"- Ça fait du bien par où que ça passe!.. - Par où que ça passe, dites-vous?.."

Joel Danet, 08 avril 2025

La prévention contre l'alcool pour le jeune public

Tu bois quelque chose?, film CNDP, 1979, 01:02

Comment sensibiliser contre l'alcool, qui intoxique et rend dangereux? Deux options sont envisagées : faire peur ou faire réfléchir. Dans les années cinquante, alors que de nouvelles campagnes s'organisent, les pouvoirs publics décident de "ne pas utiliser le sentiment de la peur", rompant ainsi avec la propagande sanitaire de la première moitié du XXe s. Faire réfléchir, mais à quoi? Aux méfaits de l'alcool sur la santé et sur l'entourage, à son image ambivalente, à l'industrie qui profite de sa consommation. Les programmes télévisuels éducatifs qui se succèdent sur le sujet emploient différents biais pour initier une prise de conscience.

L'interpellation directe : Á votre santé (1954) de Pierre Thévenard montre deux hommes prenant l'apéritif au comptoir. L'un des deux claque de la langue et s'exclame : "Ça fait du bien par où que ça passe!" Le commentaire du film intervient : "-Par où que ça passe, dites-vous?" S'ensuit une séquence en schéma animé qui explique les atteintes à l'organisme d'une consommation d'alcool répétée.

La saynète édifiante : dans Tu bois quelque chose? (1979), un jeune garçon qui revient de l'école rencontre sur son trajet des affiches qui tantôt promeuvent l'alcool, tantôt préviennent contre ses nuisances. En rentrant chez lui, il voit ses parents et leurs amis s'adonner au rituel de l'apéritif : rires trop forts, gestes qui dérapent, regards qui s'attardent sur le vide.

L'analyse des images : tout le film Dérapages (1984) est une entreprise de déconstruction du langage publicitaire et des artifices culturels pour valoriser l'image de soi par la consommation d'alcool. Affiches, vignettes de BD, plans de films sont diagnostiqués comme éléments de discours qui génèrent un imaginaire glamour et viril dont l'alcool est un fondement.