Avant le générique de début, un carton : « Je construirai une auto pour la masse, d’un prix si bas que tout homme ayant un bon salaire pourra la posséder. Lui et sa femme béniront Dieu de leur avoir donné accès dans la joie, aux grands espaces vert ». Henri Ford.
Scène d'embouteillage
Gros plans sur des automobilistes. L’un fume, un autre écoute de la musique avec ses écouteurs, tous sont à l’arrêt alors que les coups de klaxon se succèdent. Des automobilistes parlementent, l’un tente de faire la circulation, les autres se tiennent debout immobiles à côté de leur voiture. Enchainement rapide entre différentes images de conducteurs résignés, « otages d’une situation qu’ils ont eux-mêmes créé ». Images de trafic extrêmement dense, panoramique sur Paris avec des bruits de klaxon en fond sonore.
La situation du transport à Paris
Images d’archives avec le témoignage d’un vieil homme qui a vécu les premières heures de l’automobile à Paris : le trafic était déjà dense, avec des voitures bien différentes, c’est une autre époque. Avenue des Champs-Elysées déserte, panorama de Paris au petit matin, trafic fluide, oiseaux qui chantent. Un bus quitte son dépôt, un éboueur entre dans son camion, un coursier prépare sa journée sur sa vespa. La caméra filme la routine d’un habitant de la banlieue parisienne : il sort de sa maison, entre dans sa voiture, et explique sur le trajet à quel point les embouteillages ont rallongé son temps de trajet. Il entre dans les bouchons, le petit matin paisible est supplanté par le stress et le vacarme des véhicules. Le coursier nettoie sa vespa sur une musique entrainante en fond, il est ensuite interviewé : adossé sur son engin, en contre-plongée, Tour-Eiffel en arrière-plan, il explique que la circulation est devenue comme une drogue douce pour lui. La caméra est dans la cabine avec un éboueur à l’arrêt : « Voilà à quoi j’ai droit ce matin ». Briefing matinal dans un commissariat, on tente d’organiser les effectifs pour pouvoir canaliser la circulation de la journée. Une femme explique qu’en 1960, la circulation était pire qu’aujourd’hui, mais que les gens étaient sympathiques.
La voiture, moyen de transport privilégié
Le coursier explique que les gens préfèrent être seuls dans leur voiture dans les bouchons qu’entassés dans un métro. Le métro « c’est la folie » selon lui. Un salarié explique qu’il préfère avoir son univers dans sa voiture, et que ce temps passé seul devient presque une drogue pour lui. Une femme essaie de manœuvrer pour se sortir de l’embouteillage, elle explique que c’est ce qu’elle adore dans ces situations, et que les bus « c’est monstrueux ». La caméra aux côtés de la chauffeuse de bus constate justement qu’une camionnette de police est mal garée en double file alors qu’il y a de la place juste à côté, « un rien nous bloque », retard qui exaspère les usagers. Un éboueur doit pousser lui-même manu militari une voiture mal garée pour pouvoir faire son travail, pourtant il sourit et blague sur la situation. Image d’un piéton bloqué au milieu de la route entre toutes les automobiles qui ne le laissent pas passer et le klaxonnent.
Attitudes vis-à-vis du code de la route
Au volant, un chauffeur poids lourds explique comment il faut griller les feux et couper des voies pour faire son travail. Selon lui, il faudrait être sur la route toute la journée pour comprendre cette nécessité : on le voit supprimer une voie sans hésiter pour pouvoir travailler. La caméra suit en plongée le coursier dans ses zigzags au milieu des embouteillages, il prend ça comme un jeu amusant, il grille « 100 à 200 feux par jour ». « La ville ne devient-elle pas un asile de fous ? »
Caméra dans une voiture, radio allumée qui annonce les ralentissements dans la ville. Embouteillage dans une petite ruelle, l’éboueur se fait klaxonner, il en a l’habitude, une voiture tente de le doubler par le trottoir. Un homme en train de doubler un bus puis plusieurs voitures raconte comment il se prend « pour Prost en plein Paris » : il nous dit aussi qu’il serait bouleversé de renverser un enfant mignon, mais renverser un vieillard « Bon… La vie est plutôt à 20 ans qu’à 70 ans ». Un homme boitant traverse au milieu des voitures. Caméra fixée sur le toit d’un véhicule du SAMU gyrophare allumé, témoignage d’un soignant qui explique l’indifférence des automobilistes dans les embouteillages, même en situation d’urgence. Ils secourent un arrêt cardiaque sur le trottoir, les klaxons redoublent d’intensité, « jour de folie très ordinaire, une femme meurt sur le trottoir, tout le monde s’indigne du ralentissement ».
"Inverser le rapport de chacun aux embouteillages"
Des jeunes en rollers proposent une alternative à la voiture, ils représentent la liberté. Même s’ils sont peu prudents, ils sont en bande et quittent les embouteillages en musique dès qu’ils le veulent. A la sortie d’un bus, une personne âgée agacée dit à la conductrice « On va pas dormir là ». Un homme lit dans les bouchons, plan en contre-plongée. Il explique que "la lecture inverse son rapport à l’embouteillage". Vue du périphérique depuis un pont, travelling vertical vers le bas pour découvrir un couple qui, dans sa voiture à l’arrêt, s’embrasse sur la banquette arrière. Courtes séquences successives sur les embouteillages, tantôt en panoramique, tantôt en gros plan sur un automobiliste. Le film se termine sur l’image d’une voiture à contresens sur le périphérique parisien.