Les États-Unis sont engagés dans la 2e guerre mondiale aux côtés des Alliés depuis Pearl Harbor (7 décembre 1941). Ils prennent part à la Guerre du Pacifique (Guam, Philippines, Malaisie, Singapour, Birmanie, etc.).
Le sentiment anti-japonais présent dans l’opinion publique américaine de façon particulièrement forte pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier à partir de l’attaque-surprise de Pearl Harbor, trouve son origine à la fin du XIXe siècle, avant même l’arrivée des premiers immigrés japonais.
En février 1875, une loi autorise la naturalisation des « blancs libres, des étrangers d’origine africaine et des descendants d’Africains » uniquement. Elle sera évoquée à de multiples reprises au cours des années suivantes pour justifier le refus de naturaliser des immigrés japonais ainsi que leurs descendants. (Cette disposition n’a été entièrement levée qu’en 1952 par la Loi McCarran-Walter ou Immigration and Nationality Act.)
Les premiers immigrés japonais (essentiellement des ouvriers agricoles installés à Hawaï et en Californie) arrivent en Amérique en 1885. De façon générale, ils sont mal payés, mal traités et parfois lynchés.
En mai 1892, les journaux The Morning Call, The San Francisco Examiner et The San Francisco Bulletin lancent le premier mouvement anti-japonais. Le San Francisco Chronicle le relancera en 1905.
Au début du XXe siècle, la notion de « péril jaune » auparavant associée aux Chinois est appliquée également aux Japonais à l’occasion de leur victoire sur les Russes dans la guerre russo-japonaise.
En 1905, les délégués d’une soixantaine d’organisations ouvrières fondent The Asiatic Exclusion League à San Francisco. Au départ, cette ligue vise uniquement les Japonais et les Coréens.
En 1906, toujours à San Francisco, les enfants « de race japonaise » doivent fréquenter uniquement les écoles asiatiques séparées où sont déjà relégués les enfants d’origine chinoise. Le président Roosevelt obtient la suppression de ce règlement mais doit promettre en échange de limiter l’immigration japonaise.
En mars 1917, la première version du film Patria basé sur le roman The Last of the fighting Channings de Louis Joseph Vance et financé par William Randolph Hearst met en scène des espions japonais qui conspirent pour envahir les États-Unis et s’allient avec des Mexicains. (Par la suite, le président Woodrow Wilson demandera à W. Hearst de retirer les éléments de propagande anti-japonaise de ce film.)
En 1920, la California Alien Land Law renforce la loi de 1913 du même nom qui interdisait aux étrangers non éligibles à la naturalisation de posséder des terres agricoles. À partir de 1920, il leur est également interdit de louer des terres. Cette loi est une réponse à l’intensification du sentiment anti-japonais en Californie. Jusqu’en 1937, dix autres États adopteront une législation semblable.
En 1924, l’Immigration Act (ou Loi Johnson-Reed) stoppe l’immigration japonaise aux États-Unis.
En 1931, l’invasion de la Chine et l’annexion de la Mandchourie par l’armée impériale japonaise sont très critiquées aux États-Unis. Les citoyens américains sont scandalisés par les exactions perpétrées par les Japonais lors de cette guerre (massacre de Nankin en 1937).
Le 7 décembre 1941, les forces aéronavales japonaises attaquent la base américaine de Pearl Harbor (Hawaï) par surprise. Cette attaque entraîne l’entrée en guerre des États-Unis.
Le 22 décembre 1941, le magazine Life publie un article qui explique comment distinguer les Chinois des Japonais sur des critères physiques (les Chinois étant alors considérés comme les malheureuses victimes des Japonais) How to tell Japs from the Chinese (consulté le 10 janvier 2018).
De façon générale, les exactions japonaises (tortures et exécutions de prisonniers de guerre ; massacres de Chinois, Indonésiens, Coréens, Philippins, Indochinois ; femmes forcées de se prostituer dans les bordels militaires, etc.) alimentent et amplifient un sentiment anti-japonais toujours plus fort aux États-Unis.
En février 1942, le président Roosevelt signe le décret présidentiel 9066 qui autorise l’enfermement dans des camps d’internement (appelés pudiquement relocation camps ou camps de relogement) de certains groupes ethniques pour empêcher les activités d’espionnage et sabotage sur le territoire américain.
Même si un certain nombre d’Allemands et d’Italiens ainsi que des Américains d’origine allemande ou italienne ont été retenus dans ces camps, ce sont majoritairement des Japonais et descendants de Japonais qui ont été touchés par cette mesure (plus de 110 000 personnes réparties dans une dizaine de camps dans l’ouest des États-Unis). Ils ont été libérés en 1944 pour certains et en 1945 pour tous les autres.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la propagande s’attaque encore plus aux Japonais qu’aux ressortissants des autres pays de l’Axe. Au début de la guerre, les artistes les représentent comme des personnages myopes, aux dents proéminentes, stupides mais inoffensifs sur des affiches, tracts, dessins, etc. Par la suite, ils en font des ennemis sournois, foncièrement mauvais, sans pitié, sous-humains et visant la domination mondiale.Ils sont parfois associés à l’ennemi allemand par le terme Japanazi.
À noter qu’ils s’expriment fréquemment en pidgin anglais.