plusieurs niveaux de lecture en fonction des sensibilités et des intérêts de chacun.
|Texte=Tout public
 
De façon générale l’émission Envoyé spéciale est conçue pour être compréhensible par tous, sans nécessiter de connaissances médicales avancées. Le reportage adopte une approche très humaine et immersive.
 
Le ton neutre et objectif permet à chacun de se faire sa propre opinion sur l'implant cochléaire, sans imposer un point de vue.
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|Texte='''L'histoire de Joëlle : De la surdité à l’implant cochléaire (0’13)'''
|Texte='''L'histoire de Joëlle : De la surdité à l’implant cochléaire'''


Joëlle a 34 ans et vit en banlieue parisienne avec son mari et leurs deux enfants. En février 1993, à l'âge de 34 ans, elle perd soudainement l’audition, après avoir souffert d’une surdité progressive pendant plusieurs dizaines d’années. Cette perte soudaine met Joëlle dans un monde silencieux, où le bruit devient lointain et inaccessible, rendant le quotidien difficilement supportable selon elle.<br>
Joëlle vit en banlieue parisienne avec son mari et leurs deux enfants. En février 1993, à l'âge de 34 ans, elle perd soudainement l’audition, après avoir souffert d’une surdité progressive pendant plusieurs dizaines d’années. En ayant porté des prothèses auditives, elle a suivi une scolarité normale. Sa détermination à ne pas se laisser définir par sa surdité l'a amenée à trouver des solutions parfois innovantes pour améliorer sa qualité de vie. Le témoignage de Joëlle est motivé par l’envie d’aider, à travers son expérience, les personnes confrontées à des situations similaires.
Atteinte d'une surdité depuis l'enfant, le parcours de Joëlle est marqué par une difficulté constante pour s'intégrer et surmonter les contraintes de son handicap, surtout en son début de vie. Elle a porté des prothèses auditives et a suivi une scolarité normale. Sa détermination à ne pas se laisser définir par sa surdité l'a amenée à trouver des solutions parfois innovantes pour améliorer sa qualité de vie.(Pour en savoir plus sur son expérience et son témoignage, vous pouvez consulter son histoire complète avec le lien de cette dernière dans la partie référence.) <br>
Le témoignage de Joëlle est motivé par l’envie d’aider, à travers son expérience, les personnes confrontées à des situations similaires.


'''Le choc de la perte d’audition (0’58)'''
'''Le choc de la perte d’audition'''


Avant cette perte d’audition, Joëlle entendait encore quelques sons, comme ceux des voix et du bruit ambiant, mais c’était une perception de plus en plus limitée. En février 1993, elle perdit le peu d'audition qui lui restait. Soudainement, la voix de son fils qu’elle entendait tous les jours devient inaudible, son monde sonore s'effondre et une partie de son quotidien avec, notamment sa vie professionnelle.<br>
Avant cette perte d’audition, Joëlle entendait encore quelques sons, comme ceux des voix et du bruit ambiant, mais c’était une perception de plus en plus limitée. En février 1993, elle perdit le peu d'audition qui lui restait. Ce qui dérange le plus, c’est que sa surdité la sépare des autres, et surtout de ses enfants. Elle se sent complètement isolée. Elle insiste sur l'importance vitale de la communication, la comparant à l'eau: “La communication c’est important, c’est très important. On en a besoin. C’est comme de l’eau” (Joëlle touche son verre d’eau en même temps) (04’02).   
Elle commence à se rendre compte que sa vie d’avant, où elle pouvait entendre les sons de son environnement, est désormais terminée. Ce qui dérange le plus, c’est que sa surdité la sépare des autres, et surtout de ses enfants. Elle se sent complètement isolée. Elle insiste sur l'importance vitale de la communication, la comparant à l'eau: “La communication c’est important, c’est très important. On en a besoin. C’est comme de l’eau” (Joëlle touche son verre d’eau en même temps) (04’02).   


'''L'implant cochléaire, une lueur d’espoir (5’15)'''
'''L'implant cochléaire, une lueur d’espoir'''


Informée par son audioprothésiste, Joëlle décide de se tourner vers la médecine pour retrouver une partie de ce qu’elle a perdu. Elle découvre la solution qu'est l’implant cochléaire. Néanmoins, elle sait aussi que ce sera un long et difficile chemin. L’idée de retrouver des sons, même flous au début, la pousse à se lancer dans cette prise en charge.<br>
Informée par son audioprothésiste, Joëlle décide de se tourner vers la médecine pour retrouver une partie de ce qu’elle a perdu grâce à l’implant cochléaire. Elle se rend au centre hospitalier pour rencontrer le professeur Chouard, un médecin et chirurgien français, spécialisé dans le domaine de l'oto-rhino-laryngologie. Essentiellement connu pour ses travaux sur l’implant cochléaire, il réalise la première implantation cochléaire multi-électrodes à l'hôpital Saint-Antoine à Paris en 1973. Il lui explique le processus complexe de l’implantation et les différentes étapes de la rééducation. Joëlle, pleine d’espoir, se décide et accepte.
Elle se rend donc au centre hospitalier pour rencontrer le professeur Chouard, un médecin et chirurgien français, spécialisé dans le domaine de l'oto-rhino-laryngologie. Essentiellement connu pour ses travaux sur l’implant cochléaire, il réalise la première implantation cochléaire multi-électrodes à l'hôpital Saint-Antoine à Paris en 1973.<br>
Ce dernier lui explique le processus complexe de l’implantation et les différentes étapes de la rééducation. Joëlle, pleine d’espoir, se décide et accepte.


'''La chirurgie et la période post-opératoire (11’45)'''
'''La chirurgie et la période post-opératoire'''


L’implantation cochléaire, une opération délicate qui implique une anesthésie générale. Celle de Joëlle se déroule sans encombre. La rééducation phoniatrique, elle, sera longue et semée d’embûches. Joëlle doit s’adapter à un tout nouveau système auditif. Et chaque petit progrès devient une victoire. <br>
Bloc opératoire. L’implantation cochléaire est une opération délicate qui implique une anesthésie générale. Celle de Joëlle se déroule sans encombre. La rééducation phoniatrique, elle, sera longue et semée d’embûches. Joëlle doit s’adapter à un tout nouveau système auditif. Et chaque petit progrès devient une victoire. <br>
Dès l’activation de l’implant, les premiers sons qu’elle perçoit sont étranges et presque incompréhensibles. Joëlle les compare à des sons de xylophone (14’16). C’est comme entendre une mélodie qu’on ne connaît pas. Mais petit à petit, les sons prennent forme. Et, au fur et à mesure des réglages et de la rééducation, Joëlle commence à comprendre des mots, puis des phrases. C’est un processus épuisant, tant physiquement que mentalement.<br>
Dès l’activation de l’implant, les premiers sons qu’elle perçoit sont étranges et presque incompréhensibles. Joëlle les compare à des sons de xylophone (14’16). C’est comme entendre une mélodie qu’on ne connaît pas. Mais petit à petit, les sons prennent forme. Et, au fur et à mesure des réglages et de la rééducation, Joëlle commence à comprendre des mots, puis des phrases. C’est un processus épuisant, tant physiquement que mentalement.<br>
La rééducation phoniatrique de Joëlle se fera avec le Docteur Fugain, une médecin spécialisée en oto-rhino-laryngologie et phoniatrie. Elle travaille, aux côtés du Professeur Chouard, à l'hôpital Saint Antoine. Elle a également fondé le service « SOS voix » à l'hôpital Foch et écrit sur son expérience dans un livre: “Médecin des voix”. Elle est également la sœur de Michel Fugain (chanteur).
La rééducation phoniatrique de Joëlle se fera avec la Dr. Fugain, une médecin spécialisée en oto-rhino-laryngologie et phoniatrie. Elle travaille, aux côtés du Professeur Chouard, à l'hôpital Saint Antoine. Elle a également fondé le service « SOS voix » à l'hôpital Foch et écrit sur son expérience dans un livre: “Médecin des voix”. (Elle est la sœur du chanteur Michel Fugain).


'''Le premier grande victoire : entendre la voix de ses enfants'''
'''Le premier grande victoire : entendre la voix de ses enfants'''


Le moment le plus émouvant de ce parcours intervient lorsqu’elle réussit à entendre la voix de son fils Florent. Un son qu’elle n’avait plus entendu depuis des mois. Ce moment marque un tournant : elle se rend compte que l’implant cochléaire fonctionne, que la technologie commence à lui offrir la possibilité de retrouver une forme de communication normale. Cependant, ce n’est pas sans difficulté. Par exemple, il semblerait que Joëlle a toujours besoin d’un contact visuel pour la lecture labiale.  
Le moment le plus émouvant de ce parcours intervient lorsqu’elle réussit à entendre la voix de son fils Florent, un son qu’elle n’avait plus entendu depuis des mois. Ce moment marque un tournant : elle se rend compte que l’implant cochléaire fonctionne, que la technologie commence à lui offrir la possibilité de retrouver une forme de communication normale. Cependant, ce n’est pas sans difficulté. Par exemple, il semblerait que Joëlle a toujours besoin d’un contact visuel pour la lecture labiale.  
 
'''Les défis de la rééducation sonore et de la communication (17’30)'''
 
Les jours passent et la rééducation devient de plus en plus exigeante. Au début, les sons sont déformés. Maintenant, le téléphone devient un défi accessible. Joëlle doit se concentrer sur chaque mot prononcé, chaque syllabe, mais avec le temps, les progrès sont tangibles. Ce qui était incompréhensible devient progressivement plus clair. Cependant, il lui faut encore un peu de temps avant de pouvoir parfaitement entendre, surtout dans des environnements bruyants.
 
'''La redécouverte de certaines sons (24’31)'''
 
Joëlle commence à retrouver des sons qu’elle avait oubliés.
Elle entend à nouveau le bruit des pas de ces enfants au réveil, la cloche de l’église, les sons des appareils électroménagers, et même la musique. Ce dernier aspect est particulièrement fascinant pour elle.
Le chant des oiseaux lui paraît terriblement fort et agréable. Bien que ces sons ne soient pas aussi nets que dans son souvenir, ils lui rappellent la beauté du monde sonore.
 
'''Une nouvelle vie (21’16)'''
 
Après plusieurs mois de rééducation et de réglages, Joëlle a retrouvé une vie plus proche de la normale. Elle peut, maintenant, se reconnecter avec le monde qui l’entoure. Elle entend la voix de ses enfants, participe à des conversations avec plus de facilité, et même parle au téléphone. Tout cela fait la joie de Joëlle.
 
Son parcours, bien qu'extrêmement difficile, a été marqué par la persévérance, le soutien de sa famille et la technologie. L’implant cochléaire ne lui a pas redonné une audition parfaite, mais il lui a permis de retrouver une part essentielle de sa vie selon elle, de redécouvrir le monde sonore, et surtout, de ne plus se sentir exclue.
 
'''Capacités linguistiques de Joelle: avant et après implant cochléaire (27’54)'''


Avant son implant cochléaire, Joëlle présentait des omissions de phonèmes, notamment pour ce qui s’agit des fricatives. Sa prosodie était également altérée : sa voix était souvent trop aiguë et manquait de modulation tonale. Elle s’appuyait uniquement sur la lecture labiale pour comprendre son interlocuteur (3’25).<br>
'''Les défis de la rééducation sonore et de la communication'''
Après l’implant cochléaire, elle dit que son intelligibilité s’est nettement améliorée. Elle n’a plus besoin de lire sur les lèvres, comme en témoigne la séquence où son fils l’appelle alors qu’elle lui tourne le dos (32’06). Cela lui permet une meilleure communication notamment de parler au téléphone. Sa prosodie s’est également ajustée : sa voix est devenue moins aiguë et sa modulation plus fluide, bien qu’elle reste encore légèrement altérée. De plus, elle ne présente plus d’omission de phonèmes.<br>
Malgré ces progrès, certaines situations comportent des difficultés. Joelle déclare avoir des difficultés à reconnaître les voix au téléphone et à suivre une conversation dans un environnement bruyant.


'''Le Minitel : Aide à la communication pour les personnes sourdes et malentendantes (9’16)'''
Les jours passent et la rééducation devient de plus en plus exigeante. Au début, les sons sont déformés. Maintenant, la conversation au téléphone devient accessible. Joëlle doit se concentrer sur chaque mot prononcé, chaque syllabe, mais avec le temps, les progrès sont tangibles. Cependant, il lui faut encore un peu de temps avant de pouvoir parfaitement entendre, surtout dans des environnements bruyants.


Dans les années 1980 et plus, le Minitel était utilisé, en France, par les personnes sourdes pour communiquer. Il permettait d’échanger par écrit en temps réel, offrant ainsi une alternative au téléphone. Nous avons un exemple de cela dans le documentaire lorsque Joëlle interagit  avec sa mère avant son opération. Selon Yann Cantin (2012), le Minitel a représenté une véritable révolution culturelle chez les personnes sourdes, leur permettant de dialoguer à distance sans dépendre des entendants.<br>
'''La redécouverte de certaines sons'''
Des services comme le 3618 ou “Minitel dialogue” facilitaient les échanges entre utilisateurs sourds (Sourds.net, 2009). Cependant, son usage n’était pas sans limites. La maîtrise du français écrit était indispensable, ce qui exclut certaines personnes sourdes peu à l’aise avec l’écrit ou le français de manière globale. Le Minitel étant limité à la France, il ne permettait pas de communiquer avec des personnes à l’étranger. De plus, Il s’agissait également d’un dispositif avec un certain coût.


'''Le bruit qui paraît étrange : un symbole de la surdité (23’42)'''
Joëlle commence à retrouver des sons qu’elle avait oubliés. Elle entend à nouveau le bruit des pas de ces enfants au réveil, la cloche de l’église, les sons des appareils électroménagers, et même la musique. Ce dernier aspect est particulièrement fascinant pour elle. Le chant des oiseaux lui paraît terriblement fort et agréable. Bien que ces sons ne soient pas aussi nets que dans son souvenir, ils lui rappellent la beauté du monde sonore.


Le documentaire utilise un bruit qui inspire une acouphène (peut-être celle que Joelle décrivait comme le seul son qu’elle entendait dans son état de surdité totale). Ce dernier persiste tout au long du film, pour mettre le spectateur dans le point de vue de Joëlle: une personne confrontée à la surdité. Ce bruit symbolise la déconnexion de Joëlle avec le monde sonore, essayant d'illustrer de manière sensorielle ce qu’elle ressent au quotidien. Ce bruit prend tout son sens à 23’42, où il est utilisé pour souligner le contraste entre la perception du monde de Joëlle avant et après le branchement de l’implant cochléaire. <br>
'''Une nouvelle vie'''
Ce son, presque dérangeant, devient un outil puissant pour exprimer le ressenti de Joëlle, renforçant la tension et l’isolement auxquels elle doit faire face. Il soutient la mise en scène d’une expérience intime, et participe à la construction du documentaire qui place le spectateur dans la perspective de Joëlle: lui faisant voir le monde à travers ses yeux plutôt que comme un simple observateur.


'''Le rythme du documentaire : avant et après l’implantation'''
Après plusieurs mois de rééducation et de réglages, Joëlle a retrouvé une vie plus proche de la normale. Elle peut, maintenant, se reconnecter avec le monde qui l’entoure. Elle entend la voix de ses enfants, participe à des conversations avec plus de facilité, et même parle au téléphone. Son parcours, bien qu'extrêmement difficile, a été marqué par la persévérance, le soutien de sa famille et la technologie. L’implant cochléaire ne lui a pas redonné une audition parfaite, mais il lui a permis de retrouver une part essentielle de sa vie selon elle, de redécouvrir le monde sonore, et surtout, de ne plus se sentir exclue.


Après l’opération de Joëlle, la cadence devient plus lente et l’atmosphère plus personnelle. L’accent est mis sur des moments quotidiens et des émotions; plutôt que sur des informations scientifiques. L’après-opération marque également le début de la rééducation phoniatrique.<br>
'''Capacités linguistiques de Joelle: avant et après implant cochléaire'''
Cette modification du rythme narratif privilégie la dimension humaine de l’histoire de Joëlle. Couplée à des séquences plus personnelles, il renforce l’émotion du spectateur et donne une nouvelle profondeur à son expérience.


'''Traitement immersif et factuel de Envoyé spécial'''
Avant son implant cochléaire, Joëlle présentait des omissions de phonèmes, notamment pour ce qui s’agit des fricatives. Sa prosodie était également altérée : sa voix était souvent trop aiguë et manquait de modulation tonale. Elle s’appuyait uniquement sur la lecture labiale pour comprendre son interlocuteur. Après l’implant cochléaire, elle dit que son intelligibilité s’est nettement améliorée. Elle n’a plus besoin de lire sur les lèvres, comme en témoigne la séquence où son fils l’appelle alors qu’elle lui tourne le dos (32’06). Cela lui permet une meilleure communication notamment de parler au téléphone. Sa prosodie s’est également ajustée : sa voix est devenue moins aiguë et sa modulation plus fluide, bien qu’elle reste encore légèrement altérée. De plus, elle ne présente plus d’omission de phonèmes. Malgré ces progrès, certaines situations comportent des difficultés. Joëlle déclare avoir des difficultés à reconnaître les voix au téléphone et à suivre une conversation dans un environnement bruyant.
 
Envoyé spécial adopte une approche immersive, privilégiant l'expérience de Joëlle sans prendre position. Le documentaire adopte une structure séquentielle, mêlant témoignages et descriptions médicales. L'absence de commentaires éditoriaux et la neutralité du ton donnent la possibilité au spectateur de se faire sa propre opinion. L'émission met en évidence les défis et les espoirs associés à l'implantation cochléaire.
 
'''Évolution de l’implant cochléaire: de 1993 à aujourd’hui'''
 
Le documentaire présente l’implantation cochléaire de 1993. Mais depuis, les avancées technologiques et médicales ont considérablement modifié le processus de cette opération, le matériel utilisé, et la rééducation qui en découle. Un parcours de prise en soin qui, en 1993, était relativement nouveau. <br>
De nos jours, les implants cochléaires sont nettement plus petits et conçus pour une implantation plus précise et moins intrusive. La technologie a connu des avancées considérables, proposant une qualité sonore améliorée et une diminution des effets indésirables (Zeng et al., 2008). L'approche de la rééducation a aussi progressé : loin de se focaliser uniquement sur l'accoutumance à des bruits élémentaires, les patients actuels profitent de traitements plus individualisés et d'équipements plus élaborés, facilitant une meilleure compréhension et identification des sons dans des contextes plus complexes (Gifford et al., 2014). Des accessoires sans fil font aussi partie des dispositifs contemporains, facilitant ainsi une écoute plus aisée dans des situations comme les conversations téléphoniques ou dans des lieux bruyants (Bergh et Liagre-Callies, 2012).
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|Références={{HTRéf
|Références={{HTRéf
|Langue=fr
|Langue=fr
|Texte='''Aubin-Karpinski, L. (2021).''' Il y a 45 ans : l’épopée de l’implant cochléaire. https://audiologie-demain.com/implant-cochleaire-passe-et-futur/il-y-a-45-ans-lepopee-de-limplant-cochleaire.
|Texte='''Aubin-Karpinski, L. (2021).''' Il y a 45 ans : l’épopée de l’implant cochléaire. https://audiologie-demain.com/implant-cochleaire-passe-et-futur/il-y-a-45-ans-lepopee-de-limplant-cochleaire.<br>
 
'''Aubonnet, B. (2020).'''Dr Claude FUGAIN et Violainede Montclos - Médecin des voix. https://www.encres-vagabondes.com/magazine6/claude_fugain.htm.<br>
'''Aubonnet, B. (2020).'''Dr Claude FUGAIN et Violainede Montclos - Médecin des voix. https://www.encres-vagabondes.com/magazine6/claude_fugain.htm.
'''Bergh, M., & Liagre-Callies, A. (2012).''' Comment téléphoner avec un implant cochléaire ? CISIC. https://www.cisic.fr/vie-quotidienne/telephone/337-a-comment-telephoner-avec-un-ic<br>
 
'''Cantin, Y. (2012).''' Le Minitel et son impact sur la communauté sourde française. https://noetomalalie.hypotheses.org/87.<br>
'''Bergh, M., & Liagre-Callies, A. (2012).''' Comment téléphoner avec un implant cochléaire ? CISIC. https://www.cisic.fr/vie-quotidienne/telephone/337-a-comment-telephoner-avec-un-ic
'''Chemin, A., Follea, L., J.-P.D (1987 - 2000).''' Ensemble d’articles sur la surdité paru sur Le Monde. https://controverses.sciences-po.fr/archive/implantscochleaires/articlespresse.pdf.<br>
 
'''Fournil, J. (n.d.).''' Témoignage de Joëlle, implantée en août 1993. Centre International de Suivi et d'Intégration des Implants Cochléaires (CISIC). https://www.cisic.fr/temoignages/mm-tem-adultes/168-joelle-implantee-en-aout-1993<br>
'''Cantin, Y. (2012).''' Le Minitel et son impact sur la communauté sourde française. https://noetomalalie.hypotheses.org/87.
'''Gifford, R. H., Dorman, M. F., Sheffield, S. W., Teece, K., & Olund, A. P. (2014).''' Availability of binaural cues for bilateral implant recipients and bimodal listeners with and without preserved hearing in the implanted ear. Journal of the American Academy of Audiology, 25(8), 720-735. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24356514/<br>
 
'''Phillipe. (2009).''' La révolution du Minitel chez les sourds.  https://www.sourds.net/2009/02/19/la-revolution-du-minitel-chez-les-sourds/.<br>
'''Chemin, A., Follea, L., J.-P.D (1987 - 2000).''' Ensemble d’articles sur la surdité paru sur Le Monde. https://controverses.sciences-po.fr/archive/implantscochleaires/articlespresse.pdf.
'''Zeng, F. G., Rebscher, S., Harrison, W., Sun, X., & Feng, H. (2008).''' Cochlear implants: System design, integration, and evaluation. IEEE Reviews in Biomedical Engineering, 1, 115-142. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19946565/<br>
 
'''Fournil, J. (n.d.).''' Témoignage de Joëlle, implantée en août 1993. Centre International de Suivi et d'Intégration des Implants Cochléaires (CISIC). https://www.cisic.fr/temoignages/mm-tem-adultes/168-joelle-implantee-en-aout-1993
 
'''Gifford, R. H., Dorman, M. F., Sheffield, S. W., Teece, K., & Olund, A. P. (2014).''' Availability of binaural cues for bilateral implant recipients and bimodal listeners with and without preserved hearing in the implanted ear. Journal of the American Academy of Audiology, 25(8), 720-735. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24356514/
 
'''Phillipe. (2009).''' La révolution du Minitel chez les sourds.  https://www.sourds.net/2009/02/19/la-revolution-du-minitel-chez-les-sourds/.
 
'''Zeng, F. G., Rebscher, S., Harrison, W., Sun, X., & Feng, H. (2008).''' Cochlear implants: System design, integration, and evaluation. IEEE Reviews in Biomedical Engineering, 1, 115-142. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19946565/
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Dernière version du 27 octobre 2025 à 15:48



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Titre :
Sortir du silence
Série :
Pays de production :
Année de diffusion :
1993
Réalisation :
Durée :
36 minutes
Format :
Parlant - Couleur -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Corpus :

Générique principal

Journaliste, Monchicourt, Marie Odile ; Journaliste, Nahon, Paul ; Directeur de la photo, Flamand, Thierry ; Monteur, Lustgarten, Elisabeth ; Opérateur de prise de vue, Monsigny, Bernard ; Opérateur de prise de son, Blais, Christophe ; Participant, Monchicourt, Marie Odile

Ce reportage pourra être comparé à une émission réalisée 11 ans plus tard sur le même sujet : https://medfilm.unistra.fr/wiki/Vers_un_monde_sans_sourds_%3F

Contenus

Sujet

Le parcours d'une adulte devenue sourde totale à qui on pose un implant cochléaire.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

"L'on suit Joëlle, 34 ans, sourde de l'oreille droite, elle a peu a peu perdu le peu d'audition qui lui restait à l'oreille gauche en février 1993. Or le professeur Chouard a mis au point un implant cochléaire miniaturisé qui envoie des électrodes dans le conduit auditif. On propose à Joëlle la greffe de cet émetteur. Elle accepte l'expérience et nous découvrons avec elle son retour à l'ouïe." Source : InaMediaPro

Contexte

Origine et histoire de l’implant cochléaire'

Le premier implant cochléaire est conçu par André Djourno, professeur de physique médicale et mis en place en 1957 par Charles Eyriès, otologiste et anatomiste parisien. Mais l’appareil tombe rapidement en panne quelques semaines après et Djourno, qui s’intéresse peu à la stimulation sensorielle, ne poursuit pas ses recherches. W. House à San Francisco reprend ces travaux et teste de nombreux implants mono-électrodes au début des années 1970. Cependant, ces derniers ne permettent de reconnaître que les rythmes de la parole, ce qui améliore la lecture labiale mais ne permet aucune discrimination des sons de la parole. En parallèle, l'otologiste américain Blair Simmons commence à développer un implant à 6 électrodes. En 1973, Robin Michelson à San Francisco pose un implant à 4 électrodes avec quatre paires d'antennes différentes chez l'homme.
Le professeur Claude-Henri Chouard et le docteur Bernard Meyer posent le premier implant cochléaire multi-électrodes le 22 septembre 1976. Depuis cette opération, l’implant cochléaire multi-électrodes est le seul implant cochléaire toujours utilisé pour les personnes dont la surdité est trop profonde pour être améliorée par un appareil auditif traditionnel.
De nos jours, les implants cochléaires sont numériques et miniaturisés. En France, l’une des premières bénéficiaires de cette avancée est Joëlle Fournil. Son témoignage, relaté dans ce documentaire de 1993, illustre son parcours : l’opération suivie d’une période de rééducation. Cela lui a permis de retrouver l’audition.

Le débat au sein de la communauté sourde

Dès les années 1990, cette innovation suscite un intérêt croissant, bien que son acceptation ne soit pas unanime, notamment au sein de la communauté sourde. En effet, on peut souligner que cette avancée médicale suscite des débats d'ordre éthique et culturel. Certains membres de la communauté sourde voient les implants cochléaires comme une menace pour leur identité, leur culture et la langue des signes française (LSF). L’approche médicale, qui parle de "handicap", est mal perçue car il s'agit avant tout d'une question d’identité pour eux. Ils voient l’implantation cochléaire comme une tentative de "corriger" ou modifier cette identité, ce qu'ils ressentent comme un rejet de leur différence. Le documentaire mentionne ces controverses sans les approfondir. Pourtant, ce débat atteint son point culminant en France au début des années 1990, lorsque l’implant cochléaire devient plus accessible (malgré son coût élevé). En 1993 (année de la sortie du documentaire), l’association Sourds en Colère est créée pour dénoncer le manque de consultation des personnes sourdes et le manque de reconnaissance de la LSF. Elle s’oppose notamment au Professeur Chouard, figure clé du développement des implants cochléaires, et critique certaines de ses déclarations. La comédienne Emmanuelle Laborit soutient cette cause.

Riposte dans l'institution médicale

Dans un article du Monde intitulé "Querelle de langage chez les sourds", le Pr Chouard affirme : “La culture sourde est une foutaise. La LSF est utile sur le plan thérapeutique, elle transforme chez certains la notion de handicap en un complexe de supériorité. (...) Une phrase de dix secondes nécessite trente à quarante secondes pour être traduite en langue des signes.” Il estime que la LSF est “un substitut incapable de véhiculer autant de pensées que le langage parlé”. La Dr Fugain, collaboratrice du Professeur Chouard, décrit dans l’un de ses livres la forte opposition à leur travail : “L'hôpital Saint-Antoine [où elle exerce avec le Professeur Chouard] est devenu l'ennemi juré de la puissante association Le Monde des Sourds, et comme les médecins pratiquant des avortements dans les années 60, nous devons parfois être escortés de policiers pour accéder aux conférences où l'on nous convie.”

En 1994, le Comité Consultatif National d'Éthique (CCNE) est saisi pour évaluer ces questions. Il reconnait l’efficacité des implants chez les adultes mais recommande, à une époque où la loi française ne reconnait pas encore la LSF comme une langue à part entière (celle loi n'est votée qu'en 2005), que les enfants implantés apprennent aussi la LSF pour assurer leur développement psychique et social. Il donne ainsi un juste milieu. Si Le documentaire Sortir du silence aborde très peu ces controverses, d'autres émissions le font comme [un monde sans sourds], issu de la série L’Œil et la main.

Évolution de l’implant cochléaire: de 1993 à nos jours

Le documentaire présente l’implantation cochléaire de 1993. Mais depuis, les avancées technologiques et médicales ont considérablement modifié le processus de cette opération, le matériel utilisé, et la rééducation qui en découle. En 1993, ce parcours de prise en soin était relativement nouveau. De nos jours, les implants cochléaires sont nettement plus petits et conçus pour une implantation plus précise et moins intrusive. La technologie a connu des avancées considérables, proposant une qualité sonore améliorée et une diminution des effets indésirables (cf. Zeng et al., 2008). L'approche de la rééducation a aussi progressé : loin de se focaliser uniquement sur l'accoutumance à des bruits élémentaires, les patients actuels profitent de traitements plus individualisés et d'équipements plus élaborés, facilitant une meilleure compréhension et identification des sons dans des contextes plus complexes (cf. Gifford et al., 2014). Des appareils sans fil et miniaturisés font aussi partie des dispositifs contemporains, facilitant ainsi une écoute plus aisée dans des situations comme les conversations téléphoniques ou dans des lieux bruyants (cf. Bergh et Liagre-Callies, 2012).

Le Minitel : Aide à la communication pour les personnes sourdes et malentendantes

À partir des années 1980 en France, le Minitel est utilisé par les personnes sourdes pour communiquer. Il permet d’échanger par écrit en temps réel, offrant ainsi une alternative au téléphone. Ce reportage montre Joëlle Fournil communiquer avec sa mère avant son opération grâce au Minitel. Selon Yann Cantin (2012), le Minitel a représenté une véritable révolution culturelle chez les personnes sourdes, leur permettant de dialoguer à distance sans dépendre des entendants. Des services comme le 3618 ou "Minitel dialogue" facilitaient les échanges entre utilisateurs sourds (Sourds.net, 2009). Cependant, son usage n’était pas sans limites. La maîtrise du français écrit était indispensable, ce qui excluait certaines personnes sourdes peu à l’aise avec l’écrit ou le français de manière globale. Le Minitel étant limité à la France, il ne permettait pas de communiquer avec des personnes à l’étranger. De plus, Il s’agissait également d’un dispositif avec un certain coût (tarification à la minute).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le bruit qui paraît étrange : un symbole de la surdité

La bande son du reportage fait entendre un bruit qui suggère le souffle de l'acouphène (peut-être celle que Joëlle décrivait comme le seul son qu’elle entendait dans son état de surdité totale). Ce dernier persiste tout au long du film, pour mettre le spectateur dans le point de vue de Joëlle: une personne confrontée à la surdité. Ce bruit symbolise la déconnexion de Joëlle avec le monde sonore, essayant d'illustrer de manière sensorielle ce qu’elle ressent au quotidien. Ce bruit prend tout son sens à 23’42, où il est utilisé pour souligner le contraste entre la perception du monde de Joëlle avant et après le branchement de l’implant cochléaire. Ce son, presque dérangeant, devient un outil puissant pour exprimer le ressenti de Joëlle, renforçant la tension et l’isolement auxquels elle doit faire face. Il soutient la mise en scène d’une expérience intime, et participe à la construction du documentaire qui place le spectateur dans la perspective de Joëlle: lui faisant voir le monde à travers ses yeux plutôt que comme un simple observateur.

Traitement immersif et factuel de Envoyé spécial'

Envoyé spécial adopte une approche immersive, privilégiant l'expérience de Joëlle sans prendre position. Le documentaire adopte une structure séquentielle, mêlant témoignages et descriptions médicales. L'absence de commentaires éditoriaux et la neutralité du ton donnent la possibilité au spectateur de se faire sa propre opinion. L'émission met en évidence les défis et les espoirs associés à l'implantation cochléaire.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Dans ce reportage, la santé et la médecine sont présentées sous un double prisme: d’un côté, la science médicale apporte une solution technologique et scientifique qui redonne de l’espoir ; de l’autre, la prise en charge impose un parcours long et éprouvant pour le patient.
L’implant cochléaire est mis en avant comme une avancée qui transforme la vie des personnes atteintes de surdité profonde. Il n’est pas non plus présenté comme une solution miracle. Le reportage montre les étapes complexes du processus: l’opération chirurgicale qui implique une intervention délicate sous anesthésie, la rééducation auditive, qui demande du temps, de la patience, et un apprentissage progressif. L’implant ne rend pas l’audition immédiatement fonctionnelle, il faut une adaptation cognitive et sensorielle. Ce processus implique un accompagnement à long terme.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

25 novembre 1993 sur Antenne 2.

Communications et événements associés au film

Public

Tout public

Audience

Descriptif libre

L'histoire de Joëlle : De la surdité à l’implant cochléaire

Joëlle vit en banlieue parisienne avec son mari et leurs deux enfants. En février 1993, à l'âge de 34 ans, elle perd soudainement l’audition, après avoir souffert d’une surdité progressive pendant plusieurs dizaines d’années. En ayant porté des prothèses auditives, elle a suivi une scolarité normale. Sa détermination à ne pas se laisser définir par sa surdité l'a amenée à trouver des solutions parfois innovantes pour améliorer sa qualité de vie. Le témoignage de Joëlle est motivé par l’envie d’aider, à travers son expérience, les personnes confrontées à des situations similaires.

Le choc de la perte d’audition

Avant cette perte d’audition, Joëlle entendait encore quelques sons, comme ceux des voix et du bruit ambiant, mais c’était une perception de plus en plus limitée. En février 1993, elle perdit le peu d'audition qui lui restait. Ce qui dérange le plus, c’est que sa surdité la sépare des autres, et surtout de ses enfants. Elle se sent complètement isolée. Elle insiste sur l'importance vitale de la communication, la comparant à l'eau: “La communication c’est important, c’est très important. On en a besoin. C’est comme de l’eau” (Joëlle touche son verre d’eau en même temps) (04’02).

L'implant cochléaire, une lueur d’espoir

Informée par son audioprothésiste, Joëlle décide de se tourner vers la médecine pour retrouver une partie de ce qu’elle a perdu grâce à l’implant cochléaire. Elle se rend au centre hospitalier pour rencontrer le professeur Chouard, un médecin et chirurgien français, spécialisé dans le domaine de l'oto-rhino-laryngologie. Essentiellement connu pour ses travaux sur l’implant cochléaire, il réalise la première implantation cochléaire multi-électrodes à l'hôpital Saint-Antoine à Paris en 1973. Il lui explique le processus complexe de l’implantation et les différentes étapes de la rééducation. Joëlle, pleine d’espoir, se décide et accepte.

La chirurgie et la période post-opératoire

Bloc opératoire. L’implantation cochléaire est une opération délicate qui implique une anesthésie générale. Celle de Joëlle se déroule sans encombre. La rééducation phoniatrique, elle, sera longue et semée d’embûches. Joëlle doit s’adapter à un tout nouveau système auditif. Et chaque petit progrès devient une victoire.
Dès l’activation de l’implant, les premiers sons qu’elle perçoit sont étranges et presque incompréhensibles. Joëlle les compare à des sons de xylophone (14’16). C’est comme entendre une mélodie qu’on ne connaît pas. Mais petit à petit, les sons prennent forme. Et, au fur et à mesure des réglages et de la rééducation, Joëlle commence à comprendre des mots, puis des phrases. C’est un processus épuisant, tant physiquement que mentalement.
La rééducation phoniatrique de Joëlle se fera avec la Dr. Fugain, une médecin spécialisée en oto-rhino-laryngologie et phoniatrie. Elle travaille, aux côtés du Professeur Chouard, à l'hôpital Saint Antoine. Elle a également fondé le service « SOS voix » à l'hôpital Foch et écrit sur son expérience dans un livre: “Médecin des voix”. (Elle est la sœur du chanteur Michel Fugain).

Le premier grande victoire : entendre la voix de ses enfants

Le moment le plus émouvant de ce parcours intervient lorsqu’elle réussit à entendre la voix de son fils Florent, un son qu’elle n’avait plus entendu depuis des mois. Ce moment marque un tournant : elle se rend compte que l’implant cochléaire fonctionne, que la technologie commence à lui offrir la possibilité de retrouver une forme de communication normale. Cependant, ce n’est pas sans difficulté. Par exemple, il semblerait que Joëlle a toujours besoin d’un contact visuel pour la lecture labiale.

Les défis de la rééducation sonore et de la communication

Les jours passent et la rééducation devient de plus en plus exigeante. Au début, les sons sont déformés. Maintenant, la conversation au téléphone devient accessible. Joëlle doit se concentrer sur chaque mot prononcé, chaque syllabe, mais avec le temps, les progrès sont tangibles. Cependant, il lui faut encore un peu de temps avant de pouvoir parfaitement entendre, surtout dans des environnements bruyants.

La redécouverte de certaines sons

Joëlle commence à retrouver des sons qu’elle avait oubliés. Elle entend à nouveau le bruit des pas de ces enfants au réveil, la cloche de l’église, les sons des appareils électroménagers, et même la musique. Ce dernier aspect est particulièrement fascinant pour elle. Le chant des oiseaux lui paraît terriblement fort et agréable. Bien que ces sons ne soient pas aussi nets que dans son souvenir, ils lui rappellent la beauté du monde sonore.

Une nouvelle vie

Après plusieurs mois de rééducation et de réglages, Joëlle a retrouvé une vie plus proche de la normale. Elle peut, maintenant, se reconnecter avec le monde qui l’entoure. Elle entend la voix de ses enfants, participe à des conversations avec plus de facilité, et même parle au téléphone. Son parcours, bien qu'extrêmement difficile, a été marqué par la persévérance, le soutien de sa famille et la technologie. L’implant cochléaire ne lui a pas redonné une audition parfaite, mais il lui a permis de retrouver une part essentielle de sa vie selon elle, de redécouvrir le monde sonore, et surtout, de ne plus se sentir exclue.

Capacités linguistiques de Joelle: avant et après implant cochléaire

Avant son implant cochléaire, Joëlle présentait des omissions de phonèmes, notamment pour ce qui s’agit des fricatives. Sa prosodie était également altérée : sa voix était souvent trop aiguë et manquait de modulation tonale. Elle s’appuyait uniquement sur la lecture labiale pour comprendre son interlocuteur. Après l’implant cochléaire, elle dit que son intelligibilité s’est nettement améliorée. Elle n’a plus besoin de lire sur les lèvres, comme en témoigne la séquence où son fils l’appelle alors qu’elle lui tourne le dos (32’06). Cela lui permet une meilleure communication notamment de parler au téléphone. Sa prosodie s’est également ajustée : sa voix est devenue moins aiguë et sa modulation plus fluide, bien qu’elle reste encore légèrement altérée. De plus, elle ne présente plus d’omission de phonèmes. Malgré ces progrès, certaines situations comportent des difficultés. Joëlle déclare avoir des difficultés à reconnaître les voix au téléphone et à suivre une conversation dans un environnement bruyant.

Références et documents externes

Aubin-Karpinski, L. (2021). Il y a 45 ans : l’épopée de l’implant cochléaire. https://audiologie-demain.com/implant-cochleaire-passe-et-futur/il-y-a-45-ans-lepopee-de-limplant-cochleaire.
Aubonnet, B. (2020).Dr Claude FUGAIN et Violainede Montclos - Médecin des voix. https://www.encres-vagabondes.com/magazine6/claude_fugain.htm.
Bergh, M., & Liagre-Callies, A. (2012). Comment téléphoner avec un implant cochléaire ? CISIC. https://www.cisic.fr/vie-quotidienne/telephone/337-a-comment-telephoner-avec-un-ic
Cantin, Y. (2012). Le Minitel et son impact sur la communauté sourde française. https://noetomalalie.hypotheses.org/87.
Chemin, A., Follea, L., J.-P.D (1987 - 2000). Ensemble d’articles sur la surdité paru sur Le Monde. https://controverses.sciences-po.fr/archive/implantscochleaires/articlespresse.pdf.
Fournil, J. (n.d.). Témoignage de Joëlle, implantée en août 1993. Centre International de Suivi et d'Intégration des Implants Cochléaires (CISIC). https://www.cisic.fr/temoignages/mm-tem-adultes/168-joelle-implantee-en-aout-1993
Gifford, R. H., Dorman, M. F., Sheffield, S. W., Teece, K., & Olund, A. P. (2014). Availability of binaural cues for bilateral implant recipients and bimodal listeners with and without preserved hearing in the implanted ear. Journal of the American Academy of Audiology, 25(8), 720-735. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24356514/
Phillipe. (2009). La révolution du Minitel chez les sourds. https://www.sourds.net/2009/02/19/la-revolution-du-minitel-chez-les-sourds/.
Zeng, F. G., Rebscher, S., Harrison, W., Sun, X., & Feng, H. (2008). Cochlear implants: System design, integration, and evaluation. IEEE Reviews in Biomedical Engineering, 1, 115-142. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19946565/

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Sarah Benmahdi, Tasnim Redjem