Le cadre et l'organisation de l'institution
Le film débute par une série de cartons indiquant au spectateur le nom de l’institution de tutelle des ateliers ambulants – la « Direction Générale de l’Enseignement Technique » - et la composition de ceux-ci : « deux instructeurs, un menuisier-charron et un forgeron spécialiste agricole. Plan panoramique. Par une route serpentant dans une large vallée, deux camions des ateliers arrivent à Venosc.
Nouveau carton. Le village est présenté comme un « très joli coin » à la belle saison mais avec des hivers « longs et rudes ». Plan général. Le village à flanc de coteau. Plan d’ensemble. Une ruelle du village. Les maisons semblent délabrées, ce qui laisse l’impression d’un village déshérité. Plan rapproché taille et plan fixe. Deux hommes se sont arrêtés devant une affiche signée par le maire du village et le directeur de l’École et annonçant des « séances de travaux pratiques de bricolage ». Retour au plan d’ensemble, ils en discutent tout en descendant la ruelle. [02’58]
L'enrôlement
Nouveau plan d’ensemble. Du matériel est déchargé de l’un des camions par les formateurs des ateliers aidés par les habitants. Autres plans d’ensemble. Les deux hommes vus précédemment continuent à s’entretenir de ces ateliers. L’un tire l’autre par le bras pour l’y emmener mais celui-ci refuse. Il est sceptique quant à l’utilité de l’entreprise et lui reproche sa dimension intrusive. Apprenant son absence à « la conférence de dimanche » - ce qui indique une réelle entreprise de communication et de valorisation de l’événement – son ami le désapprouve et, désireux « d’apprendre à faire ses petites réparations », l’invite à venir avec lui. Accompagné d’un autre homme, le maire insiste à son tour auprès de l’homme réticent – Paul – qui « se décide à faire un essai ». Tous descendent alors l’escalier menant à la partie basse du village.[04’39]
Mises en scène de la transmission
Plan d’ensemble. Ils rejoignent devant un abri des hommes s’exerçant à des travaux de ferronnerie. Un formateur ou superviseur de l’École montre à Paul comment s’y prendre avant de lui laisser la place pour qu’il s’y essaie lui-même. Les gestes techniques peuvent être observés de près avec une vraie prise en compte de la transmission et des techniques du corps (Mauss) mises en œuvre.
Autre plan d’ensemble. Accompagné de leur instituteur, les « élèves de l’École primaire » regardent les hommes (probablement leurs pères), s’appliquer dans leur apprentissage. Plan américain. « Après quelques jours », Paul prend lui-même en main son ouvrage et, à coup de marteau, « répare ses outils ». Plan rapproché poitrine. L’application dans l’exécution du travail que la caméra cherche à lire sur son visage traduit une volonté de glorifier le paysan montagnard et le caractère immuable du monde rural qu’il est censé incarner. [06’36]
Plans moyens. Les séquences suivantes se concentrent sur des activités particulières: la menuiserie pour la fabrication d’une « table à toilette » afin d’améliorer le confort personnel ou d’un traîneau pour l’hiver, la bourrellerie pour la confection de pièces d'attelage. Les formateurs de L’École observent et n’hésitent pas à intervenir pour corriger les erreurs.
Plan d’ensemble dans le même lieu qu’à la séquence précédente. Après le départ des « Camions-Ateliers », l’instruction se poursuit sous la houlette de « l’artisan du village ». Alors que deux hommes scient et rabotent à l’arrière-plan, celui-ci prend le rabot d’un jeune garçon et lui montre comment il faut s’y prendre. Image classique de la transmission du savoir du maître à son apprenti. Le carton suivant indique qu’il commence à renouveler son outillage. Plan moyen et plan rapproché taille. Il travaille lui-même à la forge dont il a fait l’acquisition. À l’aide d’une pince, il chauffe une pièce de métal.[08’31]
Le goût de bien faire
Autre plan moyen. « Paul a pris le goût du bricolage » et est en plein travail de rabotage lorsque son ami vient le voir et, le voyant extrêmement satisfait de la formation puisqu’il a continué à progresser, lui rappelle leur conversation du début. Plan américain. Paul confectionne des « jouets dérivés », un travail qui permet de passer l’hiver comme l’indique le carton précédant la scène. Plan général. Le village de Venosc. Grâce à leur formation, les villageois sauront employer utilement leur temps durant l’hiver et pourront donc y rester. Un carton avec la signature de Jean Benoît-Lévy conclut le film. [09’58]