Première partie
Le film met en scène des mutilés au travail, c'est le point essentiel de la question du retour du soldat mutilé dans sa famille, sa réadaptation professionnelle. Il se présente sous une forme aboutie, et est entrecoupé par des cartons décrivant les actions des soldats et parfois le nom de l'appareil qu'ils portent, mais jamais il n'est mention de la cause de leur blessure.
Le premier carton qui introduit le film est intitulé «Rééducation Professionnelle des mutilés conduite par M. Godart, sous-secrétaire d'État au service de santé militaire, Mr Poincaré visite le concours de rééducation agricole de Lyon.». La séquence s'ouvre sur un soldat n'ayant plus de bras droit mais qui, muni d'une prothèse, bêche la terre dans un jardin avec une fourche. En arrière-plan des officiers et des politiques l'observent et s'approchent de lui. Le plan suivant permet de découvrir plusieurs soldats, tous mutilés, accomplissant des travaux agricoles. On remarque qu'ils n'ont pas tous le même degré de blessure : certains possèdent une infirmité moins handicapante, notamment un soldat équipé d'une prothèse à la jambe tandis que d’autres, n'ayant aucune infirmité, travaillent à charger du fumier dans une remorque.
Un deuxième carton présente la scène suivante "Un amputé du bras droit travaille aisément à l'aide de l'appareil Julien." Un soldat qui n'est plus en uniforme, mais qui porte un béret et une tenue de travail, retourne la terre munie d'une fourche. Il n’a plus de bras droit mais un appareillage sophistiqué lui permet d'accomplir les taches agricoles sans difficulté. Troisième carton "L'appareil Julien". L'objectif est cadré sur son bras ce qui permet de bien observer le mouvement effectué par l'appareillage. Un soldat en uniforme ajuste son appareillage, le type d'appareillage est donné, il s'agit d'une prothèse porte-outil "Julien" pour le bras qui permet d'effectuer un mouvement assez sophistiqué et le soldat peut retrouver une fonctionnalité qu'il avait perdue. On remarque que l'appareil fonctionne de la façon suivante : le mutilé insère l'outil dans l'extrémité de l'appareil et serre une vis ce qui permet de maintenir le manche en place. Ce système est adaptable à tous les types d’outils agricoles. Un autre soldat en fait la démonstration en utilisant une pioche.
Le quatrième carton présente un « Amputé de la cuisse ». Devant des hommes politiques et des officiers en visite au centre, un mutilé conduit une charrue. Deux autorités importantes font parties de ce comité : le président Poincaré accompagné du sous-secrétaire d'état Godart responsable du service de santé militaire de 1915 à 1918. Cependant, la caméra ne se focalise pas sur eux mais sur le mutilé. Le soldat fait la démonstration d'un labourage avec une charrue tirée par deux bœufs.
Le cinquième carton, "Amputés battant la faux (Pince Lumière)", présente et met en scène dans cette séquence l'utilisation d'un autre type d'appareillage : la pince Lumière. Les mutilés peuvent saisir un objet dans leur main et effectuer des travaux de précision. Ici ils affûtent une lame de faux. Outre cette fonction la prothèse permet au soldat d'être assez précis pour pouvoir écrire. Un mutilé en fait l'exemple en inscrivant sur un tableau:
"A Lyon le 28 mars 1917Nous avons une si grande idée de l'homme que nous ne pouvons souffrir d'en être méprisé et de ne n'être pas dans l'estime d'une âme, et toute la félicité d'un homme consiste a dans...). Dans cette séquence didactique, la démonstration est faite que toutes les taches agricoles peuvent être effectuées par un mutilé sans aucune difficulté apparente."
Deuxième partie
L'infirmité empêchait souvent le soldat de reprendre sa profession, on lui en trouvait alors une qu'il pouvait accomplir suivant son niveau d'infirmité. Le sixième carton "Rééducation industrielle à l'hôpital 40. Lyon" présente la seconde partie du film. Un panorama filme l'atelier, en insistant particulièrement sur les étagères équipées d'outils.
Le septième carton introduits "Les menuisiers". Un soldat amputé du bras droit et équipé d'une prothèse scie un morceau de bois dans un étau. Un autre fabrique une caisse et en s'aidant de son appareillage enfonce un tenon pour assembler les deux parties en bois. Un tableau derrière lui mentionne la date, le 27 avril 1917. Le film démontre que les soldats peuvent accomplir tout un ensemble de travaux de menuisiers. Les prothèses permettent de tenir les outils. Un soldat peut ainsi sculpter le bois en tenant un ciseau et frapper avec un maillet avec son bras valide. Il semble recevoir des instructions par la personne qui filme. Un soldat rabote un bout de bois toujours avec une prothèse au bras.
Le huitième carton "Le tourneur" présente l'utilisation d'un tour par un mutilé. Le neuvième carton montre l'accomplissement de travaux d'une grande précision par l'utilisation des prothèses. Usant de minutie il parvient tout en s'aidant de son appareillage à monter rapidement une horloge. Le dixième carton "masseurs aveugles" diffère des séquences précédentes, ce n’est plus un mutilé mais un soldat devenu aveugle qui pratique une profession ne nécessitant pas des yeux pour l'accomplir. On comprend à l'aide du carton que le masseur est atteint d'une cécité. Il masse des soldats ayant eu un traumatisme à un membre.
Le film se concentre avant tout sur les soldats ayant perdu un bras. Il met en scène divers travaux manuels que les mutilés peuvent faire. Avec toujours ce discours sous-jacent affirmant que les prothèses leur permettent de retrouver la profession qu'il accomplissait avant la guerre.