Générique sur fond d'une image de la planète Saturne, puis du bâtiment de la maternité tel qu'il apparaît sur la couverture du rapport annuel d'activité de l'hôpital pour l'année 1929 : Annual Report: 1929/ Queen Charlotte's Maternity Hospital (consulté le 17 juillet 2025).
Carton sur fond noir : To Mary, wife of John Brown a son ("Mary, épouse de John Brown, a accouché d'un fils.")
Métaphore animale
Nouveau carton sur fond noir : "Nous commençons là où la plupart des films finissent". Allusion à la conclusion classique des récits de fiction : "Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Dans un parc, un jeune homme rejoint une jeune femme qui s'est assise sur un banc. La jeune femme sourit, le jeune homme lui prend les mains. Gros plan sur fond noir d'une main d'homme qui passe une bague au doigt d'une main de femme. Une métaphore animale s'ensuit : d'abord une tête de cheval noir, puis une tête de cheval blanc, les deux chevaux réunis dans le champ se caressent mutuellement le cou, le plan s'élargit et l'on voit un poulain qui se tient auprès du cheval noir. La métaphore se décline avec les moutons. Un voile pudique est placé sur les scènes de mise bas puisqu'elles ne sont pas montrées (de la même façon, dans la suite du film, la scène d'accouchement est éludée) mais il y est fait allusion de façon très indirecte par des plans rapides montrant le poulain puis l'agneau en train de téter leur mère. Enfin, le récit revient aux hommes et femmes, avec un plan de femme qui serre contre elle un bébé enveloppé dans une couverture. (01:12)
Accouchement à domicile dans un quartier populaire
Fondu au noir, nouveau carton : "Le travail des centres de soins des infirmières de district." Panoramique vertical puis horizontal sur une demeure victorienne filmée en plan d'ensemble. Un plan rapproché permet de lire le panneau affiché au-dessus de sa grille d'enceinte : "Maternité de la reine Charlotte : District n¨°4, Hôpital de jour", avec les jours et horaires d'ouverture. Carton sur fond noir : "Une maison du district qui a connu des jours meilleurs". Une jeune fille est suivie par la caméra en train de descendre hâtivement le perron d'un immeuble, puis de courir dans la rue pour se rendre à la maternité. Elle présente un papier à l'infirmière qui l'a accueillie. l'infirmière note un nom, une adresse et la mention 9th child ("9e enfant") sur une ardoise. Deux de ses collègues sortent du bâtiment et se rendent à bicyclette dans le bâtiment d'où était sortie la jeune femme. Nous comprenons qu'un accouchement va avoir lieu et qu'elles sont sages-femmes. Un médecin les rejoint, que l'une des deux sages-femmes a joint par téléphone depuis une cabine de rue. Sur le perron qu'ils gravissent, quatre enfants attendent. Le médecin et l'une des deux sage-femmes se concertent. Carton : "Ce cas est très compliqué, veuillez appeler le Dr Jones de Harley Street." La mention de la rue où exerce le médecin indique qu'il faut faire appel à un spécialiste tellement l'accouchement est difficile (cf. Paragraphe Harley Street dans la partie Contexte de cette fiche). Plan de rue où une automobile se fraie un chemin parmi des enfants et adolescents qui s'attroupent pour la voir. La venue d'un tel véhicule dans un quartier populaire reste un spectacle. C'est aussi la signature de la présence du médecin spécialiste: son métier lui donne les moyens d'en posséder une automobile mais ce n'est pas le cas du premier médecin qui a été appelé (probablement un general practitioner ou généraliste) qui a dû venir à pied ou à vélo. Raccord avec l'intérieur de l'appartement où le médecin et les sages-femmes ont été conduits. La vaisselle rangée sur les étagères montre que le logis est tenu avec soin même si un carton précédent indiquait que la scène allait se dérouler dans '"une maison du district qui a connu des jours meilleurs" (A house in the district that had seen better days). Porte fermée, que le Dr Jones ouvre et referme derrière lui, plan de réveil, nouveau plan de la porte fermée, plan montrant les frères et sœurs qui attendent sur le perron, nouveau plan du réveil qui indique que trente-cinq minutes se sont écoulées. Nous comprenons que l'accouchement a eu lieu. Raccord avec un bébé qui pleure. Apparition de la sage-femme dans l'intervalle entre le chambranle et la porte qu'elle vient d'ouvrir. Carton : "C'est un garçon!" De nouveau la porte s'ouvre, le Dr John sort en reboutonnant la manchette de sa chemise. Il est suivi par l'autre médecin et l'une des deux sages-femmes. Les deux médecins sur le perron du bâtiment, souriants et manifestement satisfaits de leur travail, se fraient un passage parmi les mômes réunis auxquels ils n'adressent pas un mot. Ceux-ci rejoignent la sage-femme qui les attend sur le seuil, les invitant avec un sourire à aller voir le nouveau-né. (06:15)
L'accueil à l'hôpital : un point de vue subjectif
Carton : "Lorsque le médecin le lui conseille, la mère accouche à l'hôpital." Une sage-femme accueille une femme qui arrive à la maternité, soutenue par une autre femme. Elles prennent l'ascenseur. Carton : "La salle de travail vue par la patiente". Intéressante séquence en plan subjectif qui montre tour à tour le lit d'accouchement (filmé en travelling avant, comme si la patiente s'en approchait pour se coucher dessus), les équipements de la salle, puis les visages de la sage-femme et du médecin en contreplongée qui regardent attentivement vers la caméra (en fait, en direction du visage de la parturiente). Plan sur des flacons, l'un d'eux est étiqueté "éther", la main du chirurgien actionne un robinet qui active l'écoulement de l'éther dans un tuyau relié à un inhalateur. Gros plan en contreplongée sur l'embouchure de l'inhalateur dirigé vers la caméra, c'est-à-dire vers la parturiente, gros plan sur le visage du médecin qui la fixe. La mise au point change, le visage devient flou, puis l'étalonnage passe au négatif, puis noir. Ici, ce n'est pas un accident de développement de la pellicule ni de collage du film qui sont intervenus. Cette séquence emprunte au cinéma expérimental pour pousser la logique de son intention : la personne vit l'accueil, l'installation dans le bloc, l'examen et le passage en anesthésie ; le film incarne ces différentes étapes en restituant la perception optique qu'elle en a eues. Ce choix de réalisation étonnant vise à sensibiliser le personnel médical qui constitue le public à l'expérience que vit le patient qui se confie à ses soins. Il montre également que les femmes n'ont aucune espèce d'agentivité sur leur accouchement qui n'est finalement pour elles qu'un trou noir. Cette constatation est confirmée par le rapport annuel d'activité de l'hôpital pour l'année 1931, Annual Report: 1931 / Queen Charlotte's Maternity Hospital, qui indique page 10 que la proportion de patientes ayant reçu un anesthésiant au cours de l'année précédente est de 96,5 % ! (Consulté le 17 juillet 2025.) Cette ellipse permet également d'éviter de montrer des images d'accouchement à un public qui aurait pu en être choqué. (08:24)
'Socialiser' le discours sur la maternité
Une jeune femme dans un lit d'hôpital avec un bébé dans ses bras. Ils sont filmés en plan rapproché. Elle sourit. Carton : "Aucune mère célibataire n'est refusée". L'approche politique du film se précise : après avoir insisté sur l'expérience de la parturiente pour obliger à prendre en compte son point de vue, il met en jeu les différentes situations privées dans lesquelles elle est susceptible de se trouver. L'intention est de "socialiser" le discours sur la maternité. Nouveau carton : "L'hôpital de Queen Charlotte se soucie de la santé des mères comme celle des bébés." Séquence en montage parallèle d'une femme qui vient d'accoucher et de plusieurs bébés qui dorment, s'agitent ou pleurent. La femme sourit, elle aussi. Vues sur des enfants en bas âge entrain de faire leurs premiers pas ou de tester leur équilibre. Nous voyons en arrière plan des murs de briques, un sol couvert de gravats : c'est l'aire d'apprentissage et d'éveil qui leur est dévolu. Le film s'ancre décidément dans le milieu ouvrier. (09:39)
Les trois manières de lutter contre la fièvre puerpérale
Carton : "Certains ne sont pas aussi chanceux". Montage parallèle qui alterne des vues de pierres tombales dans un cimetière avec celle d'un cadran et d'un balancier de pendule. L'heure indiquée par le cadran dans sa seconde apparition, comparée à l'heure qu'il indiquait dans sa première, suggère l'idée que deux heures se sont écoulées. Carton : "En Angleterre, toutes les deux heures, une femme meurt en couches". Nouveau carton : "La cause la plus importante". Des points de suspension devraient suivre, la phrase n'étant pas finie. Plan d'une main qui présente une culture microbienne. Carton : "le streptocoque hémolytique est la cause principale des fièvres puerpérales." Les cartons suivants indiquent le nombre croissant de femmes qui en sont victimes en Grande-Bretagne : 1109 en 1926 ; 1184 en 1928 ; 1243 en 1930. Un nouveau carton introduit les trois manières de changer "cette situation intolérable". Un autre les dénombre : " des soins prénatals appropriés / un enseignement approfondi des sage-femmes et des étudiants / la recherche". Un autre carton énonce la première manière qui va être explicitée, les soins prénatals tels qu'ils sont appliqués à la maternité du district de Queen Charlotte. Gros plan sur un panneau dans une rue indiquant : "Protection de l'enfance - Raymede". Dans une grande salle, des femmes sont rassemblées en grand nombre. Panoramique sur leurs visages souriants. L'une d'elle ajuste son chapeau cloche. Un carton indique qu'elles vont voir successivement un aumônier et une soeur. Illustration par quelques plans, les visages sont toujours souriants, les futures mères sont à l'aise d'être bien accueillies. Prise de sang et examen au stéthoscope par une femme médecin. La séquence suivante concerne le personnel médical. Nous voyons un médecin s'adresser à une assemblée de personnes vêtues de blouses et qui portent une coiffe. Vue en plongée, une démonstration d'examen de nourrisson. Toujours en plongée, démonstration par une sage-femme sur la façon de manier le nourrisson, cette fois représenté par un mannequin. La sage-femme confie le mannequin à une étudiante qui s'en empare et exécute les gestes qu'elle vient d'apprendre. Une maladresse, le mannequin est lâché. Vue en plongée sur le mannequin gisant sur le sol en mosaïque, dont la posture dans le champ laisse imaginer qu'il s'agit d'un vrai bébé. Le film s'interrompt ici.