Histoire de la technique obstétricale
Le générique se déroule sur le fond d'une Nativité, Le nouveau né, peinte par Georges de La Tour vers 1648. Le début du film commence avec La chute de l'homme et l'expulsion du paradis terrestre peint par Michel-Ange vers 1510. Le commentaire commence par rappeler les paroles de l'Ancien Testament : "je multiplierai tes peines et tu enfanteras dans la douleur." C'est, ajoute-t-il, "une malédiction qui a pesé sur les femmes et sur les médecins qui les laissaient souffrir." La séquence développe une imagerie de l'accouchement qui commence avec l'Antiquité où celle-ci est comparée à une bataille. "C'est à partir de la Renaissance que l'obstétricie - comme on l'appelait alors - commence à faire des progrès." Un livre ancien est feuilleté par une main bord cadre. C'est un traité qui comporte des planches anatomiques, lesquelles témoignent du souci de "mieux connaître l'appareil génital". Portrait d'Ambroise Paré : c'est par son action que "la France devient le berceau d'une nouvelle science : l'obstétrique." Planche qui montre les "instruments de la chirurgie". Le commentaire rappelle que la science médicale cherche alors à parer aux cas où le col ne s'ouvre pas, c'est un enfant mort qui naît, où il faut pratiquer une césarienne. Nouvelle page de livre ancien intitulée : "Des maladies des femmes grosses et accouchées." Nouvelle étape franchie dans la mise au point de la technique obstétricale avec Jean-Louis Baudelocque et son Art des accouchements de 1781. Le commentaire ajoute que depuis lors, "l'instrumentation n'a plus guère progressé." Une dernière planche est montrée, figurant un bébé dont la tête est saisie aux forceps. Puis un noir, avec le commentaire qui conclut : "Mais il reste la douleur". (02:35)
La douleur utérine, les techniques pour l'atténuer
Séquence en schéma animé pour expliquer anatomiquement la douleur lors de l'accouchement. Des commentaires sont associés à des schémas évolutifs constitués de lignes plus ou moins épaisses de couleur orange sur fond blanc, puis à des dessins réalistes, qui rendent compte du contrôle de la masse musculaire utérine par le système nerveux. "L'autonomie de ce système est toute relative. Notre volonté est sans action sur lui, mais il reçoit des incitations d'origine cérébrale ; en particulier, il subit le contrecoup des phénomènes émotionnels." La douleur remonte au cortex et au thalamus depuis "le faisceau spino-thalamique." Retour aux prises de vues réelles. Dans une salle d'hôpital, vue en angle plat et en plan général d'une femme alitée, reliée à un appareil qui enregistre les contractions utérines. GP sur la courbe plane de l'appareil qui montre que ces contractions ne sont pas douloureuses pendant la grossesse. Puis GP sur la courbe accidentée du même appareil pour montrer qu'au contraire, les contractions du travail le sont. "Pendant le travail, l'utérus garde entre les contractions un tonus plus élevé." Plans successifs de parturientes associés à l'inventaire des différents moyens employés pour atténuer la douleur : anesthésie générale, au chloroforme, à l'éther, au protoxyde d'azote... jusqu'aux injections épidurales de novocaïne." Le commentaire précise que ces modes présentent des inconvénients. Les uns nécessitent un appareillage important, d'autres mobilisent des techniques difficiles, "d'autres sont à la limite de la toxicité pour la mère et surtout pour l'enfant." (06:36)
Les théories et leur transmission aux parturientes
Rappel de quelques travaux récents qui déterminent aujourd'hui l'approche de l'accouchement sans douleur. Vues de campagne anglaise, puis de pages de traités dont il est l'auteur, pour évoquer Grantly Dick-Read : "il a l'idée que la suppression de l'anxiété pourrait permettre d'atténuer, voire même de faire disparaître les réactions douloureuses au cours du travail." Vue d'une page de traité et de photographies de chercheurs pour évoquer Nicolaiev, auteur soviétique qui s'appuie sur les théories de Pavlov. Selon lui, "la douleur du travail résulte d'un réflexe conditionné créé par la crainte de souffrir." La méthode soviétique consiste à faire naître de nouveaux réflexes "et à inhiber les réflexes déjà existants". Cut, vue en plongée, dans une salle pourvue d'un tableau et d'une planche de dessin anatomique, sur un médecin faisant cours à des femmes. "Quelles que soient les conceptions théoriques, reprend le commentaire, instruire les femmes contribue à combattre leur anxiété et à les mettre en confiance." Signifie-t-il que le fondement de ces théories importe peu pourvu que les parturientes, en en prenant connaissance, voient leur appréhension diminuer? Seraient-ce dès lors des théories placébo dont le mérite est avant tout de les apaiser par leur simple assimilation ? Le commentaire précise que ces "causeries" du médecin sont proposées aux femmes à partir du 5e mois de grossesse. Le premier cours consiste à décrire les organes génitaux internes et leurs modifications pendant la grossesse. Le second cours explique les cycles menstruels. Gros plan sur la planche qui montre : sur la partie supérieure, l'évolution du follicule, sa rupture, la formation du corps jaune et les modifications de l'endomètre (muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus et qui est éliminé en période de règles) ; et sur la partie inférieure de la planche, "l'ovule qui tend le follicule, la fécondation, l'oeuf et sa nidation dans la muqueuse utérine pendant que le corps jaune de grossesse continue son évolution." Troisième cours : division de l'oeuf, les stades de son évolution, apparition et évolution de l'embryon. Pour évoquer ce cours, la planche montrée par le médecin devient schéma animé plein cadre. Retour aux vues réelles pour montrer la diversité des modes de présentation de l'enfant, céphalique ou de siège, ou des enfants quand il s'agit de grossesses gémellaires. Quand le médecin a fini son explication, dézoom pour montrer les parturientes présentes qui se lèvent et vont discuter entre elles ou avec le médecin ou la sage-femme présente, qui, rappelle le commentaire, "ne doivent jamais être pressés". Le cours respecte ici le principe de l'éducation populaire qui réserve un espace pour les échanges dans un esprit convivial. (11:05)
Fonds Duvivier 096