Préambule
[0:00-0:23] Générique.
[0:23-2:07] Introduction
M. ESCANDE apparaît en gros plan et présente le thème de l'émission en montrant, grâce à des diapositives, l'évolution des hôpitaux en France. Il explique que l'hôpital a pendant longtemps fait peur à la population en raison de ses conditions de séjour. En 1979, les patients ont envie d'hôpitaux avec un grand confort, similaire à celui des hôtels. Il enchaîne avec la présentation des deux invités : Jean Marc SIMON (directeur du plan à l'Assistance Publique de Paris) et Catherine DOLTO (médecin généraliste). La caméra montre les différentes personnes au moment en s'accordant avec les propos de M. ESCANDE. Au cours de l'interview, la caméra alterne entre gros plan et plan d'ensemble, en favorisant nettement le gros plan. Les personnes apparaissent au moment où elles s'expriment ; elles sont parfois brièvement montrées lorsqu'un des autres intervenants parle.
Entretien [2:07-25:23]
Première Question (les questions sont toutes posées par M. ESCANDE) : Pourquoi veut-on humaniser l'hôpital ? Les désirs du public sont-ils pris en compte ?
Réponse de M. SIMON : Les besoins liés au milieu hospitalier sont différents d'avant. Au début, l'humanisation était relativement facile, car il fallait juste rénover les hôpitaux devenus vétustes (les structures datant pour la plupart de la Première Guerre mondiale) et ne convenant plus aux patients. Maintenant, l'humanisation est bien avancée, mais l'administration cherche toujours à satisfaire les nouvelles attentes du public au travers de questionnaires.
Deuxième question : Pouvez-vous expliquer le but de ces questionnaires et rassurer le public ?
Réponse de M. SIMON : Les questionnaires ont pour but d'améliorer les services de santé. Ce que les patients y écrivent ne change en rien la qualité des soins qui leur sont fournis. Lorsque l'on regarde le contenu des questionnaires, on note une envie de plus de confort avec notamment la présence de téléphones dans les chambres, ainsi qu'une demande de relation corps médical-patient plus conséquente. Une série de diapositives commentées par M. ESCANDE apparaissent à l'écran. On y voit des salles communes et des sanitaires vétustes. La dernière diapositive tranche avec la précédente en montrant la façade en béton d'un hôpital "moderne".
Troisième question : "Humaniser le béton" est une de vos expressions, M. SIMON. De quelle manière cela se fait-il?
Réponse de M. SIMON : Tout d'abord par la suppression des lits dans les salles communes. Cela ne signifie pas que les chambres individuelles sont privilégiées par les patients, ces derniers préfèrent souvent les chambres à deux ou à trois lits, car ils se sentent moins seuls. Humaniser le béton, c'est aussi augmenter le personnel hospitalier afin de favoriser le rapport humain. Cela explique l'augmentation des dépenses de santé.
Quatrième question : Mme DOLTO, cela vous embête-t-il d'envoyer des patients à l'hôpital ?
Réponse de Mme DOLTO : Souvent, car il n'y a pas de relais entre le médecin traitant et le médecin d'hôpital ce qui inquiète les patients. M. ESCANDE fait remarquer qu'il s'agit d'un problème qui ne concerne pas l'administration, que seule la communauté des médecins peut faire évoluer la manière dont les dossiers sont transmis d'un médecin à l'autre.
Cinquième question : Est-ce que trop humaniser ne serait pas néfaste?
Réponse de M. SIMON : Cela dépend des structures. Pour les maisons de cure / hospices, il est important de poursuivre les aménagements, car les patients y résident pour de longues périodes et ont donc besoin de se sentir comme chez eux. Dans les hôpitaux, les aménagements sont différents, surtout avec l'arrivée de l'hospitalisation ambulatoire. Il faut également éviter la surhumanisation des hôpitaux.
Sixième question : Jusqu'où envisage-t-on d'aller ?
Réponse de M. SIMON : Encore une fois, cela dépend des structures.
Septième question : Le bénévolat est important, le trouvez-vous bénéfique ?
Réponse de M. SIMON : Il y a quelques décennies, les bénévoles n'étaient pas très bien organisés. Ils se sont depuis constitués en associations, ce qui est une évolution positive, car ils collectent les dons et accompagnent les malades. Attention toutefois à ne pas se substituer au corps médical.
Huitième question : Que dire de la politique des soins ambulatoires ?
Réponse de M. SIMON : Pour moi, il s'agit de la forme la plus parfaite de l'humanisation, car les patients retrouvent rapidement le confort de leurs domiciles. Les soins ambulatoires doivent être encore développés avec la participation du corps médical et en fonction des avancées technologiques.
Neuvième question : Qu'en est-il des soins à domicile ? Est-ce un progrès ?
Réponse de M. SIMON : Oui. Les soins à domicile représentent de nos jours un hôpital de 500 lits, ce qui n'est pas négligeable. Mais le développement de ce type de soins dépend plus des médecins que de l'administration.
Dixième question : Justement, les médecins sont-ils assez formés pour participer activement à l'humanisation ?
Réponse de M. SIMON : Le principal obstacle n'est pas les médecins, mais plutôt l'incompatibilité entre la technicité et la communication.
Intervention de Mme DOLTO : Une patiente envoyée à l'hôpital pour examen a été rassurée par une infirmière dans la salle d'attente. Je ne vois pas d'incompatibilité entre technicité et communication, il faut un personnel conséquent, qui ne soit pas épuisé, pour accompagner les patients.
Onzième question : Va-t-on dépenser de plus en plus pour les hôpitaux ?
Réponse de M. SIMON : Les coûts ne peuvent pas décroître, mais on peut freiner les augmentations en jouant sur les marges de sécurité des hôpitaux, si ces derniers l'acceptent. Le problème de l'augmentation des dépenses se retrouve dans l'ensemble des pays qui possèdent un système médical évolué.
[25:23-26:00] Conclusion
M. ESCANDE conclut l'interview en remarquant que le débat a permis de montrer que le corps médical et l'administration peuvent se mettre d'accord pour faire évoluer la situation, mais que l'humanisation des hôpitaux pose des problèmes techniques qui ne peuvent être résolus du jour au lendemain. La caméra se focalise sur M. ESCANDE pendant ce segment et passe d'un plan d'ensemble à un gros plan pendant qu'il s'exprime.
[26:00-26:19] Générique.