Le cauchemar de la syphilis
En montage parallèle, sur une musique doucereuse et romantique, alternance de plans d'une jeune femme élancée en maillot de bain qui évolue dans l'eau avec des plans de coupe montrant un homme adulte aux gestes hagards et qui annone et des bébés vagissant sur fond noir. La séquence vise à faire se contraster vivement l'incarnation de l'épanouissement physique avec des représentations cliniques de corps en souffrance. Commentaire : "Ces enfants ne seront jamais des êtres humains beaux, sains et complets." Il précise la cause de ces malformations : la syphilis. Le mot apparaît en lettres angulaires et déformées, d'une typographie qui rappelle celle des intertitres dans le film expressionniste Le cabinet du Dr. Caligari. La réalisation emploie délibérément les ressorts cinématographiques du fantastique pour happer l'attention du public : interjections de visions terrifiantes, déformation du dessin ordinaire des lettres.
La responsabilité de l'Ancien régime et des étrangers
Gros plan sur des pages imprimées que tourne une main visible en amorce. Le commentaire indique que ce sont les dossiers médicaux concernant des personnes appartenant à des types sociaux très divers. Il s'agit de rappeler que toute la société "pré-révolutionnaire" est exposée à la menace vénérienne: "un étudiant, un noble, un huissier..." Dans la bade son, une musique foraine : là encore, la réalisation emploie un ressort émotionnel du genre expressionniste, qui consiste à associer une musique festive à un contenu grave pour rendre la scène sinistre. Portraits de cour pour mettre en cause la famille royale. Le commentaire rappelle que la syphilis "venait surtout des bordels", type de lieux dont la culture monarchique favorisait l'existence. Photographies cliniques de malades. Le commentaire ajoute que la présence étrangère pendant la Première Guerre Mondiale a aggravé la situation. Comme s'il s'agissait d'un vieux souvenir, il précise que "certaines manifestations de la syphilis ne se trouvent plus que dans les manuels aujourd'hui", comme si les mesures prises par le pouvoir soviétique (éradication de la prostitution, mise en place d'un réseau d'institutions médicales et promotion de l'éducation sanitaire) avaient suffi à juguler l'expansion du fléau. "Mais, ajoute le commentaire, la communauté médicale est de nouveau confrontée à cet ennemi presque oublié." (04:04)
Description clinique
En séquence parallèle, images microcinématographiques montrant des spirochètes en alternance avec des plans d'une laborantine les observant au microscope. Le commentaire précise, et assume, que le "tréponème pénètre dans le corps surtout par voie sexuelle". Sur des images de jeunes femmes posant de manière romantique, le calendrier de la maladie : intervention du stade primaire au bout de 6 à 8 semaines, du stade secondaire au bout de 2 à 4 ans, du stade tertiaire "plus tard". GP de parties génitales masculines et féminines atteintes par le chancre, photographies de torses et de mains marquées par une éruption "vésiculeuse ou pustuleuse". Les parties anatomiques concernées sont montrées sur fond noir pour accentuer le didactisme des plans. Vue sur une nuque d'homme à la chevelure rare : "Chaque médecin devrait savoir qu'une alopécie nécessite un test de Wassermann. Le traitement est nécessaire pour ôter l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la personne qui a contracté la maladie. De nouveau, apparition de céroplasties montrant un fessier, une aine, un visage blessés. Le plan sur le visage passe au noir et blanc pour lui faire prendre l'apparence d'une photographie clinique. "Lorsqu'ils sont localisés sur les muqueuses, les ulcères de la syphilis tertiaire entraînent une destruction profonde et étendue des tissus mous et du système squelettique. (12:37)