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« La Prostituée » : différence entre les versions
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'''Contexte médico-social''' : En 1649, la prostitution est condamnée par la loi. En Russie impériale, de 1843 à 1908, un examen médical obligatoire des prostituées est cependant introduit. Jusqu’à la révolution, la prostitution n’est pas interdite par le droit pénal mais il existe des peines pour proxénétisme qui sont appliquées. Immédiatement après la révolution de février, toutes les règles de police relatives à la prostitution sont abolies. Les "travailleuses du sexe" tentent de former des syndicats et de défendre leurs droits, comme les autres professions. Le gouvernement soviétique, sur la base de l’idéologie qui règne pendant la période dite du « communisme de guerre » (1918-1921), poursuit des prostituées. Lénine, parmi les mesures d'urgence destinées à prévenir un soulèvement à Nijni-Novgorod, exige qu'on "(fusille) des centaines de prostituées accusées de soûler des soldats". En 1919, un camp de travail forcé pour femmes est établi à Petrograd. 60% de ses prisonnières sont des femmes soupçonnées de prostitution. Dans le même temps, des tentatives de réinsertion sociale des prostituées en tant que victimes du système capitaliste sont entreprises — le film ''La Prostituée'' est un témoignage de cet effort. <br /> | '''Contexte médico-social''' : En 1649, la prostitution est condamnée par la loi. En Russie impériale, de 1843 à 1908, un examen médical obligatoire des prostituées est cependant introduit. Jusqu’à la révolution, la prostitution n’est pas interdite par le droit pénal mais il existe des peines pour proxénétisme qui sont appliquées. Immédiatement après la révolution de février, toutes les règles de police relatives à la prostitution sont abolies. Les "travailleuses du sexe" tentent de former des syndicats et de défendre leurs droits, comme les autres professions. Le gouvernement soviétique, sur la base de l’idéologie qui règne pendant la période dite du « communisme de guerre » (1918-1921), poursuit des prostituées. Lénine, parmi les mesures d'urgence destinées à prévenir un soulèvement à Nijni-Novgorod, exige qu'on "(fusille) des centaines de prostituées accusées de soûler des soldats". En 1919, un camp de travail forcé pour femmes est établi à Petrograd. 60% de ses prisonnières sont des femmes soupçonnées de prostitution. Dans le même temps, des tentatives de réinsertion sociale des prostituées en tant que victimes du système capitaliste sont entreprises — le film ''La Prostituée'' est un témoignage de cet effort. <br /> | ||
À la fin de 1919, une Commission anti-prostitution est créée. <br /> | À la fin de 1919, une Commission anti-prostitution est créée. <br /> | ||
Dans les années de la NEP, la prostitution augmente de nouveau. Elle est pratiquée presque ouvertement par des représentants de toutes les couches de la société. Selon certains sondages, 40 à 60% de la population masculine adulte a recours aux services de prostituées. Une circulaire sur la lutte contre la prostitution est publiée en février 1923. La politique de l’état en matière de prostitution est contradictoire. Au début des années 20, les rafles de police et l'expulsion des prostituées des grandes villes sont communes. Dans la législation nationale de l'époque, la prostitution elle-même n'est ni un crime ni un délit criminel. Le | Dans les années de la NEP, la prostitution augmente de nouveau. Elle est pratiquée presque ouvertement par des représentants de toutes les couches de la société. Selon certains sondages, 40 à 60% de la population masculine adulte a recours aux services de prostituées. Une circulaire sur la lutte contre la prostitution est publiée en février 1923. La politique de l’état en matière de prostitution est contradictoire. Au début des années 20, les rafles de police et l'expulsion des prostituées des grandes villes sont communes. Dans la législation nationale de l'époque, la prostitution elle-même n'est ni un crime ni un délit criminel. Le Code pénal de RSFSR de 1922 contient deux articles à propos de la responsabilité pour les activités dans le domaine du commerce du sexe. Les condamnations qu'ils prévoient vont jusqu’à trois ans d'emprisonnement. L’article 170 définit une peine pour contrainte à la prostitution. L'article 171 prévoit une peine du même ordre pour proxénétisme, tenue d'un bordel et recrutement de prostituées.<br /> | ||
L’aide sociale pour les prostituées devient une préoccupation majeure pour l’État. En 1922 est créé le Conseil Central de lutte contre la prostitution (Центральный Совет по борьбе с проституцией). Au milieu des années 30 est déclaré le principe de lutte contre la prostitution plutôt que contre la prostituée. Ce sont les difficultés de la vie et le mode de vie bourgeois-capitaliste qui sont considérés comme responsables de la prostitution. Les dispensaires vénériens commencent à fournir une assistance aux prostituées et une prise en charge contre les maladies vénériennes. Pour de nombreux conseils locaux, ces institutions deviennent des centres d'organisation de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et la prostitution.<br /> | L’aide sociale pour les prostituées devient une préoccupation majeure pour l’État. En 1922 est créé le Conseil Central de lutte contre la prostitution (Центральный Совет по борьбе с проституцией). Au milieu des années 30 est déclaré le principe de lutte contre la prostitution plutôt que contre la prostituée. Ce sont les difficultés de la vie et le mode de vie bourgeois-capitaliste qui sont considérés comme responsables de la prostitution. Les dispensaires vénériens commencent à fournir une assistance aux prostituées et une prise en charge contre les maladies vénériennes. Pour de nombreux conseils locaux, ces institutions deviennent des centres d'organisation de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et la prostitution.<br /> | ||
L’absence de déclin de la prostitution et les nombreux échecs des programmes d'encouragement pour le retour au travail, etc., provoquent une désillusion et la recherche de nouvelles méthodes de lutte. À la fin des années 30, les cadres du NKVD (Commissariat du peuple aux affaires intérieures) sont obligés de traquer les prostituées et les personnes soupçonnées d'être mêlées à la prostitution. Le 29 juin 1929, le Comité exécutif central de la RSFSR adopte un décret portant "sur les mesures de lutte contre la prostitution". Il envisage l'expulsion des prostituées dans les institutions de travail et de rééducation en 1929-1930. Déjà fin 1927, à la suite de la proposition du commissaire du peuple de la Justice de la RSFSR, on procède au "nettoyage de Moscou" : 400 prostituées sont envoyées aux îles Solovki. À la fin de la décennie, encore 80 prostituées de Leningrad y sont envoyées. Le changement de tendance, de la lutte contre la prostitution à la lutte contre les prostituées et la transition vers la dictature stalinienne mènent à la répression des prostituées et à la négation de l'existence de la prostitution en Union Soviétique.<br /> | L’absence de déclin de la prostitution et les nombreux échecs des programmes d'encouragement pour le retour au travail, etc., provoquent une désillusion et la recherche de nouvelles méthodes de lutte. À la fin des années 30, les cadres du NKVD (Commissariat du peuple aux affaires intérieures) sont obligés de traquer les prostituées et les personnes soupçonnées d'être mêlées à la prostitution. Le 29 juin 1929, le Comité exécutif central de la RSFSR adopte un décret portant "sur les mesures de lutte contre la prostitution". Il envisage l'expulsion des prostituées dans les institutions de travail et de rééducation en 1929-1930. Déjà fin 1927, à la suite de la proposition du commissaire du peuple de la Justice de la RSFSR, on procède au "nettoyage de Moscou" : 400 prostituées sont envoyées aux îles Solovki. À la fin de la décennie, encore 80 prostituées de Leningrad y sont envoyées. Le changement de tendance, de la lutte contre la prostitution à la lutte contre les prostituées et la transition vers la dictature stalinienne mènent à la répression des prostituées et à la négation de l'existence de la prostitution en Union Soviétique.<br /> | ||
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|Texte=Ce film se présente comme un drame social, une fiction où s'entrecroisent les destins difficiles de trois femmes. Cet entremêlement se fait non seulement du point de vue narratif mais également du point de vue du montage (les péripéties de la vie de Lyuba et Nadejda sont montrées non pas successivement mais en parallèle, par une alternance de séquences parfois assez courtes). Chacune de ces femmes est confrontée à plusieurs personnages antagonistes (Tante Varvara et la tenancière de la maison de passe pour Lyuba, le boucher pour Nadejda, son ancienne patronne pour Manka, les clients et les policiers pour les trois femmes) et à un certain nombre de difficultés sociales : absence de logement, alcoolisme du mari, veuvage. Leurs souffrances et celles des enfants sont soulignées par des gros plans souvent assez longs sur leurs visages douloureux ou soucieux. Les "méchants" ont des regards fourbes, des sourires carnassiers et parfois une attitude caricaturale ou grotesque. Ces éléments suscitent un certain nombre d'émotions (pitié, révolte, inquiétude) chez le spectateur dont l'intérêt est également soutenu par la mise en place d'un suspens : les trois héroïnes réussiront-elles à s'en sortir ?<br /> | |Texte=Ce film se présente comme un drame social, une fiction où s'entrecroisent les destins difficiles de trois femmes. Cet entremêlement se fait non seulement du point de vue narratif mais également du point de vue du montage (les péripéties de la vie de Lyuba et Nadejda sont montrées non pas successivement mais en parallèle, par une alternance de séquences parfois assez courtes). Chacune de ces femmes est confrontée à plusieurs personnages antagonistes (Tante Varvara et la tenancière de la maison de passe pour Lyuba, le boucher pour Nadejda, son ancienne patronne pour Manka, les clients et les policiers pour les trois femmes) et à un certain nombre de difficultés sociales : absence de logement, alcoolisme du mari, veuvage. Leurs souffrances et celles des enfants sont soulignées par des gros plans souvent assez longs sur leurs visages douloureux ou soucieux. Les "méchants" ont des regards fourbes, des sourires carnassiers et parfois une attitude caricaturale ou grotesque. Ces éléments suscitent un certain nombre d'émotions (pitié, révolte, inquiétude) chez le spectateur dont l'intérêt est également soutenu par la mise en place d'un suspens : les trois héroïnes réussiront-elles à s'en sortir ?<br /> | ||
Pour deux de ces femmes, la solution | Pour deux de ces femmes, la solution à presque tous les problèmes arrive par l'intermédiaire de personnages salvateurs : le Dr Birman qui, en faisant embaucher Lyuba à l'atelier de couture du dispensaire, lui permet de sortir de la prostitution et Shura, seul personnage masculin positif de tout le film, qui sauve Nadejda de la mort et qui, d'une part, lui trouve un travail et reste loyal à Lyuba après avoir eu connaissance de son passé de prostituée ; et qui, d'autre part, l'incite à avoir une action qui mènera à la "punition des méchants" et à l'éradication d'une anomalie sociale (rédaction d'une lettre aux autorités qui mène à la fermeture de la maison close). On notera que le fait que Shura soit en position de recommander quelqu'un pour un travail sous-entend qu'il est ''komsomolets'', c'est-à-dire qu'il est membre du ''Komsomol'' (l'organisation de la jeunesse du parti communiste de l'Union soviétique). Il représente le "Nouveau Monde" par opposition à tous les autres hommes du film (représentants de "l'Ancien monde") qui exploitent le corps des femmes.<br /> | ||
Dans la lignée de très nombreux films et histoires de façon générale, ''La Prostituée'' respecte les conventions du "Tout est bien qui finit bien" (Lyuba accède à une vie heureuse et insouciante avec un jeune homme bien ; l'avenir de Nadejda et de ses enfants est assuré), à une exception près : Manka ne pourra pas être sauvée car elle a commis l'erreur d'interrompre son traitement contre la syphilis pendant un laps de temps trop long et peut-être aussi de se résigner à son destin de femme déchue au lieu d'essayer de sortir de sa situation comme elle a aidé Lyuba à le faire. C'est elle la véritable héroïne tragique de ce film | Dans la lignée de très nombreux films et histoires, de façon générale, ''La Prostituée'' respecte les conventions du "Tout est bien qui finit bien" (Lyuba accède à une vie heureuse et insouciante avec un jeune homme bien ; l'avenir de Nadejda et de ses enfants est assuré), à une exception près : Manka ne pourra pas être sauvée car elle a commis l'erreur d'interrompre son traitement contre la syphilis pendant un laps de temps trop long, et peut-être aussi de se résigner à son destin de femme déchue au lieu d'essayer de sortir de sa situation comme elle a aidé Lyuba à le faire. C'est elle la véritable héroïne tragique de ce film ; c'est à elle que se réfère le sous-titre du film ː ''Tuée par la vie''. Alors qu'elle donne le plus souvent l'impression de prendre son parti quant à sa condition, elle en est en réalité prisonnière et y succombera.<br /> | ||
Le recours à la fiction et | Le recours à la fiction et les arcs narratifs entremêlés sont en fait un prétexte pour attirer et retenir l'attention du spectateur en lui présentant dans un emballage familier et attrayant le véritable message du film, à savoir la "conférence" avec schémas animés du Dr Birman sur les causes sociales de la prostitution, ses liens avec la propagation des maladies vénériennes et la condamnation des hommes qui vont voir des prostituées (Cf la réaction de Lyuba à l'issue de la conférence (00ː50ː35)). | ||
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|Présentation médecine={{HTPrés | |Présentation médecine={{HTPrés | ||
Version du 9 mai 2023 à 08:31
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Titre :
La Prostituée
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
77 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Générique principal
Contenus
Thèmes médicaux
- Prévention et contrôle des maladies infectieuses et contagieuses. Prévention des épidémies
- Pathologie du système uro-génital. Affections urinaires et génitales
- Maladies infectieuses et contagieuses, fièvres
Sujet
Genre dominant
Résumé
Contexte
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Oui.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Non.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Communications et événements associés au film
Public
Audience
Descriptif libre
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Aleksandra Mouillie-Bannikova, Alexandre Sumpf, Daryna Illenko, Élisabeth Fuchs
- Sous-titres Français : Aleksandra Mouillie-Bannikova, Julie Manuel

