Comment Decroly mesure l’intelligence (00’26 – 01’16)
En plan taille, un homme en blouse blanche et une jeune adolescente, assis autour d’une table. Commentaire : « La première échelle de mesure de l’intelligence mise au point par Binet et Simon au début du siècle faisait essentiellement appel au langage ». Une des variantes de ce test, le Binet-Thermann, consiste en une interprétation de document. Decroly va inventer une autre méthode pour mesurer l’intelligence qui prend en compte des facteurs autres que le langage. S’inspirant des méthodes utilisées en psychologie animale qui consiste à analyser la façon dont le sujet se confronte à un problème pratique simple, Decroly met en place un processus d’apprentissage. En plan large, un chien auquel on montre comment ouvrir une boîte sans laquelle est contenue une croquette.
La boîte de Decroly (01’16 – 03’25)
La boîte de Decroly pivote sur elle-même pendant que le narrateur décrit son fonctionnement. La boîte est composée de mécanismes simples (vis, écrou, mâchoire) mais interdépendants entre eux. Ainsi l’objectif est pour les candidats de cerner les interactions des éléments entre eux pour arriver, grâce à une démarche réflexive, à ouvrir la boîte. Le narrateur explique les interactions entre tous les éléments de la boîte, c’est-à-dire qu’il énonce à voix haute le raisonnement que les candidats devraient poursuivre pour l'ouvrir.
Présentation d’une expérience type (03’25 – 06’00)
Le narrateur rappelle dans un premier temps les basiques d’une expérience de psychologie. Par la présence d’un tableau dans le champ, nous les situons dans une salle de classe.
L’épreuve comporte 3 parties. Dans un premier temps, le sujet examine la boîte pendant 2 minutes sans y toucher puis il va expliciter sa démarche d’ouverture de la boîte. Le psychologue note ses indications. Enfin, il dispose de 5 minutes pour tenter d’ouvrir la boîte. Le psychologue observe et note avec précision les différentes phases de l’épreuve en notant les temps. Le point de vue est celui du sujet aux prises avec l’objet technique à manipuler.
Les tentatives des candidats ( 06’00 – 07’58 )
Jean Pierre, 14 ans. Il va rapidement trouver la solution du problème (1minute 20 secondes). Il va déployer un raisonnement rationnel et réflexif où les étapes nécessaires à l’ouverture de la boîte vont être effectuées dans l’ordre logique. Françoise, 10 ans : elle parvient à effectuer les deux premières étapes mais n’arrive pas à pousser plus loin son raisonnement. Elle ne peut pas faire jouer d’autres éléments de la boîte, elle n’a eu qu’une vue partielle du problème et illustre un cas de demi-réussite.
Nicole, 12 ans : elle touche à toutes les parties de la boîte mais ne comprend pas l’interdépendance des éléments entre eux. Le narrateur commente : «Elle n’aboutit même pas à une analyse sommaire des éléments du problème ».
Étude différentielle des comportements ( 07’58 – 20’00 )
Le film introduit une étude des comportements observés pendant le test.
La première catégorie regroupe les échecs : parmi eux, Jean Patrick 6 ans et demi se contente d’un tâtonnement. La caméra tourne autour de lui sans zoomer ou effectuer de gros plans comme Jean Patrick qui tâtonne « le nez sur la boîte » sans parvenir à structurer une réflexion aboutie. Le narrateur dit qu’il « semble attendre un résultat qui défierait toute logique adulte ».
Évelyne, 7 ans, apparaît comme très timide, les mains cachées sous la table, elle n’ose même pas toucher à la boîte. Le narrateur conclut à un « cas très clair d’inhibition ».
Pierre, au contraire, est décrit comme « agité », ses mouvements sont brusques et rapides mais dénués d’efficacité. De plus, il a une « mauvaise adaptation posturale » plutôt que de bouger la boîte, il bouge autour d’elle. Pierrette, 15 ans, semble avoir un raisonnement binaire qui n’établit aucune stratégie d’ensemble.
Nicole 6 ans et demi : essai d’ouverture direct, répète les mêmes gestes, n’arrive pas à profiter de l’intérêt de l’expérience acquise. Patrick se focalise sur un seul aspect de la boîte et n’analyse pas l’objet technique dans sa totalité.
Le narrateur pointe les causes différentes des échecs : focalisation sur une partie de la boîte, méconnaissance des comportements mécaniques basiques. L’exemple de Robert nous permet de constater qu’en cas de problème, certains candidats cherchent des solutions selon une logique rationnelle tandis que d’autres essayent tout et n’importe quoi mais sans véritable démarche analytique.
Les cas de réussite ( 20’00 – 26’00 )
Cas de Bernard, gestes brefs et saccadés, non coordonnés, pas intégrés dans une série logique. Il n’apprécie le sens de ses gestes que lorsqu’il en voit les résultats ! S’il ne trouve pas immédiatement la solution à ses difficultés, il abandonne et passe à autre chose. Liliane procède aussi par démarche déductive, mais on rencontre au cours de son raisonnement des phénomènes « d’insight » : de révélation suite à ses erreurs et à sa réflexion.
Avec le cas de Joseph, on assiste à la mise en place d’une stratégie. On note un déroulement des différentes étapes dans un ordre logique, le problème est maîtrisé malgré quelques traces de tâtonnements inutiles. Henriette : 15 ans et demi illustre l’ouverture de la boîte de façon rationnelle et sans tâtonnements inutiles en seulement 55 secondes
Traduction graphique des comportements ( 26’00 -36’00 )
L’expérimentateur fait apparaître les différences qualitatives de comportement sur un graphique. Il décompose les différentes étapes nécessaires à l’ouverture de la boîte sur l‘axe horizontal et une échelle de temps en demi-minutes sur l’axe vertical. Sur l’axe horizontal, on place un point à chaque tentative de manipulation d’un élément par un candidat. Ainsi se tracent les étapes du raisonnement du candidat sur le graphique. Un comportement rationnel pour ouvrir la boîte se matérialise ici par une droite qui passe par les points nécessaires à l’ouverture.
Au contraire, si l’on reprend le cas de Bernard, particulièrement agité, qui tentait de nombreuses choses sans raisonnement pour guider son action, sa courbe fait des zigzags et lie ensemble des étapes d’ouverture de la boîte qui ont lieu à des stades très différents.
Ce test permet ainsi d'établir des indicateurs quantitatifs de réussite à partir d'observations qualitatives sur le comportement des candidats.