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Le baiser qui tue (1927)

De MedFilm PPRD



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Titre :
Le baiser qui tue
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
77 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Anne-Marie Keradec (Mlle Claude HAROLD) / Yves Le Goff. (Georges OLTRAMARE)

Contenus

Sujet

Genre dominant

Résumé

"Le cauchemar d’un jeune marin au long cours qui, s’étant contaminé de la syphilis auprès d’une prostituée, imagine en rêve sa déchéance future ainsi que celles de sa femme et de son nouveau-né. Véritable ange tutélaire, le médecin du bord (interprété par le scénariste, le Dr Malachowski) lui prescrit à son réveil un traitement drastique..."

Contexte

La maladie et sa prise en charge

Affection microbienne contagieuse, la syphilis a pour agent le tréponème pâle et se transmet par les rapports sexuels. Son évolution se fait en trois phases successives : le stade primaire au bout de trois semaines avec l’apparition d’un chancre et de ganglions non douloureux, le stade secondaire entre six semaines et trois ans avec des lésions cutanées, le stade tertiaire avec une dégradation générale de l’organisme puis du système nerveux.

Cependant les évolutions médicales pour la soigner sont de plus en plus perfectionnées. L'intervention des pouvoirs publics par la surveillance sanitaire des marins, des soldats et des prostituées, ainsi que l'introduction de nouvelles thérapeutiques comme l'iodure de potassium, et ceux de l'hygiène, font sensiblement reculer toutes les maladies vénériennes entre le milieu du siècle et 1880. Dès 1905, les Allemands Fritz Richard Schaudinn et Paul Erich Hoffmann découvrent l'agent de la syphilis, un spirille nommé "tréponèm pâle". La même année, Wassermann met au point un séro-diagnostic qui permet d'identifier la maladie dès ses premiers stades. Pour le mettre en évidence, ils emploient le le microscope à fond noir mis au point par Siedentopf et Zsigmondy en 1903. En 1909, Jean Comandon mobilise ce même microscope pour réaliser dans l'Hôpital Saint-Louis des prises de vue micro-cinématographiques du même spirille.

En 1910, Paul Ehrlich et Sahachiro Hatta découvrent l'arsphénamine ou '606' (le produit sera commercialisé sous le nom de Salvarsan). Viendront le '914' ou Néo-Salvarsan puis le '910' ou Stovarsol. Les numéros correspondent à ceux des dossiers dans l'ordre des expérimentations animales. En 1921, Ernest Fourneau, met au point un dérivé de l'arsenic à l'institut Pasteur : le Stovarsol. Ce dérivé est plus stable et se prend par voie orale. En 1934 le principe actif du Salvarsan, découvert en 1920 par Carl Voegtlin et Homer Smith, est introduit par le traitement de la syphilis sous le nom de Mapharsen. L'arrivée des traitements par sulfamides puis par antibiotiques a donné l'espoir de pouvoir éradiquer, sinon toutes, du moins les plus graves des MST, et jusque vers 1965, la diminution continue des nouvelles contaminations l'a laissé espérer.

L'organisation de l'information et de la prévention publique

Par le décret du 27 janvier 1920, Millerand crée le ministère de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale, à la suite d'une pétition déposée à la Chambre des députés le 27 février 1919 par les associations de lutte contre les fléaux sociaux et les groupes parlementaires qui les représentent. La création de ce nouveau département résulte de la juxtaposition des services du ministère de l'Intérieur, notamment ceux de l'assistance et de l'hygiène, et de ceux du ministère de la Santé, et les services du ministère du Travail, en particulier ceux de la mutualité et de la prévoyance. Mais le ministère de l'Hygiène est peu doté et le ministère du Travail s'oppose au projet et refuse de débloquer les fonds nécessaires. Lorsque, en 1924, le ministère de l'Assistance, de l'Hygiène et de la Prévoyance sociale disparaît et est absorbé par le ministère du Travail, il n'y a plus de place pour le projet. Justin Godard, radical-socialiste déjà engagé dans la lutte contre les fléaux sociaux et M. Gunn de la Fondation Rockefeller élaborent un projet d'Office destiné à coordonner les activités des services d'hygiène et de santé publique. Le 4 décembre 1924, l'Office national d'Hygiène sociale est créé, sous la direction de Jules Brisac, ancien directeur de l'hygiène au ministère de l'Intérieur. Il marque l'institutionnalisation bureaucratique des fléaux sociaux, sous l'influence américaine, puisque les trois quarts du budget du nouvel Office sont consacrés à la lutte contre les maladies infectieuses. Les trois quarts du budget du nouvel Office sont d'origine américaine suite à l'implication de la Mission Rockfeller. Ce n'est que quatre ans plus tard que le budget français dépasse celui de la fondation philanthropique. L'objectif de l'Office était de "rassembler et mettre à jour la documentation sur la situation sanitaire de la France, " en inventoriant les documents relatifs à l'hygiène, aux maladies sociales et à leur prophylaxie ; d'assurer la coordination des efforts entre les pouvoirs publics et les organismes sociaux " Plusieurs services sont créés : Études techniques, Enquêtes départementales, Documentation et statistiques. Enquêtes, documentation et statistiques départementales. Les principales associations y sont représentées : la CNDT, la Ligue contre le péril vénérien, la Ligue nationale contre l'alcoolisme, le Comité national de l'Enfance, la Ligue contre le cancer... Mais la crise économique et les restrictions ont conduit à la suppression de l'Office le 4 avril 1934.

Syphilis et cinéma

Tout le temps où la syphilis s'est imposée comme fléau social, Le problème des médecins demeure l'ignorance de la population devant la menace qu'elle représente. Les campagnes d'information ne parviennent pas à la sensibiliser de façon déterminante. D'où le recours de plus en plus fréquent au cinéma : ce médium attire les foules et présente un réel potentiel pédagogique en présentant des agencements de vues réelles, de schémas animés et d'images microcinématographiques. Le Dr André Cavaillon, responsable au Ministère de l'Hygiène publique, spécialisé dans la prévention du péril vénérien, en est convaincu. Le film Il était une fois trois amis lui paraît exemplaire à ce titre, par l'efficacité de son exposé et son choix de la fiction pour le présenter : "Ce n'est pas uniquement le genre documentaire qui doit uniquement instruire le public. Il faut faire en sorte que le public soit presque inconscient qu'il est en train d'assister à un film d'instruction. Quoique des films dramatiques de ce type soient difficiles à faire, ils peuvent être faits, comme le prouve l'expérience (ainsi Il était une fois trois amis, œuvre du Dr Devraigne, chef de la maternité Laribosière, et de Benoit-Lévy.)" (Dr André Cavaillon, Le cinéma et les campagnes contre les maladies vénériennes).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

circuit des salles d'exploitants

Communications et événements associés au film

Public

tout public

Audience

Descriptif libre

Ouverture sur un fondu enchaîné dans un raccord axial montrant la substitution d'un crâne humain au visage d'une femme fardée. Ce plan inaugural est remontré plus loin dans le film. C'est le seul qui ne s'insère pas dans la chronologie des événements que le film raconte. Il est emblématique dans le sens où il condense le message général de celui-ci : la tentation sexuelle (visage fardé) expose à une maladie mortelle (crâne humain).

Scène d'exposition : le port, les amoureux, les pêcheurs, les marins

Carton "Sur la côte bretonne", panoramique vertical puis horizontal pour montrer un bassin portuaire avec des barques arrimées, et des habitations qui s'élèvent derrière. Des villageoises font la lessive, plan moyen sur l'une d'elles, carton : "la plus jolie fille de tout le pays...". Première manifestation de cette tendance du film à expliquer en toutes lettres ce qui devrait être mis en scène (par un dialogue entre villageois à son sujet, par ex.). Gros plan sur son visage souriant, affichant douceur et sérénité. Carton : "Anne-Marie Keradec - Melle Claude Harod". Raccord sur un homme qui grimpe les barreaux de l'échelle pratiquée dans le bloc du quai. Le public comprend que c'est son apparition qui suscite le sourire de Marie (difficile à justifier, l'homme n'étant pas à portée de vue de celle-ci). L'homme s'est hissé sur la jetée, il referme ses deux poings sur son garde-corps en considérant l'horizon. Carton : "Yves Le Goff - Georges Oltramare". Un carton plus loin indique que les pêcheurs comme lui sont cent mille en France et les trois quarts sont bretons. Quelques vues sur des barques à voiles maniées par des pêcheurs depuis la berge. Carton : "C'est à eux que la marine doit ses équipages". Vues sur un défilé de marins dans une cour de caserne, avec ces cartons laudatifs : "troupe admirable" et "l'une des meilleures qui soient au monde". Le Goff étant appelé dans la suite du film à servir dans la marine de combat, celui-ci indique que son parcours est représentatif des évolutions professionnelles qui prédominent dans son milieu. (02:40)

Le Goff corrige son rival

Allongé dans l'herbe, un enfant vêtu en marin, muni d'une longue vue qu'il pointe vers l'horizon. Carton : "le petit Pierre - Fabien Frachat". En contrechamp avec fermeture à l'iris, une barque qui avance. Plan de coupe sur Anne-Marie qui lui sourit pendant qu'elle continue la lessive : elle lui a demandé de guetter l'arrivée de son amoureux. "Il a trois amis : la mer, Yves Le Goff, Anne-Marie...". Encore le choix de mettre en mots ce qui devrait être montré, comme s'il fallait économiser la mise en scène des sentiments. Sur le quai, deux hommes adossés à un mur. Le visage de l'un d'eux affiche une expression hostile. Carton: "Kéméan - Pierre Chanot". Quand Le Goff passe devant lui, il adresse un hochement de tête significatif à son compagnon pour le prendre à témoin. Gros plan sur Le Goff : il pense que ce signe de connivence le met en cause. Il revient sur ses pas, demande des comptes à Kéméan. Cartons : "De qui parles-tu?" "D'une fille qui n'est pas pour toi." "Nomme-la!" Alternance de gros plans de l'un et de l'autre, le visage de Kéméan affichant de plus en plus l'appréhension qui le travaille à mesure que celui de Le Goff apparaît plus résolu dans sa colère. Plans de coupe sur les autres pêcheurs alertés, qui cessent leurs activités pour aller assister à l'embrouille qui s'amorce. Quand ils en viennent aux mains, Pierre pévient Anne-Marie qui emprunte sa longue vue pour suivre son évolution. Succession de plans de coupe (que des faux raccords) pour montrer les pêcheurs qui environnent les combattants, certains assistant à la scène. Une fois que Le Goff a maîtrisé son adversaire, d'un geste élégant il le prend dans ses bras et le jette à l'eau. Humiliation du vaincu qui doit nager jusqu'à la prochaine barque. "Il est au jus" commente Pierre, ravi. Sourire du vainqueur. Anne-Marie exulte. En l'aidant à porter le baquet à lessive, Pierre vante les mérites de Le Goff pour l'inviter à ouvrir son coeur. Le Goff les croise sur le chemin. Un filet de pêche pèse sur son épaule, sa victoire ne l'a pas distrait des tâches qui lui incombent. Il a le sourire modeste quand Pierre lui rappelle son récent exploit. Son expression change, ses traits se contractent, son regard fixe intensément le corsage d'Anne-marie, montré en contrechamp en gros plan. Désir d'elle, frustration d'une vie sans femme, les deux à la fois? Gênée, troublée, elle se reboutonne d'un geste vif et lui demande, avec un air préoccupé : "C'est donc vrai que tu pars demain au service?" "C'est vrai, pour deux ans!" Succession de champ et contrechamp mettant en jeu les visages d'un homme et une femme qui, en silence, s'avouent leur attirance mutuelle et expriment leur désarroi devant l'échéance imminente d'un départ en mer qui va les désunir. (08:20)

Insomnie et houle marine : le désir qui lie les amants

Le Goff continuant son chemin vers son logis, une maison au toit de chaume qui surplombe la mer, les cartons révèlent que c'est son ambition sociale qui l'a déterminé pour le grand départ : il veut entrer dans la marine militaire pour s'élever. "Mais ce soir là...", le visage d'Anne-Marie apparaît en surimpression de l'onde marine sur laquelle il s'apprête à voguer pendant son long voyage. Cette image mentale témoigne du dilemme qui le saisit. Pierre passant près de la maison, il lui demande d'aller de sa part dire à Anne Marie : "Rien!.." Avec un sourire entendu, Pierre lui répond qu'il va "faire votre commission". Anne-Marie dans la maison de sa famille, dîne avec sa mère - carton : "La mère d'Anne-Marie - Mme Thérèse Reigner". Elle lui dit que le père de Kéméan lui a appris que celui-ci voulait épouser sa fille, elle-même le considère comme un beau parti, deux inserts montrant tour à tour un navire à voiles et un logis à la couverture neuve. Sourire caustique d'Anne-marie : elle ne veut pas de lui. La mère réagit par une expression de désarroi. Pierre survenant pour rapporter à Anne-Marie le message personnel de Le Goff, il l'amène à lui confier l'amour qu'elle-même éprouve pour le pêcheur. Pierre, ici, joue le rôle habituellement dévolu aux servantes dans les pièces du XVIIe siècle : en plus d'être entremetteur, il joue le rôle du sage qui pousse les amants à assumer leurs mutuelle attirance. La séquence qui suit met en scène la passion charnelle qui les unit. C'est la nuit, Anne-Marie, en proie à son désir, se tourne et se retourne sans son lit. En montage parallèle, des plans de la houle marine qui symbolise l'onde érotique qui la traverse. Cette séquence annonce celle qui met en scène, dans L'Atalante que Jean Vigo réalise en 1934, Dita Parlo dans le rôle de la jeune Juliette, jeune femme séparée de son mari marinier. Renonçant à dormir, obéissant à sa pulsion, refusant de se résigner à la fatalité de la séparation, elle se lève pour rejoindre Le Goff que l'on voit apparaître en montage parallèle, préparant son sac. Gros plan sur le genou d'Anne-Marie qu'elle gaine d'un bas noir. Elle s'extrait discrètement de sa maison, chemine dans la nuit jusqu'à la porte de Le Goff. Quand elle lui apparaît, joli montage en staccato de Le Goff exalté, montré alternativement en plan moyen et gros plan. Il s'approche d'Anne-marie, ils s'embrassent dans une commune étreinte. Par ce passage explicite, Le baiser qui tue montre comment l'amour charnel saisit les corps et détermine les parcours. (15:36)


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