Scène de l'accident
Ce film est en grande partie une reconstitution de fiction dans un point de vue documentaire. Tout d'abord, il n'y a pas de générique de début, le spectateur est directement interpellé par un bruit de sirène, qui le met tout de suite en état d'alerte et le laisse attentif. Cela permet de focaliser l'attention de spectateur dès les premières secondes par une information auditive. D'autant plus qu'avec le hors-champ, on ne voit qu'une maison depuis la rue, ce qui renforce le sentiment d'inquiétude: le spectateur ne sait pas ce qu'il s'est passé, mais ces indices permettent de penser qu'un accident a eu lieu dans un lieu habité, et qu'il y a peut-être des blessés.
Une voiture de police arrive alors dans le champ de la caméra, ce qui ne fait que renforcer les soupçons. La voiture s'arrête, puis une deuxième sirène retentit pendant qu'un policier sort précipitamment de la voiture, et le spectateur voit arriver un camion de pompiers. La première hypothèse du spectateur se confirme, un accident a bien eu lieu. Cependant, la scène d'accident n'est pas encore visible, ce qui laisse libre court à l'imagination du spectateur, qui pourrait imaginer le pire.
Après cela, le suspense se poursuit encore avec l'arrivée de curieux qui viennent observer. La caméra s'attarde sur cet attroupement sans montrer l'accident, que le spectateur ne peut pas oublier puisqu'il entend toujours une sirène. On peut d'ailleurs s'étonner sur le fait que les gens arrivent en même temps que les secours. Ceux-ci sont peut-être arrivés très vite.
Enfin, un policier ouvre la porte d'une voiture, qui semble être celle dans laquelle se trouve la victime. La voiture n'est pas très abîmée, si ce n'est un trou dans le pare-brise, en face du conducteur. Le policier semble pourtant préoccupé par l'état de la victime puisqu'il crie aux secours de s'en occuper. Le plan change et on voit une autre voiture, derrière la première, dans laquelle se trouve un autre blessé, qui sort rapidement de sa voiture, sans grande difficulté. On aurait pu s'attendre à une scène bien pire, voire même difficile à voir, mais il n'en est rien : pas de mort, pas de sang et seulement deux blessés. Le plan change de nouveau, la caméra fait un zoom pour se concentrer sur la première victime, qui elle est inconsciente.
Cette scène possède les codes cinématographiques des films d'action avec une alternance des plans rapprochés de la foule et les gros plans sur la victime. Pendant ce temps, une voix off répond à la question du policier "Est-il en vie ?" en expliquant que les secours pourraient causer sa mort puisqu'ils n'ont pas fait les vérifications nécessaires, car le blessé est laryngectomisé. Une réponse bien énigmatique pour le spectateur, qui peut se demander ce qu'est un laryngectomisé, ou bien comment repérer un laryngectomisé et ce qu'il faut faire pour le ranimer. La réponse arrive un peu plus tard, quand un homme, qui se trouve là par hasard, affirme qu'il faut regarder le cou. Un spectateur averti aura remarqué que cet homme parle avec la voix oesophagienne, technique utilisée par les laryngectomisés. Le message "EXAMINEZ LE COU" s'affiche alors en gros et en majuscules à l'écran, indiquant que ce simple geste est important pour la survie du blessé. La musique permet elle aussi d'attirer l'attention du spectateur. Cette courte phrase, facile à retenir et décrivant un geste simple, est comme un slogan, d'autant plus qu'elle constitue le titre du film. Si les médecins doivent retenir une chose du film, c'est bien qu'il faut regarder le cou. En examinant le cou, l'homme montre que le blessé est laryngectomisé, puis la voix off reprend en insistant sur le fait que le blessé a pu être sauvé uniquement parce qu'un laryngectomisé était présent, et qu'il faut donc que les secours soient formés face à cette situation.
Il s'ensuit une explication simple et rapide sur les laryngectomisés et leur réanimation, pendant que la caméra zoome sur le cou de la victime. Cela mobilise l'ouïe et la vision du spectateur pour lui faire comprendre, et surtout retenir, les informations essentielles. Elle est accompagnée d'une musique calme, presque triste, faisant peut-être penser qu'il est dommage que si peu de gens soient formés sur la prise en charge des laryngectomisés, dont le nombre a augmenté depuis 1950, jusqu'à atteindre "des milliers" (selon la voix off) en 1975. (2'54)