La peur de la piqûre
Le film s'ouvre sur le gros plan d'un œil regardant à travers le trou d'une serrure. Un enfant, venu se faire vacciner, semble s'inquiéter face à ce qui l'attend dans le cabinet. D'autres, patientant dans un fauteuil, semblent tout aussi préoccupés. Une voix off se met rapidement à commenter l'action, et évoque une invasion inconnue à venir. L'enfant regardant par la serrure tombe, passe la porte, et se retrouve face au médecin qui l'accueille et le relève en souriant.La voix off rappelle que la maladie guette les enfants. Afin de prévenir cette invasion, la première vaccination de Tobby, l'enfant, est nécessaire. On le fait asseoir sur un siège médical pour le préparer : celui-ci semble inquiet. Alors que le médecin et l'infirmière reviennent avec une aiguille, il refuse qu'on le vaccine. La voix off commente ses impressions et déclare que pour soulager son appréhension, ainsi que celle des autres, une explication générale va être donnée à propos du principe de la vaccination.
Le corps humain en temps de paix – l’invasion
L'infirmière fait rentrer le reste du groupe, auquel le docteur compte expliquer le fonctionnement du corps humain, et en premier lieu, l'action dont il est le théâtre lorsque l'on tombe malade. Ainsi, le médecin commence son explication à l'aide de planches explicatives qui s'animent et exposent l'intérieur du corps. La voix off commente les images : l'intérieur d'un être humain serait organisé telle une ville, composée de bâtiments, d'usines, et de travailleurs chargés de son fonctionnement. Le praticien choisit de présenter aux enfants les « petits travailleurs », les globules, par l'intermédiaire d'un microscope. Puis, la scène suivante montre à nouveau l'intérieur animé du corps humain, vivant paisiblement sans crainte d'une menace.
La musique change brutalement, la maladie survient en gros plan, représentée par une espèce noire, à quatre pattes. Celle-ci profite de l'entrée des aliments par la bouche, d'une « livraison d'épicerie » selon le commentaire, pour entamer son invasion. Une fois entrée, la maladie commence à se multiplier, et une fois devenue une véritable armée, surpasse les « petits travailleurs » non préparés à la guerre, pour occuper totalement le corps humain. La ville est détruite, rien n'a pu arrêter la maladie.
L’arme-miracle : le vaccin – la victoire sur l’envahisseur
La voix off explique que si la ville, en réalité le corps humain, a péri, c'est par manque de préparation et de protection. Mais arrive « l'arme » ultime mise au point par l'homme et sa médecine, la vaccination. Évoquant au passage les grands scientifiques ayant contribué à la découverte de cette pratique médicale, le commentaire s'évertue ensuite à décrire méticuleusement l'image qui nous est exposée : on découvre le vaccin, une entité verte décrite comme un « petit personnage », et son injection à l'intérieur du corps humain à l'aide d'une aiguille. Une fois à l'intérieur, les « travailleurs », ici nommé les « veilleurs » détectent leur entrée et l'interprètent comme une invasion. Les usines du corps se mettent donc immédiatement à produire de grandes quantités d'armes – des chars, des missiles et mêmes des avions ! – dans le but de contrer ces envahisseurs, qu'ils battent et repoussent sans difficulté.
Ainsi, comme le fait remarquer le commentaire et comme on l'observe dans les scènes suivantes, le corps humain dispose à présent de considérables réserves d'armes, qu'il peut utiliser contre une véritable invasion. Dès lors, quand arrive la maladie par transport aéroporté, en rentrant par les voies nasales, les forces du corps ont les moyens de la repousser. On assiste ainsi à une bataille entre une armée de défenseurs, munie d'un arsenal conséquent, et la maladie, incarnée par des milliers d'entités noires. Sur une musique entraînante, celle-ci est repoussée et battue à plate couture par les chars, canons et avions des défenseurs du corps humain. Le médecin affiche un sourire satisfait et fait le « V » de la victoire de la main droite.
Dans les scènes qui suivent, épatés par cette victoire obtenue sans difficulté, les enfants s'empressent de passer sur le fauteuil pour être vaccinés. Le commentaire explique en détail la manière dont on procède au vaccin, puis pour terminer, constate que chaque enfant possède désormais à l'intérieur de lui-même, une véritable armée mobilisée pour combattre l'invasion. Le médecin fait sortir les enfants, dont l'un fait le salut militaire et repart en marchant au pas.
Un message véhiculé par son contexte, un contexte rappelé par le message
En réalité, les scènes auxquelles on assiste dès le milieu du film, préparatifs à l'invasion, construction d'armes « modernes et mécanisées », puis véritable bataille rangée, évoquent chaque corps dont peut être composée une armée, et font directement écho au contexte de l'époque. Ils rappellent la menace que représentent les forces de l'axe dans le monde et le barrage que sont les Alliés, les États-Unis en l'occurrence, à leur domination. Cet aspect apparaît plus clairement encore quand apparaît, après que les défenseurs du corps aient repoussé la maladie, le « V » de la victoire, rappelant Victory program mise en place par Roosevelt en 1942 afin de faire des États-Unis l'arsenal des nations alliées, et de contrer les armées ennemies.
Ainsi, ce film possède un but pédagogique double, d'une part car il met l'accent sur les bienfaits de la vaccination chez les plus jeunes, d'autre part car il vante les politiques militaires américaines et les mesures prises par le gouvernement pour défendre le pays.