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"On nous demande pourquoi nous n'adaptons pas plutôt les enfants à l'usine"
Joel Danet, 30 juillet 2024
L'expérience de Bonneuil, école et hôpital de jour
Le réalisateur Guy Seligmann a suivi cette aventure éducative et thérapeutique pendant plus de cinq ans, se rendant régulièrement à Bonneuil, participant aux ateliers qui y étaient mis en place, suivant ensuite les enfants accueillis en zone rural. De cette expérience, il aboutit deux longs métrages documentaires, d'abord montrés au cinéma, diffusés ensuite à la télévision : Vivre à Bonneuil (1974), Secrète enfance (1977). Ces films sensibles et intensément politiques consistent en des portraits d'enfants pris en charge traversés de restitution de séances de groupes de paroles impliquant les soignants et les parents, d'entretiens avec des psychiatres, de reportages sur un chantier de maison en construction ou dans un atelier de peinture sur tissu, ou encore pendant une séance d'équeutage de porcelets.
Bien sûr, Vivre à Bonneuil comme son complément Secrète enfance sont profondément marqués par la personnalité étonnante, déroutante, stimulante des jeunes personnes qui sont pris en charge, auxquels Guy Seligmann donne la parole et qu'il montre en liberté dans la rue, sur les chemins de campagnes, dans les locaux d'ateliers ou les cuisines collectives où ils évoluent, tantôt rétifs à la tâche, tantôt passionnés par le travail qui leur est confié. Mais ces deux documentaires sont aussi un espace d'expression pour des parents en souffrance et des psychiatres critiques de l'institution hospitalière. Surtout, par de nombreuses interventions sous forme d'entretiens ou pendant des réunions, ils donnent à Maud Mannoni la latitude pour expliquer l'esprit dans lequel elle déploie son action. Par la chronique d'un établissement pédiatrique, à la fois école et hôpital de jour, une mise à nu des ressorts morbides de la société française contemporaine.

