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« Dérapages » : différence entre les versions
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Le choix des personnes interrogées, mêlant les deux sexes et plusieurs générations, correspond à un souci de représenter la diversité de la population touchée par l'ivresse festive. Il insiste cependant sur la catégorie de la classe moyenne par l'importance de personnes habillées comme des employés du tertiaire, avec un langage qui reste | Le choix des personnes interrogées, mêlant les deux sexes et plusieurs générations, correspond à un souci de représenter la diversité de la population touchée par l'ivresse festive. Il insiste cependant sur la catégorie de la classe moyenne par l'importance de personnes habillées comme des employés du tertiaire, avec un langage qui reste soutenu malgré l'influence de la boisson. Un jeune homme explique que la succession des tournées étant déterminé par un principe d'invitations mutuelles au sein d'un groupe, le nombre de verres pris par chacun dépend du nombre des personnes constituant le groupe. Un homme d'allure sexagénaire distingue de manière subtile et sophistique la gaieté de l'ivresse : il a été sujet à l'un, pas à l'autre. Un jeune homme fait l'inventaire des "trucs" pour "atténuer l'effet de l'alcool" comme l'absorption de sucre. Une jeune femme, interrogée à table avec des amis, abonde en affirmant qu'elle se ventile en ouvrant les fenêtres quand elle conduit. Sa voisine se moque de ses formulations hypocrites, elle la tance avec un sourire complice. Un homme à la même table, aux gestes heurtés et à la voix grasseyante, caractéristiques du comportement dû à l'ivresse, affirme : "Bien boire, c'est pas se torcher! J'estime qu'avec un gramme, ou un gramme deux, je peux prendre le volant et je suis pas du tout dangereux". Ici est pointée la dénégation bravache des personnes qui, assumant leur ivresse, prétendent pour autant continuer de se contrôler et d'agir de manière responsable. | ||
- Extraits. | - Extraits. | ||
Dans un restaurant-dancing, un homme qui dîne avec une femme se montre réticent à lui offrir un nouveau verre : "Alors, on a des oursins dans la poche, mon grand?" Réplique à la Audiard, caractéristique d'un cinéma policier aux dialogues argotiques fort en vogue à cette époque et qui a gardé sa popularité. C'est une première évocation de la culture associée à l'alcool, où entre l'humour des formules plaisantes et créatives que créé la conversation du milieu du banditisme (cf. les éditions de compilations de brèves de comptoir par Jean-Marie Gourio à partit de 1991). Autre extrait : le papy au béret, qui se lève avec difficulté de la tablée pour chanter une romance de sa jeunesse, sous les acclamations complaisantes et moqueuses de l'assemblée. Un plan qui fait mémoire de ces rituels de fins de repas festifs où les aînés, par un geste qui trahit leur ivresse, attendrissent et déchoient dans le même temps. (02:19) | Dans un restaurant-dancing, un homme qui dîne avec une femme se montre réticent à lui offrir un nouveau verre : "Alors, on a des oursins dans la poche, mon grand?". Réplique à la Audiard, caractéristique d'un cinéma policier aux dialogues argotiques fort en vogue à cette époque et qui a gardé sa popularité. C'est une première évocation de la culture associée à l'alcool, où entre l'humour des formules plaisantes et créatives que créé la conversation du milieu du banditisme (cf. les éditions de compilations de brèves de comptoir par Jean-Marie Gourio à partit de 1991). Autre extrait : le papy au béret, qui se lève avec difficulté de la tablée pour chanter une romance de sa jeunesse, sous les acclamations complaisantes et moqueuses de l'assemblée. Un plan qui fait mémoire de ces rituels de fins de repas festifs où les aînés, par un geste qui trahit leur ivresse, attendrissent et déchoient dans le même temps. (02:19) | ||
'''Alcool, virilité, voiture''' | '''Alcool, virilité, voiture''' | ||
Des nappes dissonantes de synthétiseur font irruption dans la bande-son, donnant un sentiment de tournis, voire de nausée. | Des nappes dissonantes de synthétiseur font irruption dans la bande-son, donnant un sentiment de tournis, voire de nausée. | ||
Introduction du thème de la voiture en même temps que celui de la valorisation de la virilité par l'alcool. Un des témoins, jeune | Introduction du thème de la voiture en même temps que celui de la valorisation de la virilité par l'alcool. Un des témoins, jeune homme, affirme qu'elle est toujours utile pour amener " au bal les nanas, les copains, les bouteilles". Le commentaire évoque "le sentiment de puissance" que procure la possession et l'usage de ce véhicule. A l'image, l'extrait d'une bande dessinée par Varenne, un des plus gros succès du magazine de bande dessinées pour adultes ''L'écho des savanes'', qui montre un jeune homme qui boit à la bouteille avant cette vantardise : "A moi, Ida, cette nuit je me surpasse". Le film revient, une minute plus loin, sur le stéréotype masculin, entretenu par la littérature et le cinéma, qui consiste à croire que "la réussite d'un homme" tient à l'achat d'une voiture et à la conquête d'une belle femme "au rythme des bouchons qui sautent et des shakers". Un autre témoin, interrogé dans le restaurant de la première séquence, prétend, d'une voix rendue hésitante par l'excès de boisson, qu'un ami pilote de course conduisait mieux quand il avait "un peu bu". A l'image intervient l'archive montrant un crash de voiture. Le principe : l'image démente ce que est dit. Un autre convive affirme que "conduire en état d'ébriété" ôte le sentiment de la peur. Le commentaire, sur d'autres images d'accidents de la route, rappelle que l'alcool cause 5000 morts sur la route chaque année. "Mettre l'alcool au banc des accusés? Pas facile...", ajoute le commentaire.(03:31) | ||
'''"Un pays de production d'alcool"''' | '''"Un pays de production d'alcool"''' | ||
Mise en cause de la valorisation du vin comme élément identitaire et vecteur économique en France. Images d'archive montrant des vendanges, des banquets. "Il y a si longtemps qu'on nous apprend la beauté des vendanges, que tout événement heureux mérite d'être arrosé". Autres images de fêtes et de banquets qui illustrent le double sens de "consommation" d'alcool : en ingérer, en acheter. "Bien entendu, ajoute le commentaire qui garde son registre ironique, l'économie française a besoin d'alcool pour sa santé." La santé qui compte ne serait pas celle du corps et de l'esprit des citoyennes et citoyens, mais celle du pays par ses ressources et sa capacité de production. Alors que la caméra flotte autour d'une tablée où les têtes chavirent et où les verres s'entrechoquent, une voix d'homme hors champ : "On n'est pas un pays d'alcooliques, mais un pays de production d'alcool". (04:18) | Mise en cause de la valorisation du vin comme élément identitaire et vecteur économique en France. Images d'archive montrant des vendanges, des banquets. "Il y a si longtemps qu'on nous apprend la beauté des vendanges, que tout événement heureux mérite d'être arrosé". Autres images de fêtes et de banquets qui illustrent le double sens de "consommation" d'alcool : en ingérer, en acheter. "Bien entendu, ajoute le commentaire qui garde son registre ironique, l'économie française a besoin d'alcool pour sa santé." La santé qui compte ne serait pas celle du corps et de l'esprit des citoyennes et citoyens, mais celle du pays par ses ressources et sa capacité de production. Alors que la caméra flotte autour d'une tablée où les têtes chavirent et où les verres s'entrechoquent, une voix d'homme hors champ : "On n'est pas un pays d'alcooliques, mais un pays de production d'alcool". (04:18) | ||
'''"Des images, des flots d'images..."''' | '''"Des images, des flots d'images..."''' | ||
Retour à la relation alcool-voiture, sur fond de publicités de magazine où chaque élément de décor est valorisé par le traitement photographique et le papier glacé. "Lorsque l'alcool rencontre la voiture, des pactes dangereux sont scellés, entre puissance et agressivité, liberté et fuite en avant, euphorie et oubli du danger." Le discours du film cherche à mettre en pièces un environnement médiatique qui façonne un imaginaire autour de l'alcool, en même temps qu'il pointe les comportements agressifs ou inconséquents dont la consommation d'alcool est responsable. L'alcool est au croisement d'un phénomène double, à la fois la survivance de pulsions archaïques et la sophistication de la culture. D'où ce choix de puiser dans une iconologie fabriquée par la bande dessinée pour adultes ou la publicité, et d'ancrer le commentaire ou les vues documentaires dans la banalité des environnements sociaux, le bar ou la route. Guerre des images : à mesure que la séquence se poursuit, les coupures de presse rapportant le dernier accident de la route se substituent aux précédentes, le gros grain du papier de presse quotidienne succède à la surface chatoyante des pages d'hebdomadaires. "Contre la conscience du risque, des images, des flots d'images. Celles du cinéma, de la publicité, de la consommation. Images d'Epinal de héros chanceux. La réalité, elle, est moins idyllique : 40% des accidents mortels sont dus à l'alcool." | Retour à la relation alcool-voiture, sur fond de publicités de magazine où chaque élément de décor est valorisé par le traitement photographique et le papier glacé. "Lorsque l'alcool rencontre la voiture, des pactes dangereux sont scellés, entre puissance et agressivité, liberté et fuite en avant, euphorie et oubli du danger." Le discours du film cherche à mettre en pièces un environnement médiatique qui façonne un imaginaire autour de l'alcool, en même temps qu'il pointe les comportements agressifs ou inconséquents dont la consommation d'alcool est responsable. L'alcool est au croisement d'un phénomène double, à la fois la survivance de pulsions archaïques et la sophistication de la culture. D'où ce choix de puiser dans une iconologie fabriquée par la bande dessinée pour adultes ou la publicité, et d'ancrer le commentaire ou les vues documentaires dans la banalité des environnements sociaux, le bar ou la route. Guerre des images : à mesure que la séquence se poursuit, les coupures de presse rapportant le dernier accident de la route se substituent aux précédentes, le gros grain du papier de presse quotidienne succède à la surface chatoyante des pages d'hebdomadaires. "Contre la conscience du risque, des images, des flots d'images. Celles du cinéma, de la publicité, de la consommation. Images d'Epinal de héros chanceux. La réalité, elle, est moins idyllique : 40% des accidents mortels sont dus à l'alcool." | ||
Le film bascule franchement dans la gravité en rapportant plusieurs témoignages de personnes qui, en ayant conduit sous l'emprise de l'alcool, ont causé le décès des passagers de leurs véhicules. C'est dans cette séquence que le montage fait douter de la véracité documentaire des témoignages. Un de ces témoins est d'abord filmé en gros plan puis en plan moyen pour montrer qu'il vit désormais sur un fauteuil roulant. Pour aboutir à cette succession dans l'échelle de plan, il faut bine que le personnage filmé en ait été averti : l'écriture a déterminé le filmage, il ne s'est pas ajusté au réel et à la spontanéité des comportements des personnes présentes dans le champ. De même, il est étrange que la femme qui se trouve à un mètre du témoin continue de s'activer comme si elle n'était pas à portée de son récit, et comme si elle n'avait pas conscience de se trouver dans le champ de la prise de vues. | '''Récits tragiques''' | ||
Le film bascule franchement dans la gravité en rapportant plusieurs témoignages de personnes qui, en ayant conduit sous l'emprise de l'alcool, ont causé le décès des passagers de leurs véhicules. C'est dans cette séquence que le montage fait douter de la véracité documentaire des témoignages. Un de ces témoins est d'abord filmé en gros plan puis en plan moyen pour montrer qu'il vit désormais sur un fauteuil roulant. Pour aboutir à cette succession dans l'échelle de plan, il faut bine que le personnage filmé en ait été averti : l'écriture a déterminé le filmage, il ne s'est pas ajusté au réel et à la spontanéité des comportements des personnes présentes dans le champ. De même, il est étrange que la femme qui se trouve à un mètre du témoin continue de s'activer comme si elle n'était pas à portée de son récit, et comme si elle n'avait pas conscience de se trouver dans le champ de la prise de vues. (08:01) | |||
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Version du 14 avril 2024 à 16:12
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Titre :
Dérapages
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
11 minutes
Format :
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Générique principal
Contenus
Sujet
Genre dominant
Résumé
Contexte
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.

