Panoramique en plongée sur un village qui n'est pas nommé : des maisons anciennes, voire de vieilles masures, un jardin potager enceint de restes de fortifications. Une femme à la fenêtre bat un tapis, une voiture de service municipal démarre. Une voix de femme lit le générique (intéressant de noter que Le mépris, qui comporte également un générique lu et non écrit, date de la même année 1963). En plans plus rapprochés, scènes de tâches quotidiennes dans la rue. Un homme dispose une pancarte d'annonce de presse devant un tabac-journaux, une femme prépare un étal de poissonnier, un autre homme dispose des caisses de légumes sur le trottoir. Commentaire lu par une voix masculine au ton lugubre : "Comme chaque jour, le danger rôde dans la ville. Personne ne semble en avoir conscience". Cette intervention change le regard sur les plans qui succèdent, qui continuent pourtant de décrire des gestes banals de travailleurs : découpe de viande par un boucher, découpe de pain chez le boulanger. Les mains sont placées trop près de la lame, celle-ci les manque de peu. Le geste précis peut devenir une maladresse qui cause une blessure. Le commentaire : "La menace s'insinue habilement dans le quotidien, elle s'éparpille afin de la rendre difficilement décelable." Au marché, une mère de famille pose ses emplettes sur le tablier du landau "au risque d'étouffer le bébé". Deux femmes en pleine discussion traversent le trafic en prêtant à peine attention au trafic. Un outil mal fixé au mur d'une façade de boutique manque de tomber sur un enfant. "trop de balustrades ne sont que prétexte à décoration" : à la fenêtre d'une maison, une petite fille se faufile dans l'espace qui sépare la balustrade du bas de l'ouverture. Autres dangers de la vie à la fenêtre : s'y pencher trop pour laver ses carreaux, bavarder en essuyant des couverts au-dessus du vide. Quand la caméra suit la chute d'une fourchette dans le caniveau, une voix de femme commente les incidents provoqués par les médicaments que les enfants confondent avec des bonbons. Un enfant avec une épuisette s'approche d'une mare." Les points d'eau sont ce que l'aimant est aux aiguilles. Mis en présence, ils deviennent inséparables. Veillons à ce que ne cela soit pas pour l'éternité." Pendant cette dernière phrase, panoramique vertical qui joint le gazon du jardin au ciel par-dessus les toits. (05:05)
Sortie d'école, de nombreux enfants traversent ensemble la chaussée alors qu'un gendarme dirige le trafic. Le commentaire continue avec son ton ironique qui suggère que c'est la menace, personnifiée, qui a pris la parole : "Sur qui se fixer? N'importe lequel de ces enfants fera l'affaire".