Générique (00’00 – 00’10)
Le générique est composé d'une superposition de 4 prises de vues animées en noir et blanc dans des cadres. Elles représentent toutes des conduites addictives, de la prise d’alcool à la consommation de drogue. Les vidéos vont changer et leurs espaces de projection vont se réorganiser. Le fond sonore est plutôt angoissant, une sorte de Break de Jazz low tempo avec une nappe sans doute joué sur un accord mineur qui donne une tonalité dissonante à la musique et accentue le côté angoissant du générique. Une animation fait le lien entre ces vidéos sous la forme d’une bande rouge qui serpente dans les différents cadres d’image. Cette animation revient sous une forme finale pour introduire le nom de la série « Accro ». Le nom de la série est inséré dans une forme arrondie constituée des bandes rouges qui serpentaient précédemment dans les images. Au centre de cette forme arrondie, sur le nom de la série tourne un serpentin rouge. Celui-ci pourrait représenter la spirale de l'addiction. Le message de la série serait ainsi symbolisé par plusieurs médiums dès le générique, les différentes images d'addictions puis pour lier toutes ces conduites addictives : le nom de la série et l'animation.
Approche globale sur le dopage : description des produits, de leurs effets et des usagers (00’10 – 03’33)
Le film commence avec des scènes de performances de sportifs dans l’athlétisme, le saut à la perche, la natation, puis des cyclistes qui courent pour prendre leur vélo et pédalent sous les encouragements des spectateurs. Plus que de simples images sportives, le réalisateur choisit de mettre en scène les sports ou le dopage est le plus répandu. L’athlétisme est le sport regroupant le plus de cas de dopages puis vient la musculation et enfin le cyclisme.
Interview de « Frédéric Nordman », en plan épaule, infographie en bord cadre droit, « consultant au centre Monte-Cristo ». Derrière lui se trouve un mur sur lequel sont représentés des athlètes. Il explique les raisons qui sous-tendent l’acte de dopage : « la reconnaissance, l’argent et la peur de perdre ».
Intervient de « Laurent Bocher, chauffeur-livreur, ex-culturiste, 33 ans »infographie en bord cadre droit, plan épaule. Il confie s’être dopé dans sa pratique de la musculation. Il explique cette pratique dopante pour "aller jusqu'au bout, aller jusqu’au top niveau" . Notes de piano en musique de fond, intensification comme pour dramatiser les propos.
Explications du Dr Serge Hefez, médecin et psychiatre, plan épaule. Infographie bord cadre droit, « qu’est-ce que c’est » en lettres capitales sur un ruban grisé. L’écran est divisé en deux, d’un côté apparaît le docteur à droite, et à gauche défilent des images de sportifs ou les produits ou explications évoqués par le docteur. Définition du dopage : « l’utilisation de substances qui augmentent artificiellement les performances physiques ou intellectuelles ». L’émission se centre sur l’usage dans le cadre sportif mais les conduites dopantes peuvent concerner la majorité de la population (voir l’émission « conduites dopantes » de la même série).
Distinction sémantique de la part du présentateur, le dopage peut être avec des produits licites comme la glutamine ou la vitamine E.
Serge Hefez distingue les différents produits dopants. Ceux-ci vont apparaître infographiés à sa gauche dans la seconde partie vide de l’écran à mesure que le présentateur les énonce.
Les stimulants comme les amphétamines et la cocaïne. Les narcotiques, morphine ou méthadone, suppriment la douleur. Les anabolisants accroissent la masse musculaire. Les diurétiques permettent une perte de poids importante. Les hormones de synthèse comme l’EPO peuvent perturber gravement les mécanismes physiologiques de base chez l’être humain.
Études quantitatives, illustrées par des animations pour apporter un poids statistique aux affirmations qualitatives. L’étude française de 1995 sur 2500 jeunes de 12 à 20 ans montre que 2,2 % se sont déjà dopés. Sur 821 élèves pratiquant un sport de compétition, on trouve 20 % dopés régulièrement. L’étude américaine révèle que sur 2200 athlètes universitaires, 6 % des hommes utilisent des anabolisants (surtout pour le football et l’athlétisme).
Le docteur Serge Hefez souligne que la pratique du dopage peut être couverte par le personnel encadrant. Une étude réalisée en 1995 sur 198 athlètes olympiques a révélé que 99% des sportifs interrogés étaient prêts à consommer un produit dopant s’il n’était pas détectable et leur garantissait la victoire. Ils sont interrogés sur la même question mais on les informe que le produit dopant peut avoir des effets secondaires mortels. Plus de la moitié l’ingèrent quand même. Cette étude montre le côté jusqu’au-boutiste des athlètes de haut niveau. Consacrant toute leur vie à la recherche de la performance, ils placent celle-ci en haut de la hiérarchie des priorités au détriment de leur santé personnelle.
Les effets du dopage (03’33 – 06’02)
Interview de l’ex-culturiste. Infographie en bord cadre droit : « effets recherchés » puis plus bas « qu’est-ce que ça fait » en lettre majuscule, sur un ruban gris clair. Il explique que les dopants permettent de devenir plus endurants, de supporter la charge d’entraînement nécessaire à la compétition. Le présentateur insiste sur la temporalité du recours au dopage, le sportif peut être particulièrement tenté notamment en cas de blessure. Interview de Frédéric Nordman. Il confirme la vulnérabilité des sportifs face au produit dopant lors d’une blessure ou chez les plus jeunes lors d’un changement de catégorie qui les placerait dans une prétendue situation d’infériorité. La consommation devient habituelle, une sorte de rituel, c’est l’entrée dans le cycle des dépendances.
Interview de l’ex-culturiste. Infographie en bord cadre droit : « effets psychologiques » puis plus bas « qu’est-ce que ça fait » en lettre majuscule, sur un ruban gris clair. Sans assistance chimique, il se sentait incapable de s’entraîner : « je rentrais en salle et je n’avais plus envie de bosser, je me disais je n’ai pas fait de piqûres donc je n’avancerai à rien ». Infographie en bord cadre droit : « effets physiques » puis plus bas « qu’est-ce que ça fait » en lettre majuscule, sur un ruban gris clair. On rentre dans le quasi-grotesque quand l’ex-culturiste nous confie avoir pris un produit initialement destiné aux chevaux et qu’il ressentait de forts effets secondaires. Le réalisateur fait ressortir le côté décalé de la situation pour montrer jusqu’à quelles extrémités des sportifs évoluant en vase clos sont capables d’aller dans la recherche de la performance.
Le film enchaîne sur le processus de dépendance et les effets indésirables qu’entraînent les produits dopants. Les conséquences de l’EPO sur le corps sont illustrées sur un graphique animé. L’EPO entraîne une augmentation de la production de globules rouges qui sont chargés d’approvisionner les organes en oxygène. La concentration en globule rouge du sang, l'hématocrite augmente. Les tissus respirent mieux et les performances s'accroissent.
Les risques liés aux produits (06’02 – 07’46)
Interview de l’ex-culturiste. Infographie en bord cadre droit : « les risques » en lettres majuscules, sur un ruban gris clair. Son médecin le mettait face à ses responsabilités, sans arrêt immédiat de sa part, c’était la mort annoncée dans 5 ou 10 ans.
Serge Hefez présente les risques liés aux produits dopants. Ceux-ci vont apparaître infographiés à sa gauche dans la seconde partie vide de l’écran à mesure que le présentateur les énonce. Phlébite, diabète, insuffisance rénale. L’EPO peut provoquer thromboses et embolies pulmonaires et cérébrales. Les anabolisants provoquent des problèmes hépatiques, musculaires et cardiaques.
Interview de Frédéric Nordman, filmé en plan épaule. Mis en avant de l’ambivalence des sportifs face au dopage et révélation de certains biais cognitifs. D’après ses dires : si les injections sont réalisées par des médecins, les sportifs ne peuvent imaginer que cela est du dopage. Cependant, en période de compétition, 15 injections par jour, cela semble normal. On peut s’interroger sur le niveau de dépendance d’un individu qui banalise un usage si important de produits toxiques. Stade élevé de toxicomanie avec une perte de la notion de réalité. Un pourcentage important (20 %) des athlètes sombrent dans la drogue dure après avoir eu des conduites dopantes en tant que sportif. Cette progression dans le discours transcende la frontière entre dopage à usage sportif et conduites addictives. L’habitude d’une assistance chimique s’installe dans le quotidien. C’est la même dynamique de consommation qui sous-tend les deux conduites.
Comment arrêter, vers quelles structures se tourner pour obtenir de l’aide (07’46 – 10’17)
Vue en légère contreplongée, petit bureau, centre d’appel. Infographie centrale « Écoute Dopage : 0 800 15 2000 ». 2 psychologues du sport répondent au téléphone, renseignent les usagers et les orientent. Coulisses de la lutte antidopage au niveau étatique.
Interview de « Jean Bilard, docteur en psychologie, responsable du service », infographié bord cadre gauche. La ligne téléphonique a déjà recueilli 22 500 appels. Démontre l’intérêt de la population pour ce sujet. Plan large sur un terrain de handball, joueurs en mouvement. Voix du docteur Jean Bilard en fond. Dispositif de mise en scène qui regroupe tous les acteurs de la chaîne de prévention du dopage. L’état par la voix du docteur Bilard nous parle du besoin d’information des parents inquiets quant à la pratique sportive de leurs enfants qui sont eux-mêmes montrés à l’écran par les joueurs de handball. Ceux-ci ne parlent pas, ne font que jouer, seulement tendu dans l’optique de la performance, ils perdraient dans une certaine mesure leur capacité réflexive et de jugements. Ils seraient ainsi déresponsabilisés face au dopage. Importance de l’encadrement, après institutionnel il devient sportif. Caméra se déporte sur le bord du terrain.
Interview de « Philippe Salas, psychologue du sport », infographié bord cadre gauche. Retour sur la temporalité dans laquelle les conduites dopantes peuvent intervenir et sur l’incidence de la fatigue et des blessures dans le processus dopant.
Interview de « Patrice Canayer, directeur technique Montpellier Handball ». Réencastre le problème du dopage dans un contexte beaucoup plus large. Pus qu’une question de performance le dopage deviendrait symptomatique d’un athlète dont la vie est déséquilibrée sur le plan émotionnel et qui reporte toutes ses attentes sur sa performance sportive. Insiste au contraire sur l’importance d’être épanoui et de « se sentir bien ».
Comment réduire les risques ( 10’17 – 11’06)
Serge Hefez, interview en plan épaule. Évocation des mesures prises pour lutter contre l’EPO dans le cyclisme. Problème de l’interdiction car « elle conduit toujours à une fuite en avant ». La capacité d’adaptation des instances régulatrices aura toujours un temps de retard sur l’utilisation dangereuse de nouvelles substances par des sportifs. Les produits vont apparaître infographiés à sa gauche dans la seconde partie vide de l’écran à mesure que le présentateur les énonce.
Les conséquences judiciaires (11’06 – 11’39)
Au-delà des dangers sur la santé, le film alerte aussi sur les conséquences judiciaires qu’un sportif peut subir en utilisant des produits dopants.
Les délits punissables pénalement :
Il est strictement interdit de refuser de se soumettre à un contrôle antidopage ou de s’y opposer. Tout sportif adoptant cette attitude s’expose à six mois d’emprisonnement et à une amende allant jusqu’à 7500€.
La détention, sans accord médical, d’un produit ou d’une méthode interdite est punissable d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 3750€.
L’incitation au dopage, le trafic de substances dopantes et le fait de prescrire des produits dopants ou d’en administrer à autrui sont punissables de cinq années de prison et d’une amende de 75 000€.
Si la prescription ou l’administration est effectuée sur une personne mineure, la durée de l’emprisonnement sera portée à sept ans et l’amende à 150 000€. Mêmes sanctions pour des délits commis en bande organisée.
Épilogue (11’39 – 12’39)
Interview de l’ex-culturiste. Infographie en bord cadre droit « et après » en lettres majuscules, sur un ruban gris clair. Il bat en brèche le mythe de la chimie toute puissante : « un âne ne fera jamais un cheval de course ». L’assistance chimique apporte donc un faible bénéfice au vu de ses coûts innombrables pour la santé mentale et physique de l’athlète.
Enfin, le réalisateur pose le problème de l’offre et de la demande dans le sport. Le public attend des sportifs des performances et des exploits sans cesse renouvelés. Révolté par les pratiques dopantes, il demande aux athlètes de transcender des records historiques mais s’insurge des moyens détournés auxquels ils peuvent recourir pour y arriver. Remise en question du paradigme du « sport-spectacle », l’afflux d’argent et la pression médiatique poussent les athlètes à des extrémités.
Interrogation sur le rapport de l’Homme à son corps, son envie de marquer l’histoire, son envie de s’élever au-dessus des autres, par tous les moyens possibles.