Introduction : une préoccupation de tous temps
Jeunes femmes interviewées en micro-trottoir sur leur désir ou non d'enfants. Vues sur une production de pilules. Générique de l'émission Portrait de l'univers.
Introduction du sujet de l'émission sur une alternance d'images : une ambulance qui se rend à un hôpital et une installation plastique évoquant l'avortement clandestin. Commentaire par la voix de Monique Tosello : "Parce que son instinct sexuel n'était pas saisonnier et automatique, ni constant, l'homme a su très tôt que dans ce domaine là aussi il lui faudrait réfléchir... Parce que son instinct sexuel n'est pas uniquement orienté vers la reproduction, l'homme se dit maintenant qu'il vaut mieux prévoir que réfléchir après... car il y a une limitation des naissances qui est vieille comme le monde et qui se fait dans l'ombre, dans la hâte, avec des mains malhabiles. Elle conduit trop souvent à la misère physiologique de la femme" La séquence en montage parallèle se conclut en associant le visage triste d'une femme amenée en civière dans un couloir d'hôpital et des traces de doigts ensanglantés sur le tissu de l'abat-jour qui figure dans l'installation artistique.
Première intervention de l'actrice Monique Lejeune qui lit, de loin en loin dans l'émission, des extraits de Au long de l'émission, Monique LEJEUNE lit des passages du livre "la contraception" dans lequel les docteurs Dalsace et Palmer font état des maladies mortelles provoquées par les avortements clandestins, et prônent une éducation à la contraception. Jacques Varangot, dans son cabinet, à propos de l'avortement : il l'estime préférable à l'avortement. (03:52)
L'histoire de la contraception, les défis actuels
Séq. illustrative, une femme allongée dans son lit éteint la radio, avale une pilule puis se recouche. Devant une assemblée d'étudiants, le professeur de biochimie Etienne-Emile Baulieu retrace l'histoire de la contraception à l'aide de documents montrés par rétroprojecteur (emploi de la gomme arabique - moyens mécaniques anciens - méthode Ogino - mise au point de la pilule avec le portrait de son co-inventeur Gregory Pincus - archive extraite de "Un certain regard" du 17.10.1967) (09:45) Le Pr Jean Jacques, interviewé dans un laboratoire, évoque le travail de Gregory Pincus. Devant un tableau noir puis un écran de projection, le professeur Baulieu explique le fonctionnement hormonal féminin, la fécondation, le cycle menstruel et le mécanisme d'action de la pilule. Vues dans un laboratoire pharmaceutique, fabrication de pilules et expérimentations faites sur les animaux. Interview du Pr Edouard Sakiz, directeur de recherche, à propos des expérimentations effectuées pour évaluer la toxicité de la pilule. Interviewé dans son bureau, Etienne-Emile Baulieu affirme que les pilules actuelles ne comportent pas de danger pour la santé des femmes et ne limitent pas la procréation. (20:47) Dans un laboratoire, ensemble d'une chaîne de production de pilules jusqu'à la mise en plaquettes. Séquence sur les expérimentations : bocaux contenant des embryons de lapins, une laborantine retire des embryons de ratte. Edouard Sakiz explique les tests toxicologiques sur animaux, leur durée jusqu'à mise sur le marché du produit final. Vues sur un chenil. Dans son cabinet, le Pr Baulieu, décrit les maladies, complications et troubles métaboliques liées à la prise de la pilule (33:47)
Liberté sexuelle et contraception
Dans la bande son, Pig de Soft machine, un groupe anglais, d'une notoriété confidentielle, à la jonction du courant psychédélique et du courant progressif : cette citation musicale en 1970 témoigne du souci des concepteurs de l'émission d'associer au discours scientifique qu'ils relaient des références artistiques d'avant-garde. Cette citation s'explique aussi par le thème des paroles de la chanson qui font référence aux attraits érotiques de certains vêtements. Une des tours de Notre Dame filmée en dézoom : la fin du plan montre qu'elle est reflétée dans le miroir d'un magasin. Son enseigne nous indique que c'est un sex shop. Plans brefs sur sa statuaire et son imagerie qui ornent l'intérieur de la boutique. Long travelling sur l'étal des livres : en fait, davantage celui d'une librairie de littérature contemporaine qui comporterait un rayon dédié à l'érotisme d'un point de vue littéraire, sociologique et médical. Il montre tour à tour les couvertures de Soeur Monika d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, Jours tranquilles à Clichy de Henry Miller, L'abbé C. de Georges Bataille, La sexualité féminine de Jacqueline Chasseguet-Smirgel, et La contraception des docteurs Dalsace et Palmer... Suivent des plans d'une installation d'art contemporain qui consiste à positionner derrière des vitrines de boutiques de prêt à porter des mannequins sans vêtements, aux bras reliés à des tuyaux de perfusion, entravées par des sangles, aux cuisses couvertes de bandes de cotons : cette mis en scène au bondage morbide vise sans doute à confronter le public à la réalité médicale que dissimulent les rituels du désir. Le commentaire de Monique Tosello propose une réflexion fondamentale sur la place de la sexualité dans nos modes de vie : "Il y a des sociétés qui deviennent de plus en plus riches. Le sexe y a été longtemps dévalorisé, honteux, il est maintenant mis en évidence, exalté. Mais il reste de toutes façons le domaine que l'on isole de la réalité, c'est le rêve du paradis perdu de l'instinct où l'on donne des permissions mais pas d'éducation. La liberté sexuelle vraie est difficile à conquérir et demande de prendre la personne qui est en face de soi en considération et d'établir avec elle un échange profond." Comme les autres interventions de Monique Tosello dans les émissions scientifiques auxquelles elle participe, celle-ci vise à mettre les innovations scientifiques en perspective de problématiques civilisationnelles, de confronter leur usage à la quête de sens qui travaille la collectivité humaine. Elle enchaîne en insistant sur les nouvelles responsabilités que la contraception entraîne chez les couples qui en disposent. Elle insiste ensuite sur l'inégalité sociale devant son accès : "il y a es gens pour lesquels la pilule est trop chère, où tout est compliqué, même d'aller à une consultation." Vues sur un bidonville où des enfants jouent sans accompagnement adulte, comme livrés à eux-mêmes. (36:25)
Information, éducation, opinions
Interviewés dans son cabinet, le Dr Jacques Varangot affirme qu'ils est favorable à la contraception qui permet de faire venir au monde des enfants désirés. Le Dr Jacques Varangot ajoute qu'il prescrirait la pilule à ses filles. Cabinet de la médecin Suzanne Kepes. Elle explique le rôle important de la relation médecin-patiente dans la consultation sur la contraception. Monique Lejeune lit un second extrait du livre des Drs Palmer et Dalsace dans lequel ils expriment leur souhait de sensibiliser les éducateurs. Le commentaire insiste sur le rôle du psychisme dans la prise de la pilule, plus loin il rappelle que peu, parmi les Françaises qui prennent la pilule, viennent d'un milieu ouvrier. (48:32)
Perspectives : les innovations, les défis démographiques
Dans son cabinet, le Pr Baulieu fait état des pistes pour améliorer la contraception. Il évoque la découverte de la prostaglandine, son action sur le corps jaune, puis la pilule pour hommes. Sur des plans tournés en Afrique noire, montrant un enfant assis au pied de sa mère, du linge qui sèche, paysage désertique, un enfant qui rigole..., le Pr. Baulieu explique que la contraception peut contribuer à relever les défis d'un développement démographique qui devient problématique dans certaines régions du monde au point de susciter un manque de ressources à l'échelle de la planète. Mais selon lui, il n'existe pas de réponse unique, de pilule qui serait la solution suffisante. Il faut que le travail de la médecine soit secondée par des collaborations transdisciplinaires dans le domaine scientifique, notamment par dans les domaines de la sociologie et de la psychologie. Il en appelle aussi au soutien des instances politiques à l'échelle mondiale.
Dernière lecture de Monique Lejeune : "Mais longtemps encore nous nous heurterons à des résistances plus ou moins conscientes aussi longtemps que l'amour et l'acte sexuel seront indissolublement liés à l'idée de procréation." Elle referme le livre et par un regard caméra, interpelle le public. En quittant le champ, elle laisse voir l'affiche devant lequel elle se tenait : il s'agit d'un placard publicitaire qui promeut une marque de lessive. Manière de montrer que l'environnement urbain, largement façonné par les messages marchands, divertissent des questions aussi graves que celle qui vient d'être traitée dans cette émission.