"Hélas, c'est à cause de nous, les chats"
Arpèges de guitare romantique, un chat court dans les herbes, les images sont baignées de soleil. Le titre apparaît en infographie : 'la toxoplasmose'. Fondu au noir. Une chatte avec son petit, lovés dans un canapé. Elle le lèche à plusieurs reprises. En montage alterné, un homme assis à une table dans un salon. En gros plan, sur une commode, des photos de mariage. En quelques plans est montré la cohabitation sous le même toit d'un couple avec une chatte et son petit. Voix d'enfant associé à un plan du chaton jouant avec sa mère : "Dis pourquoi elle n'est pas là aujourd'hui?" Le "elle" désigne la femme du couple photographié alors qu'il vient de se marier. Voix de femme associée à la chatte qui répond à son petit : elle lui explique que "elle" est chez le médecin pour un examen de la toxoplasmose qu'elle doit passer parce qu'elle est enceinte. Gros plan sur le chaton : "Quoi?" Gros plan sur la mère qui lui répond : "La toxoplasmose, c'est une maladie très courante chez les humains." Ces gros plans accentuent l'intensité du regard des deux bêtes, et renforcent ainsi l'impression que ce sont elles qui parlent. La mère ajoute que la toxoplasmose peut être contractée par les humains sans qu'ils ne s'en rendent compte, "mais ça peut être très grave pour les bébés." Le chaton demandant "comment ça s'attrape", sa mère répond : "hélas, c'est à cause de nous, les chats." Elle ajoute : "nous n'y pouvons rien." L'angle d'approche du film se dévoile ici : les chats déplorent la maladie dont ils sont porteurs, ils ne veulent aucun mal aux humains surtout au moment où ils attendent une nouvelle naissance. Il leur faut dès lors accepter les dispositions que ceux-ci vont prendre pour se protéger, quand bien même il en résulte des mesures d'éloignement. Schéma pour relayer les explications que la mère chatte donne à son petit : les chats transportent un parasite qui s'est installé dans leur intestin au moment où ils ont mangé une proie qui le portait elle-même. Le toxoplasme ne se reproduit que dans le système digestif du chat qui le répand dans son environnement par ses déjections. Il contamine alors des animaux comme les rongeurs, oiseaux, porcs et moutons. "Mais c'est affreux!", réagit le chaton. Regard apparemment empreint d'un sérieux fataliste de la chatte : "la nature est faite comme ça." (02:27)
Dépistage
Le chaton s'inquiète : "Oui, mais elle dans tout ça?" La mère répond que c'est en mangeant que les humains risquent de contracter la toxoplasmose. Retour au film d'animation pour montrer les aliments en question : légumes qui ont touché la terre contaminée, ou alors, viande de porc ou de mouton mal cuits, ou oeufs crus. En montage alterné, le mari s'est installé dans un canapé pour lire un magazine, puis il se lève pour ouvrir la porte. Commentaire du chaton qu'on voit en plan de coupe : "Tiens, la voilà qui rentre!" L'épouse apparaît en effet sur le seuil de la porte ouverte, munie d'un panier à provision. Elle échange un rapide baiser avec son mari qui lui prend le panier. Le plan de coupe sur les chats indique que les plans sur le couple sont subjectifs, épousant le point de vue des animaux installés sur le canapé de la pièce voisine (qu'ils soient dans une autre pièce témoigne d'un biais entre mise à distance et rejet). Le chaton faisant observer à sa mère que la femme n'a "pas l'air malade", celle-ci lui répond que les symptômes de la toxoplasmose sont légers, insuffisamment marqués pour que la personne qui l'a contractée puisse le savoir. "Apparemment, elle ne l'a pas eue, remarque la mère chatte, sinon elle serait déjà venue nous embrasser". Elle explique qu'une femme qui a déjà contracté la toxoplasmose ne court plus de danger quand elle est enceinte. C'est l'examen pré-nuptial qui permet de le savoir, de même pour la rubéole. Le mari et la femme consultant ensemble un courrier qui vient de leur être adressé, on suppose que celui-ci contient les résultats de cet examen. La mère chatte explique que si la femme est enceinte sans s'être mariée, un examen aux premiers temps de la grossesse remplace l'examen pré-nuptial. Gros plan sur la main de la femme qui se pose sur son ventre légèrement rebondi, rappelant la présence du bébé. La mère chatte précise que c'est lui qui est exposé aux dangers de la toxoplasmose, plus particulièrement dans la période entre 2,5 mois et 6 mois de grossesse. Il pourrait alors en mourir, ou bien "son cerveau et ses yeux en seraient définitivement abimés". Le chaton se mobilise : "il faut faire quelque chose!" Sa mère le rassure : la prise de sang mensuelle permet de détecter la toxoplasmose avant qu'elle ne s'installe. (05:30)
Précautions
La mère chatte rappelle que la femme enceinte, pour se prémunir contre la maladie, doit préparer, parmi les denrées qu'elle a achetées, celles qui sont susceptibles de la lui transmettre. Elle nettoie soigneusement les légumes et fruits, elle cuit les morceaux de viandes et se lave les mains une fois chaque opération faite (nous la voyons le faire à l'image). Plan en plongée pour montrer le chaton qui veut rejoindre la cuisine. Après intervention de la mère, qui lui rappelle que les chats ne doivent pas approcher de la femme enceinte, passage du même plan à l'envers pour montrer le chaton qui recule (le choix de ce procédé artificialise le parcours à rebours du chat, comme un repentir filmique qui indique que le contenu de ce plan est proscrit). "Pendant quelques temps, il ne faudra pas lui en vouloir si elle nous évite", ajoute la mère chatte philosophe (et solidaire en tant que mère). Elle remarque que la litière étant restée dans la cuisine, il faut la mettre à distance. Elle propose que ce soit le mari qui accomplisse cette tâche plutôt que "de ronfler devant la télé" : le mari s'exécute à l'image, comme si il avait perçu son injonction. Il ajoute dans le fond de la cuvette du désinfectant à même de tuer les toxoplasmes. Le chaton se plaignant de la situation, sa mère lui répond : "Tu es injuste, nous l'obligeons à prendre des précautions dont elle se serait bien passée!" Elle énumère ces précautions : éviter de jardiner pour ne pas toucher la terre, se laver les mains "je ne sais combien de fois par jour", ne pas manger de steak tartare, brochettes ou viande saignante. Elle conclut : "C'est si mignon un bébé en pleine santé, ça vaut bien quelques sacrifices!" Dernier plan sur le chaton lové dans le creux de la main du futur papa. Carton avec texte blanc sur fond noir, dont certains passages sont mis en orange : "Si on décèle la toxoplasmose au cours de la grossesse, on peut déterminer si elle a été transmise au foetus. Par prélèvement de sang du foetus sous contrôle échographique, le diagnostic est relativement facile. Peu d'enfants sont atteints mais cela permet d'éviter de nombreux avortements injustifiés."