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« Le baiser qui tue » : différence entre les versions
De MedFilm PPRD
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'''Fatale tentation'''<br> | '''Fatale tentation'''<br> | ||
La conjonction "cependant" par laquelle commence la phrase du nouveau carton indique une bascule dans le récit. Autre élément qui annonce la tragédie en cours : Anne-Marie ayant consulté une voyante lui annonce qu'elle va affronter "un drame". Comme Anne-Marie lui en demande la nature, pensant à un naufrage, la voyante lui décoche un coup d'oeil égrillard. Sur les cartes qu'elle a tirées chemine une mouche, signe de saleté et de putréfaction. Anne-Marie devine le danger auquel elle est explosée : son visage inquiet alterne avec ceux de prostituées montrées en surimpression de vues sur des villes portuaires. Le dernier plan, consistant en un fondu entre un gros plan sur un visage de femme et une crâne humain, figure au tout début du film comme le descriptif l'a précisé. Succession stroboscopique entre le plan du crâne et le visage angoissé d'Anne-Marie. Carton qui résume sa situation d'impuissance : "Et désormais, Anne-Marie ne vécut plus que par les lettres de l'absent et dans l'espoir de son retour". La tragédie prend aussitôt forme. Le Goff, assis dans un estaminet portuaire, entreprend d'écrire à sa fiancée. Au dehors, le racolage de la prostitution est montré par des allers et venues de jambes gaînées de soie, bientôt rattrapées par des jambes de pantalon blanc de marin. Dans l'établissement, une femme s'installe derrière une table et allume un cigare. Carton : "La fille - Mme Jeanne Lusardi". Son regard croise celui de Le Goff, elle lui adresse un sourire enjôleur et un hochement de tête significatif. Excédé de désir, irrité de l'être, Le Goff va auprès d'elle et lui arrache son cigare d'un geste violent. Une fois qu'il est revenu à sa table, la "fille" va le voir, s'assoit à ses côtés pour lui caresser la tête. Il se laisse faire avec un sourire gêné de petit garçon, fondu au noir enchaînée avec des vues de voiliers à quai pour signifier une ellipse. Au plan suivant, ils s'embrassent, au plan d'après, Le Goff, ivre, lâche un billet sur la table alors que la serveuse et la "fille" échangent des regards complices. La séquence qui suit, montrant l'équipage à nouveau réuni sur le pont, plongé dans l'écoute de l'accordéon que joue l'un de ses membres, est celle des regrets et des remords. Regrets pour les autres hommes qui pensent aux plaisirs auxquels ils ont été arrachés. Gros plans sur leurs visages à l'expression mélancolique, alternant avec des vues sur la mer fendue par le navire. Cartons d'une poésie torride empruntée à "L'étal" d'Emile Verhaeren (''Les villes tentaculaires'', Paris, 1920, p.168) : "La vague éveille en eux des images qui brûlent", "les baisers mous du vent sur leur torse circulent..." Encore cette métaphore marine du désir qui harasse la conscience. Le Goff, lui, est en proie au remords en repensant au plaisir dans lequel il s'est jeté malgré la ligne de conduite qu'il s'était édictée. Comme il lui est demandé de jouer autre chose, le marin à l'accordéon se lance dans une chanson égrillarde sur une "fille à marins". Le refrain "sa jar'tière n'tenait pas" fait l'objet d'un travail graphique sur les cartons qui entrecoupent une séquence montrant une jeune femme dansant avec frénésie. Un autre marin se joint à lui avec une batterie. Comme ils jouent ensemble avec entrain, des scènes montrant des danseuses de cabaret se superposent à des vues des flots marins fendus par le navire. La séquence interjette des plans montrant un auditoire composé de jeunes hommes que la frustration et le mal du pays ont rendu mélancoliques, le front fiévreux et l'expression pensive. Ils se répètent de loin en loin dans la séquence qui se conclut par la reprise des deux cartons de citation de Verhaeren. Par sa durée (plus de quatre minutes - 37:24 > 41:41), et sa composition esthétique soignée, ce passage insiste sur l'épreuve que la vie en mer leur fait endurer. <br> | La conjonction "cependant" par laquelle commence la phrase du nouveau carton indique une bascule dans le récit. Autre élément qui annonce la tragédie en cours : Anne-Marie ayant consulté une voyante lui annonce qu'elle va affronter "un drame". Comme Anne-Marie lui en demande la nature, pensant à un naufrage, la voyante lui décoche un coup d'oeil égrillard. Sur les cartes qu'elle a tirées chemine une mouche, signe de saleté et de putréfaction. Anne-Marie devine le danger auquel elle est explosée : son visage inquiet alterne avec ceux de prostituées montrées en surimpression de vues sur des villes portuaires. Le dernier plan, consistant en un fondu entre un gros plan sur un visage de femme et une crâne humain, figure au tout début du film comme le descriptif l'a précisé. Succession stroboscopique entre le plan du crâne et le visage angoissé d'Anne-Marie. Carton qui résume sa situation d'impuissance : "Et désormais, Anne-Marie ne vécut plus que par les lettres de l'absent et dans l'espoir de son retour". La tragédie prend aussitôt forme. Le Goff, assis dans un estaminet portuaire, entreprend d'écrire à sa fiancée. Au dehors, le racolage de la prostitution est montré par des allers et venues de jambes gaînées de soie, bientôt rattrapées par des jambes de pantalon blanc de marin. Dans l'établissement, une femme s'installe derrière une table et allume un cigare. Carton : "La fille - Mme Jeanne Lusardi". Son regard croise celui de Le Goff, elle lui adresse un sourire enjôleur et un hochement de tête significatif. Excédé de désir, irrité de l'être, Le Goff va auprès d'elle et lui arrache son cigare d'un geste violent. Une fois qu'il est revenu à sa table, la "fille" va le voir, s'assoit à ses côtés pour lui caresser la tête. Il se laisse faire avec un sourire gêné de petit garçon, fondu au noir enchaînée avec des vues de voiliers à quai pour signifier une ellipse. Au plan suivant, ils s'embrassent, au plan d'après, Le Goff, ivre, lâche un billet sur la table alors que la serveuse et la "fille" échangent des regards complices. (36:46)<br> | ||
'''Frustration et mélancolie : la vie à bord''' <br> | |||
La séquence qui suit, montrant l'équipage à nouveau réuni sur le pont, plongé dans l'écoute de l'accordéon que joue l'un de ses membres, est celle des regrets et des remords. Regrets pour les autres hommes qui pensent aux plaisirs auxquels ils ont été arrachés. Gros plans sur leurs visages à l'expression mélancolique, alternant avec des vues sur la mer fendue par le navire. Cartons d'une poésie torride empruntée à "L'étal" d'Emile Verhaeren (''Les villes tentaculaires'', Paris, 1920, p.168) : "La vague éveille en eux des images qui brûlent", "les baisers mous du vent sur leur torse circulent..." Encore cette métaphore marine du désir qui harasse la conscience. Le Goff, lui, est en proie au remords en repensant au plaisir dans lequel il s'est jeté malgré la ligne de conduite qu'il s'était édictée. Comme il lui est demandé de jouer autre chose, le marin à l'accordéon se lance dans une chanson égrillarde sur une "fille à marins". Le refrain "sa jar'tière n'tenait pas" fait l'objet d'un travail graphique sur les cartons qui entrecoupent une séquence montrant une jeune femme dansant avec frénésie. Un autre marin se joint à lui avec une batterie. Comme ils jouent ensemble avec entrain, des scènes montrant des danseuses de cabaret se superposent à des vues des flots marins fendus par le navire. La séquence interjette des plans montrant un auditoire composé de jeunes hommes que la frustration et le mal du pays ont rendu mélancoliques, le front fiévreux et l'expression pensive. Ils se répètent de loin en loin dans la séquence qui se conclut par la reprise des deux cartons de citation de Verhaeren. Par sa durée (plus de quatre minutes - 37:24 > 41:41), et sa composition esthétique soignée, ce passage insiste sur l'épreuve que la vie en mer leur fait endurer. <br> | |||
'''"Tempête sous un crâne"'''<br> | '''"Tempête sous un crâne"'''<br> | ||
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'''"C'est un cauchemar!"'''<br> | '''"C'est un cauchemar!"'''<br> | ||
Ici commence une longue séquence décrivant le rêve que fait Le Goff suite à sa lecture édifiante. Il imagine qu'il refuse les soins médicaux, et les conséquences funestes de son geste. Un collègue avec lequel il s'entretient dans un bar lui recommande de ne pas consulter de médecin afin d'être certain que la nouvelle de sa maladie ne s'ébruite pas parmi le voisinage d'Anne-Marie, et de s'en remettre à un charlatan auquel il a eu lui-même recours. Il lui fournit les coordonnées du soignant occulte. Revenu chez lui, Le Goff se marie avec Anne-Marie et s'engage dans un thonier, renonçant ainsi à la carrière militaire. Ses visites au bistrot se font de plus en plus fréquentes alors que son épouse, devenue enceinte, se plaint de fièvre et de maux de gorge. Le regard mélancolique, elle commence à déboutonner son corsage pour lui montrer les marques qu'elle a découvert sur sa poitrine. Le Goff prétexte alors l'obligation de "retourner à bord" pour la quitter aussitôt. Mais dans l'établissement, ses visions se substituent au spectacle qu'il a cherché à fuir de son épouse atteinte par la maladie qu'il lui a communiqué. Les pièces de monnaie qu'il aligne sur la table où il s'est installé deviennent les lésions d'une peau syphilitique, un poulpe s'agite sous le plateau où il a posé son verre. Quittant l'estaminet où il s'est conduit comme un ivrogne, il erre le long de la mer pour ne pas rentrer chez lui. Carton : "Il prit son foyer, il prit son travail, et lui-même en haine". La conduite inconséquente de Le Goff l'amène à détruire les valeurs qu'il s'était données : droiture, fidélité, dignité, responsabilité, ascencion par le travail. Nouvelle scène pathétique d'enivrement forcené dans l'estaminet. Un carton explique qu'il a choisi l'alcool comme refuge contre "les affres du remords et l'angoisse de l'avenir". | Ici commence une longue séquence décrivant le rêve que fait Le Goff suite à sa lecture édifiante. Il imagine qu'il refuse les soins médicaux, et les conséquences funestes de son geste. Un collègue avec lequel il s'entretient dans un bar lui recommande de ne pas consulter de médecin afin d'être certain que la nouvelle de sa maladie ne s'ébruite pas parmi le voisinage d'Anne-Marie, et de s'en remettre à un charlatan auquel il a eu lui-même recours. Il lui fournit les coordonnées du soignant occulte. Revenu chez lui, Le Goff se marie avec Anne-Marie et s'engage dans un thonier, renonçant ainsi à la carrière militaire. Ses visites au bistrot se font de plus en plus fréquentes alors que son épouse, devenue enceinte, se plaint de fièvre et de maux de gorge. Le regard mélancolique, elle commence à déboutonner son corsage pour lui montrer les marques qu'elle a découvert sur sa poitrine. Le Goff prétexte alors l'obligation de "retourner à bord" pour la quitter aussitôt. Mais dans l'établissement, ses visions se substituent au spectacle qu'il a cherché à fuir de son épouse atteinte par la maladie qu'il lui a communiqué. Les pièces de monnaie qu'il aligne sur la table où il s'est installé deviennent les lésions d'une peau syphilitique, un poulpe s'agite sous le plateau où il a posé son verre. Quittant l'estaminet où il s'est conduit comme un ivrogne, il erre le long de la mer pour ne pas rentrer chez lui. Carton : "Il prit son foyer, il prit son travail, et lui-même en haine". La conduite inconséquente de Le Goff l'amène à détruire les valeurs qu'il s'était données : droiture, fidélité, dignité, responsabilité, ascencion par le travail. Nouvelle scène pathétique d'enivrement forcené dans l'estaminet. Un carton explique qu'il a choisi l'alcool comme refuge contre "les affres du remords et l'angoisse de l'avenir". Irruption de la mère d'Anne-Marie, elle s'adresse à lui en levant les yeux au ciel. Le Goff l'écoute avec irritation. Elle lui apprend que l'enfant est né. "Est-ce qu'il vit?" "- Bien sûr qu'il vit, imbécile!" Il quitte sa table avec réticence et sort avec une démarche d'ivrogne. Anne-Marie, alitée, est très faible. Elle lui tend les bras quand il vient auprès d'elle, mais il reste à distance. "Yves! Mon petit Yves", sourire de madone et regard sans lumière alors qu'il s'est enfin agenouillé à son chevet. Il va prendre le nouveau-né dans son berceau et l'apporte à sa mère. Un carton prévient : "Courte joie, quelques temps plus tard..." Le Goff, Anne-Marie, et un homme qu'on devine être un médecin, penchés tous les trois sur le landau. Leurs visages sont préoccupés. Gros plan sur le bébé dont les jambes sont parcourues de loisirs. | ||
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Version du 1 septembre 2025 à 12:24
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Titre :
Le baiser qui tue
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
77 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :
Générique principal
Contenus
Sujet
Genre dominant
Résumé
Contexte
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Non.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Non.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Communications et événements associés au film
Public
Audience
Descriptif libre
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet

