Une pièce de salon vue à hauteur d'enfant
Pendant le générique, musique de fanfare sur l'air de la comptine "Ah vous dirais-je maman". Plongée sur un salon avec ses meubles, cheminée tapis et miroir. "L'intérieur le pus familier n'a pas pour tout le monde une figure si rassurante. peut-être aurions-nous du mal à reconnaître, et en tout cas avons-nous perdu de vue ces images inhabituelles". En gros plan, contreplongée, le dessous d'un plateau de table ou un assortiment de pots, seau et chiffons cadré de manière décentrée, ou le dessous d'une chaise de tapissier... dézoom sur une chaise qui montre un enfant qui se tient à son siège. Il regarde la caméra avec une expression interrogative. "Le petit enfant de treize mois qui commence à circuler découvre le monde sous un aspect dont le souvenir nous échappe. Pour comprendre des idées qui souvent nous semblent bizarres, nous devrions nous mettre à quatre pattes et essayer de voir le dessous des choses". Le film invite à reconsidérer depuis l'enfant (dont la silhouette est montrée en surimpression sur les plans qui suivent) les objets usuels qui ne retiennent plus l'attention des adultes. Revenant sur l'assortiment de récipients, la caméra opère un pano vertical qui révèle qu'ils ont été rangés en dessous d'un évier en émail. "Nous oublions que e dessus de l'évier n'en est qu'une partie". Même procédé avec le dessous de la table qu'un pano vertical relie à son dessus : l'enfant connaît bien cette surface de bois brut avec son appareil de chevilles, "alors qu'il soupçonne à peine le napperon et le vernis". Le commentaire rappelle qu'un enfant approche l'espace d'un appartement depuis une hauteur de 70cms environ "à moins qu'un incident technique, assez fréquent, ne le ramène un peu plus bas". Lancé hors champ, un ballon roule sur le sol de la pièce, faisant chuter l'enfant montré en silhouette dessinée. Le commentaire poursuit son idée sur un gros plan de lames de parquet : le rapport des adultes aux objets se fait à hauteur d'étagère alors que celui de l'enfant se poursuit à même le sol et trouve son bien au gré "des richesses de balayage". Le commentaire poursuit sur le plan de l'enfant s'emparant d'une pelote de laine : "L'hygiène et l'ordre sont des mots, et les mots n'existent pas encore. Il n'y a que des objets." L'enfant a dévidé la pelote de laine avec l'aide du chat.(04:09)
L'univers du sol
Magnifique panoramique à ras le sol du salon découvrant successivement le fond d'une poubelle, le câblage électrique rangé contre la plinthe du mur, un fagot de buchettes pour la cheminée, ses chenets, un porte-parapluies... "Tout ce qui nous encombre, que nous trouvons trop laid ou trop sale, nous le mettons à portée de l'enfant : c'est tout ce qu'il ne doit pas toucher. " Le commentaire ajoute que la présence des adultes met au niveau des enfants "des choses menaçantes" comme un pédalier de bicyclette à l'arrêt qu'anime le pied de la femme qui l'a enfourché. "Les gens et leurs accessoires font à un certain niveau le plus étrange des carrousels".
La scène de marché qui suit rappelle que la disposition de la chalandise est prévue à l'échelle adulte. Alors que l'adulte fait son choix à l'étalage des fruits et légumes, l'enfant resté dans le landau doit se contenter des fruits pourris jetés sur le sol, des poubelles aménagées au pied des tréteaux, du chien qui y cherche pitance... Travelling sur la chaussée : le sommet des pavés est montré en gros plan, saturant le champ, unique spectacle offert à l'enfant que l'on promène au point qu'il pourrait compter les granules minérales dans les interstices du pavage. Des tremblements de caméra rappelle les cahots provoqué par le roulement du landau sur cette surface inégale. "Le confort d'être en voiture, la façon dont les choses qui vous rentrent dans les yeux, l'expérience et le souvenir de la promenade ne sont pas tout à fait ce que pense le grand piéton." (05:46)
Un adulte vient extraire l'enfant du landau et le prend dans ses bras.