Man Alive! s'inscrit dans un référentiel multiple. Il fait partie de la catégorie des cartoons, films d'animation américains qui trouvent leur origine dans l'adaptation de bandes dessinées dès les années 1910 et ont pour caractéristiques l'exagération des situations, un rythme rapide, voire haletant, le recours à l'humour et le refus de la complexité psychologique des personnages. Produit en 1952, Man Alive! arrive à la fin de l'âge d'or du cartoon (milieu des années 1930-milieu des années 1950).
Le message de prévention transmis par ce film n'est pas neuf. On le retrouve dans la plupart des autres films commandés par l'American Cancer Society (nécessité d'être attentif aux "signaux d'alerte du cancer", de consulter son médecin régulièrement et de ne pas se fier aux charlatans) mais le choix du format du cartoon avec le recours délibéré et constant à l'humour à la fois graphique et linguistique qu'il implique permet d'attirer l'attention du spectateur et de l'informer de façon attrayante et sans risquer de l'ennuyer. Il est difficile d'évaluer comment ce film a pu être reçu par le public. On peut par exemple légitimement se demander si certains spectateurs ne se sont pas sentis infantilisés et offusqués qu'on s'adresse à eux sur le mode du cartoon. Néanmoins, il faut noter que le fait d'avoir commandé ce film à UPA, studio connu pour avoir renouvelé l’esthétique du film d'animation (principalement en opposition au travail des studios Disney) a permis d'éliminer de Man Alive! certaines caractéristiques des dessins animés typiquement enfantins : il n'y a dans ce film ni pléthore de formes douces et arrondies, ni animaux ou objets anthropomorphes.
Par ailleurs, le parallèle que dresse le film entre les différentes façons dont le héros traite ses problèmes mécaniques (il les ignore, essaie de les résoudre lui-même, fait appel à un charlatan ou se rend chez un garagiste qui a pignon sur rue) et ses soucis d'indigestion récurrente (il commence par les ignorer, essaie de se soigner tout seul, est tenté par une visite chez un charlatan puis finit par consulter un médecin diplômé) rappelle d'autres analogies entre corps humain et voiture mis en scène dans des films sanitaires antérieurs (exemple : La Machine humaine enseignée par la machine automobile de Jean Benoit-Levy, 1930). De même, pour expliquer le concept de signaux d'alerte du cancer, le commentaire a recours à une analogie avec le fonctionnement d'un moteur. À cet égard, ce film donne un élément de témoignage important sur la culture de son époque et notamment sur la place qu'occupe la voiture dans la société américaine des années 1950. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les premiers instants du film où la voix off exalte les bienfaits d'une "excursion dans la nature calme, reposante et majestueuse" (the great out-of-doors, restful, calm, majestic) alors qu'on voit à l'image une route encombrée de voitures dans les deux sens.
Enfin, le magazine que le héros lit dans la salle d'attente est LIFE Magazine, hebdomadaire de photojournalisme très connu et élément "réaliste" qui contribue à faire d'Ed Parmalee un personnage auquel le spectateur pourra peut-être facilement s'identifier.
Musique : Dans une interview par téléphone enregistrée le 13 juin 1987 et partiellement diffusée sur WNIB (une station de radio de Chicago) en 1989, 1994 et 1999, le compositeur de musique classique Benjamin Lees expliquait qu'au début de sa carrière (il avait 28 ans quand il a composé la musique de Man Alive!), il avait travaillé de temps en temps pour un "merveilleux studio d'animation qui produisait notamment Mr Magoo" (il s'agit d'UPA) et essayait "d'élever cette discipline en faisant appel à des compositeurs de symphonie". (Une copie de l’enregistrement de cet interview se trouve dans les Archives of Contemporary Music, Northwestern University.)