Générique sur fond d'une image de Saturne, puis d'un bâtiment (celui de la maternité?). Carton sur fond noir : "To Mary, wife of John Brown a son".
Métaphore animale
Nouveau carton sur fond noir : "Nous commençons là où la plupart des films finissent". Allusion à la conclusion classique des récits de fiction : "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Dans un parc, un jeune homme rejoint une jeune femme qui s'est assise sur un banc. La jeune femme sourit, le jeune homme lui prend les mains. Gros plan sur fond noir d'une main d'homme qui passe une bague au doigt d'une main de femme. Une métaphore animale s'ensuit : d'abord une tête de cheval noir, puis une tête de cheval blanc, les deux chevaux réunis dans le champ se caressent mutuellement le cou, le plan s'élargit et l'on voit un poulain qui se tient auprès du cheval noir. La métaphore se décline avec les moutons. Enfin, le récit revient aux hommes et femmes, avec un plan de femme qui serre contre elle un bébé enveloppé dans une couverture. (01:12)
Accouchement à domicile dans un quartier populaire
Fondu au noir, nouveau carton : "le travail des infirmières à domicile du district." Panoramique vertical puis horizontal sur une demeure victorienne filmée en plan d'ensemble. Un plan rapproché permet de lire le panneau affiché au-dessus de sa grille d'enceinte : "Maternité de la reine Charlotte : bâtiment des soins ambulatoires, District n¨°4" avec les jours et horaires d'ouverture. Carton sur fond noir : "une maison dans un quartier qui a connu des meilleurs jours". Une jeune femme est suivie par la caméra en train de descendre le perron d'un immeuble, puis de courir dans la rue pour se rendre dans la maternité. Elle présente un papier à l'infirmière qui l'a accueillie. Deux autres infirmières sortent du bâtiment et se rendent à bicyclette dans le bâtiment d'où était sortie la jeune femme. Nous comprenons qu'un accouchement va avoir lieu et qu'elles sont sage-femmes. Un médecin les rejoint, que l'une des deux sage-femmes a joint par téléphone depuis une cabine de rue. Sur le perron qu'ils gravissent, quatre enfants attendent. Le médecin et l'une des deux sage-femmes se concertent. Carton : "C'est une situation compliquée, pouvez-vous joindre le Dr. Jones à Hartley Street?" Plan de rue où une automobile se fraie un chemin parmi des passants qui s'attroupent pour la voir. La venue de ce véhicule dans un quartier populaire reste un spectacle. C'est aussi la signature de la présence du médecin : son métier lui donne les moyens d'en posséder une. Raccord avec l'intérieur de l'appartement où le médecin et les sage femmes ont été conduits. La vaisselle rangée sur les étagères montre que le logis est tenu avec soin. Porte fermée, que le Dr. Jones ouvre et referme derrière lui, plan de réveil, nouveau plan de la porte fermée, plan montrant les frères et soeurs qui attendent sur le perron, nouveau plan du réveil qui indique que trente cinq minutes se sont écoulées. Nous comprenons que l'accouchement a lieu. Raccord avec un bébé qui pleure. Apparition de la sage-femme dans l'intervalle entre le chambranle et la porte qu'elle vient d'ouvrir. Carton : "C'est un garçon!" De nouveau la porte s'ouvre, le Dr. John sort en fermant la manchette de sa chemise. Il est suivi par l'autre médecin et une des deux sage femmes. Les deux médecins sur le perron du bâtiment se fraient un passage parmi les mômes réunis auxquels ils n'adressent pas un mot. Ceux-ci rejoignent la sage-femme qui les attend sur le seuil pour aller voir le nouveau-né. (06:15)
L'accueil à l'hôpital : un point de vue subjectif
Carton : "Quand elle est conseillée par le médecin, la mère accouche à l'hôpital". Une sage-femme accueille une femme qui arrive à la maternité, soutenue par une autre femme. Elles prennent l'ascenceur. Carton : "salle de travail par le regard de la patiente". Intéressante séquence en plan subjectif qui montre tour à tour le lit d'accouchement (filmé en travelling avant, comme si la patiente s'en approchait pour se coucher dessus), les équipements de la salle, puis les visages de la sage-femme et du médecin en contreplongée qui regardent attentivement vers la caméra (en fait, en direction du visage de la parturiente). Plan sur des flacons, l'un d'eux est étiqueté "éther", la main du chirurgien actionne un robinet qui active l'écoulement de l'éther dans un tuyau relié à un inhalateur. Gros plan en contreplongée sur l'embouchure de l'inhalateur dirigée vers la caméra, c'est-à-dire vers la parturiente, gros plan sur le visage du médecin qui la fixe. La mise au point change, le visage devient flou, puis l'étalonnage passe au négatif, puis noir. Ici, ce n'est pas un accident de développement de la pellicule ni de collage du film qui sont intervenus. Cette séquence emprunte au cinéma expérimental pour pousser la logique de son intention : la personne vit l'accueil, l'installation dans le bloc, l'examen et le passage en anesthésie ; le film incarne ces différentes étapes en restituant la perception optique qu'elle en a eues. Ce choix de réalisation étonnant vise à sensibiliser le personnel médical qui regarde le public à l'expérience que vit le patient qui se confie à ses soins. (08:24)
'Socialiser' le discours sur la maternité
Une jeune femme dans un lit d'hôpital avec un bébé dans ses bras. Ils sont filmés en plan rapproché. Elle sourit. Carton : "on ne refuse pas l'admission aux mères non mariées". L'approche politique du film se précise : après avoir insisté sur l'expérience de la parturiente pour obliger à prendre en compte son point de vue, il met en jeu les différentes situations privées dans lesquelles elle est susceptible de se trouver. L'intention est de "socialiser" le discours sur la maternité. Nouveau carton : "L'hôpital de Queen Charlotte se soucie de la santé des mères comme celle des bébés." Séquence en montage parallèle d'une femme qui vient d'accoucher et de plusieurs bébés qui dorment, s'agitent ou pleurent. La femme sourit, elle aussi. Vues sur des enfants en bas âge entrain de faire leurs premiers pas ou de tester leur équilibre. Nous voyons en arrière plan des murs de briques, un sol couvert de gravats : c'est l'aire d'apprentissage qui leur est dévolu. Le film s'ancre décidément dans le milieu ouvrier. (09:39)
Les trois manières de lutter contre la fièvre puerpérale
Carton : "Certains ne sont pas aussi chanceux". Montage parallèle qui alterne des vues de pierres tombales dans un cimetière avec celle d'un cadran et d'un balancier de pendule. L'heure indiquée par le second cadran, comparée à l'heure indiquée par le premier, suggère l'idée que deux heures se sont écoulées. Carton : "En Angleterre, toutes les deux heures, une femme meurt en couches". Nouveau carton : "La cause la plus importante" Des points de suspension devraient suivre, la phrase n'étant pas finie. Plan d'une main qui présente une culture. Carton : "le streptocoque hémolytique est la cause principale des fièvres puerpérales." Les cartons suivants indiquent le nombre croissant de femmes qui en sont victimes en Grande-Bretagne : 1109 en 1926 ; 1184 en 1928 ; 1243 en 1930. Un nouveau carton introduit les trois manières de changer "cette situation intolérable". Un autre les dénombre : " des soins prénatals appropriés / un enseignement approfondi des sage-femmes et des étudiants / la recherche". Un autre carton énonce la première manière qui va être explicitée, les soins prénatals tels qu'ils sont appliqués à la maternité du district de Queen Charlotte. Gros plan sur un panneau dans une rue indiquant : "Protection de l'enfance - Raymede". Dans une grande salle, des femmes sont rassemblées en grand nombre. Panoramique sur leurs visages souriants. L'une d'elle ajuste son chapeau cloche. Un carton indique qu'elles vont voir successivement un aumônier et une soeur. Illustration par quelques plans, les visages sont toujours souriants, les futures mères sont à l'aise d'être bien accueillies. Prise de sang et examen au stéthoscope par une femme médecin. La séquence suivante concerne le personnel médical. Nous voyons un médecin s'adresser à une assemblée de personnes vêtues de blouses et qui portent une coiffe. Vue en plongée, une démonstration d'examen de nourrisson. Toujours en plongée, démonstration par une sage-femme sur la façon de manier le nourrisson, cette fois représenté par un mannequin. La sage-femme confie le mannequin à une étudiante qui s'en empare et exécute les gestes qu'elle vient d'apprendre. Une maladresse, le mannequin est lâché. Vue en plongée sur le mannequin gisant sur le sol en mosaïque, dont la posture et l'apparence humaine laissent imaginer qu'il pourrait s'agit d'un être humain ainsi mis en danger. Le film s'interrompt ici.